Compte rendu de l’exposition "Napoléon, symbole des pouvoirs sous l’Empire" (Musée des arts décoratifs, Paris, 3 avril – 5 octobre 2008)

Auteur(s) : MESTDAGH Camille
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Compte rendu de l’exposition "Napoléon, symbole des pouvoirs sous l’Empire" (Musée des arts décoratifs, Paris, 3 avril – 5 octobre 2008)
Affiche de l'expsoition.

L'exposition du Musée des arts décoratifs, qui fut d'abord présentée à Saint Louis et à Boston, pose un nouveau regard sur les arts décoratifs du Premier Empire, en s'intéressant tout particulièrement à la signification des ornements.  

 

Entre héroïsme et séduction

250 oeuvres provenant du musée des Arts Décoratifs, des musées des grands châteaux d'île de France (Fontainebleau, Malmaison, Versailles et Compiègne), du Mobilier national, du musée et de la manufacture de Sèvres, et de collections privées permettent  d'aborder une dizaine de thèmes qui mettent en lumière la valeur symbolique et politique de l'ornement.   

 
Dès l'introduction, les dessins de décors intérieurs du fameux Recueil de décorations intérieures comprenant tout ce qui a rapport à l'ameublement, de Percier (1764-1838) et Fontaine (1762-1853) défilent sur grand écran, invitant le visiteur à s'arrêter sur l'oeuvre des deux plus grands architectes choisis par l'Empereur. Ils ont largement oeuvré pour les arts décoratifs et se sont attachés à la théorie de l'ornement. Leur maître mot étant bien sûr de joindre l'utile à l'agréable : l'ornement devait ainsi cesser d'être choisi uniquement pour ses qualités décoratives mais bien en prenant en compte la fonction de l'objet qu'il devait souligner. 
 
Dans la première vitrine, un ensemble d'oeuvres à dominantes bleu blanc rouge et abhorrant un bonnet phrygien rappellent que c'est avec la Révolution que l'ornement, s'adressant à des citoyens responsables, a pris un sens politique. 

L’Antiquité retrouvée

Tapis de la salle du trône des Tuileries, 1807-1809, Manufacture de la Savonnerie L'Empire, s'affirmant comme un régime nouveau, a dû favoriser le développement d'un style particulier et définir ses emblèmes.
Napoléon cherchait la filiation avec l'Empire romain et en particulier avec Auguste (63 av. J .C – 14) qui fut consul et Empereur lui aussi. Parmi d'autres oeuvres, un fauteuil curule, une athénienne et les fameuses créations de l'Empire : la psyché (1) et le somno (2), montrent que les formes de l'antiquité, source d'inspiration intarissable, furent à nouveau de mise. L'ornement est disposé avec une rigoureuse symétrie architecturale, comme le prônaient Percier et Fontaine.

Quant aux emblèmes, ils furent choisis par un conseil spécialement réuni au moment de la proclamation du régime en 1804 : l'aigle rappelant les origines de Rome, et les abeilles, celles de la lignée des rois mérovingiens.

 
Ces emblèmes sont présents sur l'ensemble des objets liés au pouvoir impérial, majestueusement mis en scène au centre de la grande nef du musée : le trône du Corps législatif, la portière en tapisserie du Cabinet de travail de l'Empereur et le tapis de la salle du trône du palais des Tuileries, auprès desquels le portrait de Napoléon Ier sur son trône impérial par Ingres (1780-1867) (3) règne en maître.

Le choix des armes

Magnifiquement mise en lumière ici par un choix d'objets destinés aux résidences officielles ou à l'habitat civil, l'omniprésence des symboles de la victoire frappe l'oeil.  Figures de victoires ailées, palmes de victoire, couronnes de laurier, trophées guerriers, tout consiste à montrer, consciemment ou non, que l'Empereur est un héros qui a assuré la paix à la France grâce à la victoire militaire. 

Dieux , déesses et métamorphoses

Vase « Floréal », 1812-1813, Manufacture de SèvresPour contre-balancer ce vocabulaire militaire, la suite de l'exposition s'intéresse au langage de la séduction. L'ornement fait alors référence à la mythologie : Apollon, Psyché, Venus sont représentés et, tandis qu'Apollon est accompagné de muses dansantes dont les drapés s'envolent au souffle du vent, Psyché est figurée avec des ailes de papillon. Le nom grec psyché désigne à la fois l'âme humaine et papillon dont les ailes, omniprésentes, symbolisent l'inconstance du sentiment amoureux, les peines et les joies de l'amour. Les secrets de la séduction se dévoilent au gré des oeuvres qui ravissent le visiteur. Et pour mieux le séduire encore, l'abondance florale et le développement du luxe, représentés notamment par le déploiement des dorures et de somptueuses parures de bijoux, viennent couronner l'ensemble.

Ainsi, suscitant une approche ludique des objets, la lecture de l'ornement oblige à les regarder de près. C'est alors un émerveillement pour les yeux qui y découvrent ou redécouvrent avec grand plaisir un ensemble d'oeuvres d'une très grande beauté, magnifiquement mises en scène par Philippe Renaud. C.M.

 
Nous remercions Odile Nouvel-Kammerer, commissaire général de l'exposition et conservatrice en chef du département XIXe siècle au Musée des arts décoratifs
 
Camille Mestdagh, doctorante en histoire de l'art, est membre du comité d'histoire de l'art de la Fondation Napoléon  

 
Ouverture :
Du mardi au vendredi de 11h à 18h. Le samedi et le dimanche de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu'à 21h.
Fermé le lundi.
 
Adresse :
Musée des arts décoratifs
107-11 rue de Rivoli
75001 Paris
Téléphone : 01 44 55 57 50
 
Site :
http ://www.lesartsdecoratifs.fr 

Notes

Notes :
(1) Grand miroir pivotant.
(2) Petit meuble de chambre à coucher qui servait de table de nuit.
(3) Musée de l'armée inv. 4,Ea 89/I.

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