Colloque Napoléon III, 19-20 mai 2008 : les résumés

Auteur(s) : FONDATION NAPOLÉON
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1ère session : La Jeunesse

Louis-Napoléon et sa place dans le Premier Empire (Thierry Lentz)
Quel était la place de Louis Napoléon dans l'organisation impériale découlant des statuts de 1806 ?
 
L'influence de la Suisse dans la formation militaire de Napoléon III. Rapports et correspondance entre Louis-Napoléon Bonaparte et le colonel Guillaume-Henri Dufour, 1829-1849 (Dominic Pedrazzini)
L'une des personnalités suisses qui a le plus marqué le prince Louis-Napoléon fut sans doute Guillaume Henri Dufour (1787-1875). Recommandé par des amis genevois à la reine Hortense, le futur général et membre fondateur de la Croix-Rouge, fut pressenti en qualité de précepteur du jeune prince. Sorti de Polytechnique, capitaine de génie sous l'Empire, admirateur de Napoléon Ier, ingénieur et cartographe, le colonel Dufour se voue à l'organisation militaire de son pays. Louis-Napoléon suivra les cours de son école d'officiers et, citoyen suisse dès 1832,  deviendra capitaine dans l'artillerie bernoise. D'importantes décisions, plusieurs publications furent le fruit d'une étroite collaboration. Leur correspondance confirme l'amitié sincère, la complicité même qui lient le général au futur empereur. Les principes inculqués au prince le guideront toute sa vie non seulement au plan militaire mais dans sa propre conception du monde.
 
Louis-Napoléon  Bonaparte et la question de son affiliation aux Carbonari (Angelica Zucconi)
Si l'affiliation de Louis-Napoléon et de son frère Napoléon-Louis à la Carboneria italienne apparaît certaine, il faut cependant distinguer à quel degré d'initiation les deux princes furent admis, et à quel groupe des carbonari ils adhérèrent. En décembre 1830, Louis-Napoléon fut en en tous cas le centre d'une conspiration carbonara, de suite avortée, qui projetait de renverser le gouvernement pontifical. En outre, à la fin février 1831, les deux frères s'unirent aux rebelles qui, pour quelques temps, soulevèrent les États du Pape. Leur engagement est le signe d'un rapprochement entre le bonapartisme renaissant et les aspirations des sociétés secrètes italiennes, sur un projet commun ayant pour but l'unité de l'Italie sous un gouvernement constitutionnel et avec à sa tête un seul souverain.
 
Louis-Napoléon, un conspirateur toujours à l'oeuvre : en Italie, en France et sur le trône (Jean Étévenaux)

2ème session : De la République à l’Empire

L'écrivain (Sudhir Hazareesingh)
Quelles étaient les idées politiques de Louis Napoléon avant son avènement au pouvoir en 1848, et que nous révèlent ses écrits (à la fois publics et privés) de la gestation de sa culture politique bonapartiste ? Trois éléments seront développés : premièrement, le rôle fondateur des années de jeunesse du Prince à Arenenberg, et sa recherche d'une identité distincte au sein d'une tradition napoléonienne écrasée par le poids de son fondateur ; deuxièmement, le dialogue constant avec le passé impérial, qu'il s'agit de défendre mais aussi de repenser ; et enfin, son assimilation et ses emprunts aux traditions politiques des années 1830 et 1840 (saint simonisme, socialisme, républicanisme). Malgré les variations du discours louis-napoléonien, un élément reste prépondérant dans ses écrits : sa confiance absolu dans l'étoile napoléonienne, qui guide sa propre démarche et incarne sa vision optimiste de l'avenir de la France.

Le candidat aux législatives et à la présidentielle (Thierry Choffat)
Lorsque la Révolution de février 1848 renverse Louis-Philippe, le prétendant bonapartiste vit en exil à Londres. L'homme ne dispose ni d'un parti, ni de partisans, ni même de ressources financières importantes. Pourtant, quelques mois plus tard, le 10 décembre 1848, il est triomphalement élu président de la République par plus de 5 millions de Français et près de 75% des électeurs.
Entre-temps, Louis-Napoléon était revenu d'exil, s'était fait élire représentant du peuple à l'Assemblée par quatre départements en juin, avait démissionné et avait été réélu par cinq départements en septembre : la Seine, la Corse, l'Yonne, la Charente-Inférieure et la Moselle…
Une année chargée d'aventures et de rebondissements électoraux.
L'activisme du prince Louis Napoléon Bonaparte, la réactivation d'anciens réseaux, le développement de la propagande bonapartiste, le nom de Napoléon utilisé comme argument électoral, le soutien du Parti de l'Ordre et l'impact du candidat napoléonide auprès des paysans et des ouvriers assura sa victoire face au général Cavaignac soutenu par les républicains.
 
L'exercice de la présidence (Benoît Yvert)
 
Le coup d'État (Claude Vigoureux)

3ème session : L’Empereur

Les idées et la pratique constitutionnelle (Francis Choisel)
A la suite d'Emile Ollivier, on continue à qualifier d'Empire autoritaire les premières années du règne. Probablement conviendrait-il plutôt de parler d'empire vrai. En effet, l'évolution libérale, qui aurait dû représenter le couronnement de l'édifice constitutionnel, a finalement consisté en un reniement progressif des fondements bonapartistes du régime, conduisant à un empire semi-parlementaire d'essence orléaniste. La nature de cette évolution doit d'autant plus retenir notre attention que les innovations de 1852 abandonnées en 1869 et 1870 sont pour la plupart des pratiques aujourd'hui admises et que, symétriquement, nombre des procédures parlementaires restaurées entre 1860 et 1870 sont considérées depuis comme des vices de la Troisième et de la Quatrième républiques que la Cinquième a corrigés.
 
Napoléon III et la famille impériale (Emmanuelle Papot)
Lorsqu'il accède au pouvoir en 1848 en devenant président de la République puis en rétablissant l'Empire trois ans plus tard, Louis-Napoléon Bonaparte n'est pas encore marié, ses deux frères sont morts. Il lui reste Morny, son demi-frère (par sa mère), connu que tardivement. Ses seuls appuis familiaux, il ne peut les chercher qu'auprès de ses nombreux cousins parmi lesquels il ne fait pourtant pas l'unanimité. Fidèle à l'Empire et à son souvenir, il ne conçoit pourtant pas de s'en passer et leur réserve des places de choix.
Il s'agit donc d'analyser les liens unissant Napoléon III aux membres de la famille impériale (à l'exception de l'impératrice et du Prince impérial, étudiés par ailleurs dans d'autres communications), c'est-à-dire aux descendants des frères et soeurs de Napoléon Ier, ses cousins. Nous nous attacherons plus particulièrement à ceux qui ont joué un rôle politique durant le Second Empire, le vieux roi Jérôme et ses enfants, Jérôme dit « Plon Plon » et Mathilde.
 
L'image de l'oncle : Napoléon III et la politique du souvenir (Juliette Glikman)
Le relèvement de l'Empire, en 1852, transforma la représentation du premier des Napoléon, non plus seulement « l'homme de génie », le chef de guerre, l'inspirateur du code civil, mais le fondateur de la dynastie au pouvoir. Si Napoléon Ier inaugure la quatrième des races régnant sur la France, son héritier ne pouvait se targuer d'occuper le trône au nom d'un droit dynastique exclusif. La filiation mémorielle entre les deux Napoléon ne devait pas attenter à la volonté populaire, ultime arbitre des destinées nationales. En outre, la souveraineté impériale s'incarne d'abord, de façon concrète, dans les traits de Napoléon III, sans concurrence possible. Entre volonté d'émancipation de l'image de l'oncle et exaltation de la légende napoléonienne, la politique du souvenir favorise l'émergence d'une figuration désincarnée du pouvoir d'Etat.
 
L'Empereur et ses entourages (Yves Bruley)
Autour de Napoléon III gravitent d'abord  les personnalités du premier cercle, les principaux collaborateurs pourvus de fonctions officielles : chef du cabinet civil, secrétaire particulier, médecin personnel, secrétaire militaire, etc. Un monde hétéroclite composé de fidèles. Au-delà commence la sphère des ministres. Faut-il dire avec Emile Ollivier : « [L'Empereur] » gouverne à l'aide d'un cabinet privé et de ministres. Le cabinet privé représente la partie immuable et intime de son gouvernement ; les ministres en sont les agents extérieurs et variables. » Ce n'est pas sûr, tant il faut se méfier des généralisations. Il faut aussi compter avec une troisième catégorie, celle des personnalités officieuses qui jouent un rôle occasionnel mais parfois décisif. La question des entourages pose celle de la nature du régime et apporte quelques éléments de réponse.
 
L'Empereur et les femmes (Pierre Milza)

Napoléon III, les intellectuels et les artistes (Jean-Claude Yon)
La légende noire du Second Empire n'a pas manqué de stigmatiser le règne de Napoléon III comme une époque de décadence intellectuelle et artistique. Cette instrumentalisation de la pansée et de la culture est largement imaginaire. Même si l'empereur ne s'intéresse pas particulièrement à la littérature ni aux arts et même si le couple impériale n'a pas joué un rôle de mécène et de protecteur des arts au-delà de celui traditionnellement rempli par les souverains en France, le Second Empire a su mener une politique novatrice en matière culturelle grâce à l'action de quelques personnalités : le comte de Nieuwerkerke,  Camille Doucet, Viollet-Le-Duc. Certes, Napoléon III et son régime sont rejetés par bon nombre d'intellectuels et d'écrivains, voire d'artistes. Mais les réformes importantes ne manquent pas tout au long du règne : décret sur la liberté des théâtres, création du « Salon des Refusés », réforme de l'Ecole des Beaux-Arts, etc. Aussi cet aspect du bilan de Napoléon III mérite-t-il, certes sans verser dans l'excès inverse, d'être évalué de façon plus objective et équilibré qu'il ne l'a été jusqu'à  présent.
 
Les représentations de Napoléon III, du portrait officiel à la caricature (Karine Huguenaud)

4ème session : Politique intérieure

L'Empereur entrepreneur : le bâtisseur (Eric Anceau)
Lorsque l'on pense à l'urbanisme et à l'architecture du Second Empire, quelques noms viennent à l'esprit : Haussmann, Viollet-Le-Duc, Baltard, Ittorf ou encore Garnier. C'est oublier que le concepteur d'ensemble, l'arbitre des possibles et même l'examinateur des détails a été Napoléon III en personne. L'empereur a longuement mûri ses projets et les a réalisés avec, une volonté inébranlable. Il ne s'est pas contenté de transformer sa capitale pour en faire la ville-lumière. Il a oeuvré à travers tout son Empire et a donné des modèles pour le monde. D'avantage que d'haussmanisme, c'est bien de napoléonisme qu'il faut parler en la matière.

L'Empereur entrepreneur : Le Second Empire, une première industrialisation française  (Dominique Barjot)

Social ou socialiste ? La figure controversée de Napoléon III (Matthieu Brejon de Lavergnée)
Napoléon III était-il socialiste ? Lui-même l'a prétendu dans une formule aussi célèbre qu'apocryphe : « Quel gouvernement que le mien ! L'impératrice est légitimiste, Napoléon [Jérôme] républicain, Morny orléaniste, je suis moi-même socialiste. Il n'y a de bonapartiste que Persigny, mais il est fou ! » le mot a toutefois quelque accent de vraisemblance : « Son dada était le peuple » a pu dire de lui la belle-mère de Tiers, Mme Dosne. Émile Ollivier, rapporteur de la loi de 1864 sur la liberté des coalitions, défend la « bonne foi » de l'empereur contre l'accusation d'opportunisme politique des républicains : « il obéissait à la même inspiration de coeur que lui avait suggéré déjà tant de mesures favorables au peuple, objet constant de ses sollicitudes affectueuses. »
La légende noire de Napoléon le petit qui court depuis Victor Hugo a toutefois la dent dure. D'un coup d'Etat à un bain de sang, un bonapartisme emporté par sa droite qui fait si peu de cas du peuple et de la république, ne saurait sans injure se draper dans une « authentique tradition socialiste ». Aussi la formule lancée par Alain Plessis en 1996 dans le magazine L'Histoire conserve des relents sulfureux : « Napoléon III : un empereur socialiste ? » Disant plus tard, Jean Sagnes, historien du Midi rouge  et du syndicalisme s'affranchissait des scrupules des historiens des banques et titrait un papier du Nouvel Observateur, sans point d'interrogation cette fois : « L'empereur socialiste ». On ne peut dénier à Napoléon III d'&voir soutenu une « vraie politique socialiste ». Entre social et socialiste, la frontière n'est alors pas toujours très étanche ; il est des catholiques sociaux comme des socialistes chrétiens. L'usage postérieur de l'étiquette socialiste par les communistes, des années 1880 à la révolution bolchévique brouilla les étiquettes. Pourtant, au milieu du XIXème siècle, on pouvait encore se dire socialiste sans être ni révolutionnaire ni partisan de la communauté des biens.
Qu'est ce donc qu'un socialiste de la génération de 1840 lorsque Napoléon-Louis Bonaparte publie l'extinction du paupérisme ? La politique du président de la République élu en décembre 1848 peut-elle être qualifiée de « socialisme gouvernementale » (Proudhon) ?
Le « bonapartisme social » de Napoléon III enfin est-il un socialisme ? De la culture saint-simonienne du prétendant aux réalisations social de l'empereur, l'analyse ne saurait toutefois omettre le poids des contingences politiques.

L'empereur et les religions (Jacques-Olivier Boudon)

Napoléon III  et les sciences, précurseur ou visionnaire ? (Jean-François Lemaire)
Entre Napoléon Ier et Napoléon III, deux similitudes et une différence sautent aux yeux : tous deux sont officiers d'artillerie et tous deux passeront près de six ans en détention, mais pas au même moment de leur vie. Pour l'oncle, c'est à la fin de son parcours alors qu'il ne lui reste plus guère, à Sainte-Hélène, qu'à transformer l'histoire en légende. Pour le neveu c'est au début, à un moment où les travaux scientifiques qu'il mène au fort de Ham l'aide à tuer le temps. C'est de là qu'en 1843, il adresse à l'Académie des Sciences un mémoire sur La théorie de la pile voltaïque que le Secrétaire perpétuel François Arago, qui est tout sauf bonapartiste, décide de publier pour « la netteté des raisonnements et des résultats» qu'il y trouve.
C'est la première manifestation connue de l'esprit scientifique qui marquera au long de son règne, le futur Napoléon III, toujours disposé à se pencher sur un dossier dès lors qu'il émane du « monde savant » et, à défaut de la résoudre sur-le-champ, à lui donner l'élan nécessaire qui lui permettra d'aboutir un jour ou l'autre. « Qu'il s'agisse de l'eau, de l'hygiène, ou de la santé pour ne prendre que trois exemples parmi tant, écrit Thierry Lentz, c'est Napoléon III qui a posé les jalons du XXème siècle ». Mais l'empereur ne se borne pas à faire progresser la science qu'il entend populariser à travers de nouvelles instances comme l'Ecole Pratique des Hautes Etudes en laquelle il voit le fer de lance de la recherche, il confère au «  monde savant » un statut social dont celui-ci osait à peine rêver. La haute-société croise désormais chimistes ou physiologistes, non seulement dans les Séries de Compiègne, mais au sein des plus hautes instances du régime. Ainsi Napoléon III nomme t-il  au Sénat les chimistes Jean-Baptiste Dumas et Pasteur, l'astronome Le Verrier, les docteurs Conneau et Nélaton ou encore le physiologiste Claude Bernard.

Les bases de la grande expansion coloniale française (Jean Martin)
L'histoire traditionnelle a exalté l'oeuvre d'expansion coloniale accompli sous la IIIème République et elle a eu tendance à négliger celle du second Empire : Il est bon de rappeler qu'en Indochine (avec la Cochinchine et le Cambodge) et en Afrique de l'Ouest (avec le Sénégal de Faidherbe) ce régime a posé des fondations sur lesquelles le régime suivant a pu continuer de bâtir. Au Cambodge les marins français ont mis au point la formule du protectorat caractérisé par sa souplesse, qui sera appliquée ensuite avec bonheur à la Tunisie.
En Algérie enfin, Napoléon III, a recherché avec la politique du Royaume Arabe, une formule d'association qui a malheureusement était mise en échec.

5ème session : Politique extérieure

L'Europe de Napoléon III : un nouvel équilibre, un nouveau système (Georges-Henri Soutou)
A l'équilibre de 1840, organisé entre la France, Napoléon III a substitué par la guerre de Crimée un nouvel équilibre, centré sur Paris, qui se maintient jusqu'à Sadowa.
Mais l'empereur a également conçu un nouveau système, qui devrait poursuivre le circuit européen, désormais rééquilibré, mais en y ajoutant le principe des nationalités et des premières véritables structures d'organisation collective du continent.

La politique étrangère de Napoléon III : entre idéalisme et naïveté (Alain Gouttmann)
Le Second Empire est mort, pour l'essentiel, de la faillite de sa politique extérieure. Cette politique était-elle donc, comme l'a longtemps prétendu la « légende noire », idéaliste jusqu'à l'utopie et naïve, idéaliste, elle le fut  –  dans le meilleur sens du terme –  bien en accord avec les grands mouvements d'idées de l'époque : romantisme, libéralisme, éveil des nationalités, saint-simonisme et progrès. Mais elle fut bien moins naïve que légère. Son vis fondamentale fut la légèreté  avec laquelle elle fut conçue et, surtout, conduite. Une légèreté – que l'on a pu confondre avec la naïveté – qui tenait tout à la fois à la nature profonde de l'empereur : lourde, lente, encline à se satisfaire d'idées générales ; à sa formation d'exilé et de conspirateur, qui lui fit privilégier le secret et les manoeuvres diplomatiques en sous-main ; et à son parcours de souverain tout puissant, décidant seul de la guerre ou de la paix. Face à des dossiers de plus en plus complexes, affaibli par la maladie autant par la perte de son prestige, confronté à des adversaires extérieurs de grande classe, et à une opposition intérieure de plus en plus déterminée, jusque dans son propre camp, Napoléon III eut la naïveté de croire que sa « bonne étoile » ne l'abandonnerait pas et qu'il serait toujours capable de contrôler les forces qu'il avait lui-même mise en mouvement.
Mais la politique extérieure, d'abord flamboyante, de celui qui fut l' »Arbitre des Nations », en 1856 apparaîtra pathétique, dix ans plus tard avant de conduire au désastre de 1870, face à la Prusse et dans l'indifférence de l'Europe.

Entre la Prusse et l'Autriche, Napoléon III et la question allemande (Jean-Paul Bled)

Napoléon III et l'Angleterre (Antoine d'Arjuzon)
Napoléon III a vécu entre 1831 et 1848 environ quatre années en Angleterre. Il connaît et aime ce pays. A partir de 1855, il va établir des relations professionnelles avec Victoria. Par cotnre le Prince Albert, lui, est résolument hostile. Le pouvoir politique de Victoria va aller en diminuant pendant tout son règne en grande partie à cause de la personnalité politique de Palmerston. Ce dernier marque de son sceau la politique étrangère anglaise à l'époque du Second Empire. Jusqu'en mars 1860 il est favorable que Napoléon III mais après la session de Nice et de la Savoie à la France, Palmerston se persuade que l'empereur cherche à annexer la rive gauche du Rhin et la Belgique. Il y aura incompréhension et inaction franco-britannique au moment des crises polonaises (1863) et du Schlesvig Holstein (1864).
A partir de la mort de Palmerston (1865) la Grande-Bretagne adopte une politique de « splendide isolement » qui durera jusqu'à la fin du siècle. C'est donc tout naturellement qu'elle souhaitera demeurer neutre pendant la guerre de 1870.

Napoléon et la Russie (Jacques-Alain de Sédouy)
Après la crise de 1848-1850, la Russie apparaît comme la grande puissance conservatrice à l'ordre européen, tel qu'il c'était établi à Vienne en 1815. Pour Napoléon III, qui veut redessiner la carte de l'Europe selon le principe des nationalités, il faut lui interdire toute possibilité de s'opposer au changement.
L'objectif d'abord : c'est la guerre de Crimée. La séduire ensuite pour qu'elle ne vienne pas soutenir l'Autriche dans l'hypothèse d'une guerre en Italie. C'est le rapprochement franco-russe du congrès de Paris de 1856.
Mais la lune de miel ne dure que jusqu'en 1863. L'insurrection polonaise conduit Napoléon à une politique révisionniste à laquelle la Russie, principale concernée, s'oppose résolument.
La Russie laisse la Prusse écraser la France en 1870, et assiste sans bouger à l'émergence d'un empire allemand qui bouleverse les équilibres européens.

6ème session : Après l’Empire

Napoléon III est-il responsable de la guerre de 70 ? Approche des réalités et historiographie (François Roth)

Le dernier exil et la mort (Jean-Claude Lachnitt)

La métamorphose de l'historiographie républicaine (Steven Englund)

La légende noire de Napoléon III, du général Boulanger à Charles de Gaulle (Jean Garrigues)
« Avant mettre d'être candidat à la présidence, un républicain populaire par son talent, son énergie, ses mérites historiques et militaires est d'autant plus désigné à la méfiance puritaine des siens qu'il reçoit plus d'acclamation du public ». (Comment meurt une République. Autour du 2 Décembre, Créaphis, 2004) Ce qu'écrivait Maurice Agulhon il y a quelques années sera le fil conducteur de notre communication, visant à montrer de quelle façon la « légende noire » de Napoléon III, crée dès 1852 par Victor-Hugo et popularisée par la Troisième République, a été particulièrement réactivé lors des périodes de crise politique de notre histoire contemporaine, notamment lorsque ces crises ont fait émergé la tentation du sauveur providentiel.
On s'intéressera tout particulièrement à deux grandes figures de cette tentation césariste, que René Rémond inscrit l'un et l'autre dans la filiation de la droite bonapartiste : le général Boulanger en 1889 et le général de Gaulle en 1958. L'un et l'autre apparus à tort ou à raison comme des recours dans des moments de crise majeure, ont été assimilés par leur adversaire à l'héritage du Second Empire dans ces aspects els plus répulsifs. Pourquoi cette réactivation de la « légende noire » ? Quels ont été les acteurs les plus actifs et les thèmes majeures de cette imputation césariste ? Quel élément du boulangisme ou du gaullisme ont pu alimenter cette mise en accusation ? Quels en ont été les effets sur l'opinion et sur l'évolution politique du moment ? Telles seront les principaux questionnements de notre étude, fondée sur l'analyse du débat publique de l'époque, et aussi sur les représentations que ce débat a suscité dans la société française.

Napoléon III au cinéma (David Chanteranne)
Une petite cinquantaine d'apparitions de l'Empereur sur grand écran : une nouvelle fois, la comparaison de Napoléon III avec son illustre prédécesseur joue en sa défaveur. Qui plus est, ses emplois furent la plupart du temps le prétexte à des scènes de bals, de courses hippiques ou de bons mots plus ou moins demeurés à la postérité.
À travers les principaux longs-métrages qui furent produits de 1911 à 1990, de Nana à Bernadette en passant par Violettes impériales ou Monsieur Fabre et La valse de Paris, Napoléon III connut, muet ou parlant, des interprètes aussi divers et complémentaires que Drain, Guitry, Rains, Debucourt, Nat, Bertin, Arbessier, Meurisse ou Duchaussoy.
Une vaste rétrospective permet de retrouver une production internationale (États-Unis, Royaume-Uni, Mexique, France…) qui s'inspira largement des tableaux et gravures du temps. À travers tous ces films consacrés au Second Empire, nous découvrons en creux un chef de l'État puis un souverain tour à tour lucide, défaitiste et visionnaire.

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