VANDAMME, Dominique-Joseph-René, comte d’Unsebourg (1770-1830), chef d’une brigade de la sûreté de la police secrète

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VANDAMME, Dominique-Joseph-René, comte d’Unsebourg (1770-1830), chef d’une brigade de la sûreté de la police secrète
Dominique-Joseph-René Vandamme,
gravure d'Edme Bovinet d'après Vautier
© Fondation Napoléon

Dominique Vandamme est né à Cassel (Nord) le 5 novembre 1770. Fils de chirurgien, il entre à 15 ans à l’école militaire du maréchal de Biron après s’être fait remarquer au collège pour son intelligence et un caractère d’une vivacité qui le rendait rebelle à la discipline. En 1788, il est incorporé au régiment colonial de la Martinique. Il est nommé caporal la même année, sergent en 1789 et revient en France le 19 juin 1790. Il obtient son congé mais, dès 1791, il s’engage comme soldat au 24e de ligne. Le général de La Bourdonnais, avec lequel sa famille était liée, se rend compte de ses qualités militaires et le charge de recruter et d’organiser une compagnie de chasseurs volontaires qui prend le nom de chasseurs du Mont-Cassel et est ensuite incorporée dans la 14e demi-brigade légère qui, en 1795, devient la 1ere demi-brigade légère. Il se signale à Hondschoote à la tête de ses chasseurs et est promu général de brigade le 27 septembre 1793. Le 29 octobre de la même année, il échoue devant Furnes, ce qui lui vaut d’être mis en disponibilité. Dès le 1er novembre, il est à nouveau mis à la tête d’une brigade, puis commande par intérim la division Moreau. Malgré les services rendus, Vandamme, à qui son caractère bouillant attirait des ennemis, est dénoncé et tombe en disgrâce. Remis en activité, il est envoyé à l’armée du Rhin-et-Moselle, à la division Duhesme du corps Gouvion Saint-Cyr (décembre 1795). Pendant l’année 1796, Vandamme se trouve au combat d’Epstein (10 juin), à la bataille de Neresheim (11 août) et à celle de Biberach (20 octobre). Cependant, les fatigues de la guerre avaient influé sur sa robuste santé, à tel point qu’il se voit dans la nécessité de solliciter du général Desaix, son divisionnaire, et de Moreau, commandant en chef, un congé pour aller se reposer. Au début d’avril 1797, il rejoint sa brigade et commande l’avant-garde de l’armée Moreau au passage du Rhin, en face de Diersheim. Ces brillantes actions ne lui vaudront qu’ingratitude. Il cherche alors à entrer en relation avec Bonaparte. Le 5 février 1799, il est promu général de division à 29 ans. Il prend d’abord le commandement de la division d’avant-garde de l’armée du Danube sous Jourdan. Le 25 mars, il contribue au gain de la bataille de Stockach, puis, le 10 avril, il descend sur Bâle où il passe sous les ordres de Masséna. Il est alors accusé de concussion et d’avoir levé à son profit des contributions dans les pays occupés par sa division. Après avoir été rappelé à Paris par le Directoire pour fournir des éclaircissements, il est reconnu non coupable. En 1799, il reçoit l’ordre de rejoindre l’armée de Batavie du général Brune, où il se signale encore. En février 1800. il est appelé à l’armée du Rhin sous Lecourbe : il participe aux batailles de Stockach, d’Engen, de Moskirch, puis est envoyé à l’armée de Grisons, sous Macdonald. En 1803, le Premier Consul lui fait remettre des pistolets d’honneur; l’année suivante, l’Empereur lui remet la croix de grand officier de la Légion d’honneur.

En septembre 1805, il commande une division du 4e corps (Soult) de la Grande Armée. Il est l’un des premiers engagés à Donauwerth. Sa brillante participation à Austerlitz, à la gauche du corps de Soult, lui vaut la dignité de grand-aigle de la Légion d’honneur. Il fait la campagne de 1806 à la tête d’une division de Ney, avant d’être envoyé auprès du roi Jérôme. En 1808, il est créé comte d’Unsebourg et reçoit le commandement du camp de Boulogne (il aura sous ses ordres le général Sarrazin qui désertera peu après). En mars 1809, il reçoit le commandement du 8e corps de la Grande Armée qui se distinguera à Abensberg (19-20 avril 1809) et à Eckmühl (21 et 22 avril). À son retour à Boulogne, il a une aventure qui le fait mettre vingt-quatre heures aux arrêts par l’Empereur : il s’empare, estimant qu’elle lui revenait de droit, de la maison du maire de Boulogne. Le maire étant venu se plaindre, Napoléon lui répondra : « Si j’avais deux Vandamme. j’en ferais fusiller un, mais je n’en ai qu’un et je le garde pour moi ! »

En 1812, il est mis à la tête du 8e corps westphalien du roi Jérôme, frère de Napoléon. Les deux hommes sont de caractère trop dissemblable pour que des frictions ne se présentent pas et le 3 juillet 1812. Au comble de l’exaspération. Jérôme relève le général de son commandement avec l’assentiment de l’Empereur, prévenu contre lui à la suite des nombreuses déprédations commises par les Westphaliens. Il reste sans emploi jusqu’en 1813 où il prend le commandement du 1er corps (divisions Mouton-Duvernet, Philippon, Dumonceau). Le 26 août, il s’empare de Pirna, mais le 30, il subit la défaite de Kulm dont la responsabilité ne peut pas vraiment lui être attribuée : il n’a fait que suivre des ordres stricts de Napoléon et surtout pensait devoir être soutenu par Gouvion Saint-Cyr et Mortier. Il n’en est pas moins vrai que le bâton de maréchal qui lui a été refusé jusque-là à cause de ses manières brusques et cassantes et de son caractère ombrageux s’éloigne définitivement à cette occasion. Il est fait prisonnier et conduit en Russie où, selon Marbot, une scène assez théâtrale se passe : « Le grand-duc Constantin lui arrache lui-même son épée. Vandamme, indigné de ce procédé, s’écrie : « Mon épée est facile à prendre ici, il eût été plus noble de venir la chercher sur le champ de bataille, mais il paraît que vous n’aimez que les trophées qui ne vous coûtent pas cher! » En entendant ces paroles, l’empereur Alexandre, furieux, ordonne d’arrêter Vandamme auquel il donne les épithètes de pillard et de brigand ! Vandamme répond en regardant fièrement Alexandre en face :  »Je ne suis ni pillard ni brigand, mais, dans tous les cas, mes contemporains et l’histoire ne me reprocheront pas d’avoir trempé mes mains dans le sang de mon père ! » » Emmené à Moscou, puis à Wiazma, il ne reviendra en France qu’en juillet 1814. En 1815, il participe à l’aventure des Cent-Jours et fera à nouveau preuve de son caractère détestable : il n’accepte pas d’être placé sous les ordres de Grouchy; il estime avoir plus de droits que lui au maréchalat et montrera son mécontentement en faisant preuve d’un mauvais esprit notoire. Après la défaite, il est expulsé et se retire aux États-Unis, mais peut revenir en France en 1819. Il meurt le 15 juillet 1830 à Cassel.

Source
Dictionnaire Napoléon, éditions Fayard, 1999, notice : Jacques Garnier
Avec l’aimable autorisation des éditions Fayard

Bibliographie
Casse (A. de), Le Général Vandamme et sa correspondance, Paris, 1870.

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