Discours de SAI la Princesse Napoléon lors de la remise des Prix d’histoire 2006 de la Fondation Napoléon

Auteur(s) : SAI LA PRINCESSE NAPOLÉON
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Discours de SAI la Princesse Napoléon lors de la remise des Prix d’histoire 2006 de la Fondation Napoléon
SAI la princesse Napoleon, Ph. Thomas-Derevoge © Fondation Napoléon

Discours de SAI la Princesse Napoléon, à l'occasion de la remise des Prix d'histoire 2006 de la Fondation Napoléon, le 21 novembre 2006, au Jockey-Club à Paris.

Prix 2006 pour une oeuvre de fiction : Le Vizir, de Ph. Thomas-Derevoge

Je commencerai avec plaisir par nommer le prix destiné à une oeuvre de fiction décerné à Philippe Thomas-Derevoge pour son roman historique « Le Vizir, le plus illustre cheval de napoléon » aux éditions du Rocher.
 
Trois protagonistes :
– un héros omniprésent, Napoléon
– un décor : les campagnes napoléoniennes, du camp de Boulogne à Waterloo
– une vedette : l'étalon gris Vizir qui caracole tout au long du récit.

L'histoire
Elle s'ouvre en 1804 au camp de Boulogne où, lors de la fameuse remise des Légions d'honneur, l'ambassadeur du sultan Sélim III offre à l'Empereur son étalon favori Le Vizir.
Moins d'un an plus tard, l'Armée des Côtes disposée face à l'Angleterre au long du rivage de la Mer du Nord et de la Manche fait rapidement mouvement vers le Danube : la Grande Armée est née.

Ce sera Austerlitz, le traité de Presbourg.

Pour le bel étalon commence le dressage aux grandes écuries impériales à Versailles sous la houlette de l'écuyer Philippe de Chaulaire : dur apprentissage de cheval de guerre qui le conduit au sein de l'élite, « les chevaux du rang de Sa Majesté ».
Il rejoint la Grande Armée et l'Empereur lors de la campagne de 1806 : la Prusse…, Berlin…
Puis encore 1807 : c'est l'incertain combat d'Eylau, la victoire de Friedland, le traité de Tilsit qui restructure l'Europe centrale et crée le royaume de Westphalie.
En marge de la campagne de Russie, le bel étalon reste en attente en Pologne.
Nous le retrouvons ensuite à l'île d'Elbe ou paraît, fugitive, la blonde figure de Marie Walewska accompagnée de son fils Alexandre.
l'abdication sonne le glas de la carrière militaire du Vizir : il prend sa retraite dans les terres du Boulonnais où s'est retiré Philippe de Chaulaire pour échapper à la Restauration…
Je vous laisse découvrir le dernier chapitre…
 
Sur une très vivante trame historique, qui brosse le tableau des campagnes napoléoniennes, ce roman nous charme de la complicité quasi sentimentale qui unit Le Vizir et l'Ecuyer Philippe de Chaulaire.
 
Si je ne me trompe, Philippe Thomas-Derevoge, vous êtes, comme moi d'ailleurs, un amoureux de la plus belle conquête de l'homme : le cheval.

Prix 2006 pour un ouvrage non francophone : The Napoleonic Empire in Italy, 1796-1814, de M. Broers

VA Masséna, SAI la princesse Napoleon, M. Broers © Fondation NapoléonThe Napoleonic Empire in Italy, 1796-1814. Cultural Imperialisme in a Europan Context?, de Michael Broers
 
Cette étude nous offre une analyse inédite de l'évolution de l'Impérialisme français en Italie de 1796 à 1814.
Son concernés successivement : la Ligurie, le Piémont, Parme – Plaisance, la Toscane et les Etats Pontificaux.
La question étant comment et pourquoi les Italiens ont rejeté le programme révolutionnaire de régénération conduit par la France en Italie de 1796 à 1809.
 
I – Tout d'abord, l'auteur note l'émergence d'un patriotisme durant le Triennio de 1796 à 1799 – qui stimule des courants pro et antirévolutionnaires.
La république Cisalpine est rétablie au traité de Lunéville en 1801.
Les Français mènent une politique de ralliement intégration qui voit l'émergence d'un pays civil face au paese real. C'est un échec car l'incompréhension et le complexe de supériorité de l'administration française suscitent le repli des Italiens sur eux-mêmes.
 
II – La deuxième partie de l'ouvrage décrit le développement d'un impérialisme culturel dans un contexte européen.
Abandonnant les efforts d'intégration, l'occupant français adopte une politique d'assimilation souvent forcée.

III – Enfin Michael Broers analyse les conséquences immédiates et lointaines de cette occupation :
– à court terme, les états, libérés par le traité de Vienne, adoptent des lois largement inspirées du Code civil et des structures françaises car, pensent-ils, adaptation n'est pas capitulation mais capitalisation ;
– à moyen et long terme, les conséquences sont encore précises.

De nombreux éléments révolutionnaires « empruntent » les principes politiques de la Révolution et de l'Édifice napoléonien à la fin du XIXe ; de puissants courants intellectuels imprégnés de la même philosophie émergent du nouvel état unifié.
L'héritage français perdure pendant le XXe siècle inspiré des principes d'un pouvoir fort, appuyé sur des structures démocratiques et une puissante centralisation : le fascisme en est un exemple significatif.
 
Un livre d'une grande densité qui mérite une lecture approfondie.

Prix d’histoire du Second Empire 2006 : La légende de Napoléon, de S. Hazareesingh

S. Hazareesingh © Fondation NapoléonLe prix relatif au Second Empire est attribué à Sudhir Hazareesingh pour sa « Légende de Napoléon » aux éditions Tallandier.
L'auteur a puisé aux meilleures sources des archives nationales et départementales pour analyser la relation complexe et paradoxale qu'entretient encore de nos jours la Nation française avec Napoléon.
A travers une très subtile étude, il distingue trois périodes dans l'évolution de la légende :

1) Au lendemain de l'abdication, tout d'abord, oubliant le despotisme de l'Empereur, on célèbre en lui le héros déchu et d'égalité.
On distingue le mythe que Napoléon construit lui-même à travers le mémorial,
et la légende populaire complexe et spontanée qui conduira au succès de Napoléon III.
Les demi-solde formaient les principaux relais populaires de la légende.
Certains, loyaux à sa personne, célèbrent le patriotisme, la gloire militaire, l'Homme. D'autres exaltent le symbole de ses idéaux politiques et sociaux.

Y participent également la franc-maçonnerie, en particulier le Grand Orient, et même les forces d'occupation, fascinées par la personnalité de leur ennemi ;
Ces aspirations, si hétérogènes soient-elles, se concrétisent en une opposition qui pour une large part conduira à l'effondrement de la Restauration.
 
2) Louis-Philippe ensuite cherche à s'approprier la légende « Bonaparte symbole de la grandeur passée de la Nation et Prince des Idées libérales » : c'est dans cet esprit qu'est organisé le retour des cendres.
Le mémorial est aussi un instrument essentiel du Culte napoléonien : qui révèle une figure à la fois héroïque et pathétiquement humaine.

Grand Prix et Prix Premier Empire 2006 : Austerlitz, 2 décembre 1805, de Jacques Garnier

Jacques Garnier, SAI la princesse Napoleon © Fondation NapoléonNous voici enfin à l'heure de proclamer le Grand Prix d'Histoire 2006 et Prix premier Empire de la Fondation Napoléon.
 
Il est décerné à Jacques Garnier pour son livre « Austerlitz »préfacé par Jean Tulard et publié chez Fayard.

Un an après le bicentenaire, si peu et mal célébré, de l'illustre bataille, l'auteur dépouille l'Histoire de ses mythes – souvent d'ailleurs suscités par l'Empereur – pour ainsi mieux cerner le génie de Napoléon dans son authenticité.

Par une sorte de paradoxe, l'ouvrage s'ouvre sur un chapitre intitulé : « la défaite d'Austerlitz »… La bataille aurait pu connaître un autre sort.
Dès 1804, se déploie une intense activité diplomatique : la troisième coalition se noue entre l'Angleterre, la Suède, la Russie et l'Autriche.
Koutouzov est nommé commandant en chef.
Seule la Prusse affaiblie se tient à l'écart.

Napoléon, lui, s'est assuré de l'alliance de la Bavière et du Wurtemberg, accepte la couronne d'Italie et réuni Gênes à la France.
L'Empereur a rassemblé ses troupes face à l'Angleterre : prêt à intervenir à travers la Manche…

Pressentant les actions des alliés, par une brusque volte-face, précipitant ses armées à travers l'Europe, il les amène à marches forcées jusqu'aux bords du Danube.

« L'Armée des côtes de l'Océan » est devenue la « Grande Armée ».
Si la défaite de Trafalgar prive Napoléon d'une partie de sa puissance, je ne saurais ici décrire les multiples péripéties des célèbres combats qui, de la prise d'Ulm et l'entrée à Vienne, conduisent, au jour du 2 décembre, les troupes françaises, sous la conduite de l'Empereur et de ses généraux, à défaire les alliés sur le plateau de Pratzen.

Jacques Garnier nous en brosse un légitime récit aussi dense que vivant.
 
Les positions des coalisés leur étaient favorables.
 
Mais en dépit de leur suprématie numérique, à la rigidité tactique des alliés s'oppose l'extraordinaire disponibilité d'esprit de l'Empereur des Français, son pragmatisme, sa puissance de réflexion, cette souplesse d'esprit toujours prête, selon l'expression de Napoléon à « porter remède à tout » et qui sont la marque de son génie.
Bataille de haute stratégie, livrée un an jour pour jour après le sacre,  la bataille d'Austerlitz entre ainsi dans la légende.

Titre de revue :
inédit
Mois de publication :
(21) novembre
Année de publication :
2006
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