Le Gâtinais vu par un enfant du pays
La plupart de ces peintures ou dessins ont la particularité d'avoir été exécutés pendant les séjours répétés de l'artiste dans son Gâtinais natal. Originaire de Montargis, Girodet y habite en effet la maison familiale, dite du Verger. Il aime aussi rendre visite à son oncle dans sa propriété du Colombier ou sa demeure de Châtillon-Coligny. Il se rend également volontiers au château de Bourgoin à Amilly pour voir le docteur Trioson, son tuteur qui deviendra son père adoptif.
Pour retracer ces paysages et architectures familiers, les visages de ses proches ou les animaux des environs, comme cet « Ane et garçon d'écurie », Girodet adopte une manière inhabituelle, plus simple, plus spontanée aussi.
A considérer ce pan de son travail, l'artiste nous semble plus humain, plus proche du quotidien : nous sommes loin de l'image parfois véhiculée de l'intellectuel féru d'antiquité s'enfermant chez lui pour composer des poèmes ou peindre la nuit.
C'est sûrement au grand air et au soleil qu'il saisit les joues rosies et la coiffe d'un blanc lumineux de la « Petite paysanne à la poupée ». Un grand nombre de ces réalisations datent du Premier Empire, notamment de 1810-1811, alors que Girodet parcourt la campagne son carnet de croquis à la main.
Une scénographie originale pour une exposition surprenante
La scénographie travaillée et ludique de Luc Rousseau contribue au dépaysement des visiteurs. Bercés par un enregistrement de bruits champêtres, ils sont invités à déambuler autour d'un arbre central, cerné de bambous sur lesquels fleurissent les oeuvres. Le spectateur quitte les douceurs de la vie paysanne du XIXe siècle pour se replonger dans le présent avec les photographies prises par Yann Kerveno d'agriculteurs de la région ornant le hall et la façade du musée.
Un parallèle qui permet de souligner à juste titre la modernité de cette partie du travail de Girodet restée trop méconnue, en dépit de la grande rétrospective consacrée à l'artiste par le Louvre en 2005 (1).
Richard Dagorne, conservateur du Musée, prévient : « ces oeuvres ont souvent été présentées comme modestes ou de second ordre, mais il n'en est rien ». En explorant cette exposition plutôt modeste par la taille, avec 35 oeuvres présentées, grande a en effet été notre surprise.
Le catalogue de l'exposition est paru, pour en savoir plus cliquez ici.
Ils en ont parlé :
La Rep'week-end, 13 et 14 septembre 2008.
Azart, octobre 2008.
L'éclaireur du Gâtinais, 18 septembre 2008.