Tandis que les incendies ravagent nos belles forêts, réapparaît sur les réseaux sociaux la soi-disant lettre de Napoléon au préfet du Var datée de 1809 et ordonnant que l’on fusille les pyromanes. Or, il s’agit d’un faux grossier fabriqué par un éditeur en 1969 lors du bicentenaire de la naissance de l’Empereur. Évidemment, elle ne se trouve dans aucune archive et n’a pas été reprise dans notre édition de la Correspondance de Napoléon parue aux éditions Fayard.
En outre, les erreurs qu’elle contient sont nombreuses.
Sur la forme, la calligraphie ne ressemble à rien de connu, l’entête « Napoléon, par la grâce de Dieu » est fantaisiste et l’Empereur ne s’adressait jamais à un préfet.
Sur le fond, cette fausse injonction est contraire au Code d’instruction criminel de 1808 qui voulait que les affaires soient instruites puis jugées. L’État napoléonien étant un État de droit, l’Empereur ne serait jamais laissé aller à pareil absolutisme.
En conclusion, nous dirons, concernant cette lettre sur les réseaux sociaux : « Halte au feu ! »
Pierre Branda, chef du service Patrimoine de la Fondation Napoléon
28 juillet 2017
En 2019, le quotidien gratuit 20 minutes revenait sur ce faux circulant régulièrement lors des tristes périodes de flambée estivale de nos forêts. L’article faisait appel de nouveau à Pierre Branda, mais également aux historiens Jacques-Olivier Boudon et Vincent Haegele qui confirmaient la nature fallacieuse de cette pseudo-lettre de Napoléon au préfet du Var.