Document > Proclamation de Napoléon III au peuple français du 23 juillet 1870 [après l’entrée en guerre contre la Prusse]

Auteur(s) : NAPOLÉON III
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Texte établi d’après la dépêche télégraphique imprimée à Toulon, le 23 juillet 1870. © Gallica/BnF – ark:/12148/bpt6k5529865n

Document > Proclamation de Napoléon III au peuple français du 23 juillet 1870 [après l’entrée en guerre contre la Prusse]
Aperçu de la dépêche télégraphique imprimée à Toulon, le 23 juillet 1870 :
Proclamation de Napoléon III au peuple français après la déclaration de guerre à la Prusse
© Gallica/BnF - ark:/12148/bpt6k5529865n

PROCLAMATION DE L’EMPEREUR

Il y a dans la vie des peuples des moments solennels où l’honneur national violemment excite s’impose comme une force irrésistible, domine tous les intérêts et prend seul en main la direction des destinées de la Patrie. Une de ces heures décisives, vient de sonner pour la France. La Prusse à qui nous avons témoigné, pendant et depuis la guerre de 1866, les dispositions les plus conciliantes, n’a tenu aucun compte de notre bon vouloir et de notre longanimité ; lancée dans une voie d’envahissements, elle a éveillé tontes les défiances, nécessité partout désarmements exagérés et fait de l’Europe un camp où règnent l’incertitude et la crainte du lendemain. Un dernier incident est venu révéler l’instabilité des rap- ports internationaux et montrer toute la gravité de la situation. En présence des nouvelles prétentions de la Prusse, nos réclamations se sont fait entendre, elles ont été éludées et suivies de procédés dédaigneux ; notre pays en a ressenti une profonde irritation et aussitôt un cri de guerre a retenti d’un bout de la France à l’autre. Il ne nous reste plus qu’à confier nos destinées au sort des armées.

Nous ne faisons pas la guerre à l’Allemagne dont nous respectons l’indépendance, nous faisons des vœux pour que les peuples qui composent la grande nationalité Germanique, disposent librement de leurs destinées ; quant a nous, nous réclamons l’établissement d’un état de choses qui garantisse notre sécurité et assure l’avenir ; nous voulons conquérir une paix durable, basée sur les vrais intérêts des peuples et faire cesser cet état précaire où toutes les Nations emploient leurs ressources à s’armer les unes contre les autres. Le glorieux drapeau que nous déployons encore une fois devant ceux qui nous provoquent est le même qui porta à travers l’Europe les idées civilisatrices de notre grande Révolution, il représente les mêmes principes, il inspirera les mêmes dévouements français.

Je vais me mettre à la tête de celle vaillante armée qu’anime l’amour du devoir et de la Patrie. Elle sait ce qu’elle vaut, car elle a vu dans les quatre parties du monde la victoire s’attacher à ses pas.

J’emmène mon Fils avec moi : malgré son jeune âge, il sait quels sont les devoirs que son nom lui impose, et il est fier de prendre sa part dans les dangers de ceux qui combattent pour la patrie.

Dieu bénira nos efforts. Un grand peuple qui défend une cause juste est invincible.

Paris, le 23 juillet 1870.

NAPOLÉON

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