Document > Inhumation définitive des restes de l’empereur Napoléon Ier. Église des Invalides.

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Après le retour des Cendres de l’Empereur à Paris, en décembre 1840, le corps de Napoléon est entreposé dans la chapelle Saint-Jérôme des Invalides ne rejoint son tombeau que le 2 avril 1861, une fois le tombeau conçu par l’architecte Visconti achevé. Le Monde illustré du 13 avril 1861 s’en fait l’écho

Document > Inhumation définitive des restes de l’empereur Napoléon Ier. Église des Invalides.
L'inhumation définitive du corps de Napoléon dans son tombeau aux Invalides.
Le Monde illustré, édition du 13 avril 1861 © BnF/Gallica

Lorsqu’en 1840 les cendrés de l’empereur Napoléon 1er furent ramenées de Sainte-Hélène, le cercueil fut placé provisoirement dans la chapelle Saint-Jérôme, aux Invalides, en attendant qu’un monument digne du plus grand génie des temps modernes pût être élevé sous ce dôme des Invalides qui, par sa situation, était bien le lieu que l’illustre mort avait lui-même choisi pour sa dernière demeure: « Sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français qu’il avait tant aimé. » Un concours public fut ouvert, et les plus grands architectes et sculpteurs y prirent part. M. Visconti fut choisi pour attacher son nom à cette œuvre, et Pradier fut appelé pour dé- corer de figures monumentales la crypte qui figurait au projet de Visconti. Il fut question un instant de laisser vide le sarcophage qui s’élevait sous le dôme, et d’ensevelir les restes de l’empereur dans la basilique de Saint-Denis. La cérémonie dont le Monde illustré donne aujourd’hui le dessin prouve d’une façon catégorique que ce projet a été abandonné.

Sa Majesté l’empereur Napoléon III a voulu donner à cette cérémonie un caractère intime. Sa Majesté l’impératrice, le Prince impérial, les princes de la famille, les ministres, les grands officiers de la couronne et quelques hauts dignitaires de l’empire, ont été seuls appelés à assister à l’inhumation définitive. Après une messe basse dite par S. E. le cardinal archevêque, les cent gardes, assistés d’hommes spéciaux, ont pris le cercueil dans la chapelle Saint-Jérôme et l’ont transporté dans la crypte souterraine où s’élève le sarcophage. Les trois maréchaux présents à Paris : le maréchal Randon, le maréchal Magnan et le maréchal aillant suivaient immédiatement, portant sur des cous- sins les honneurs, c’est-à-dire l’épée, la croix, le chapeau. L’empereur et la famille impériale ont assisté à la cérémonie agenouillés à la tribune qui s’élevait au balcon de la crypte, et le cercueil a été placé sur une estrade inclinée qui, partant du seuil de la crypte même, s’élevait jusqu’à l’ouverture du sarcophage.

Aucun détail de cette opération n’échappait à Leurs Majestés, qui ne se sont retirées que lorsque la dalle qui doit recouvrir les restes de l’empereur eut été disposée sur les rouleaux une médaille commémorative a été déposée dans le sarcophage; elle porte la date de l’exhumation. A l’occasion de cette cérémonie, Sa Majesté a élevé au grade de maréchal de France le général d’Ornano, gouverneur des Invalides. Le général comte d’Ornano était général de division depuis 1812. M. Marchand, exécuteur testamentaire de l’empereur Napoléon Ier, a été nommé officier de la Légion d’honneur Il est regrettable que le temps ait empêché la distribution des croix aux plus anciens vétérans de l’armée de l’empire. Le plus jeune de ceux qui devaient recevoir de la main de l’empereur même cette distinction qu’il attendait depuis si longtemps, comptait soixante années de service. La plupart d’entre eux avaient été portés avant 1815, et la rentrée des Bourbons les avait privés de leurs croix de chevalier de la Légion d’honneur.

Il était temps que justice leur fût faite, car bientôt, peut-être, les Égyptiens (comme on nomme à l’hôtel des Invalides ceux qui ont pris part à cette grande campagne où Bonaparte commandait en chef) n’existeront plus qu’à l’état de légende.

CHARLES VRIARTE
Transcription de l’article numérisé par Gallica/BnF : Inhumation définitive des restes de l’empereur Napoléon Ier. Église des Invalides, Le Monde illustré, Charles Yriarte, 13 avril 1861

Titre de revue :
Le Monde illustré
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Mois de publication :
avril
Année de publication :
1861
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