Paris, 15 novembre 1852.
Lorsque vous m’avez écrit qu’il n’y avait aucune chance de faire accepter par Abbas-Pacha l’idée du percement de l’isthme de Suez, j’ai communiqué mon projet à un financier de mes amis, M. Benoît Fould, qui devait s’associer à une opération ayant pour but de créer, à Constantinople, un Crédit mobilier. Il a été frappé de la grandeur de l’entreprise et de l’avantage qu’il y aurait à comprendre, parmi les concessions à demander à la Turquie, le privilège de l’exécution du canal de Suez.
Le négociateur envoyé à Constantinople rencontra des difficultés qui firent renoncer au projet. Un des arguments qui lui furent opposés était l’impossibilité de prendre l’initiative d’un travail à exécuter en Égypte, où le vice-roi avait seul la faculté de l’entreprendre.
Dans cette situation, je laisse dormir mon mémoire sur le percement de l’isthme, et, en attendant des temps plus propices, je m’occuperai d’agriculture et de la construction d’une ferme modèle, dans une propriété que vient d’acquérir ma belle-mère, madame Delamalle.