Commençons par des charades. Chacun sait qu’il s’agit de trouver successivement des syllabes derrière des définitions commençant par mon premier est …, puis mon second est … etc.
1re charade en entrée
Deux fleuves, et ce met, que l’on sert le premier,
Composent mes deux parts, ainsi que mon entier.
2e charade
Maint troupeau se nourrit des biens de mon premier,
Et mon entier toujours précède mon dernier.
3e charade (un peu d’histoire. Un indice : Henri IV)
Mon premier, cher lecteur, de ton corps fait partie.
Mon second, en quittant la terrestre patrie,
S’en va, tout rayonnant, te protéger aux cieux.
Mon troisième, que l’art infiniment varie,
Est parfois agréable, et souvent fade aux yeux.
Mon tout, mot vif, plaisant, d’un roi jadis vanté,
Nous peints l’esprit naïf et l’aimable gaîté.
4e charade (celle-ci est particulièrement retors, et très joliment formulée pour seulement deux syllabes à déchiffrer)
Mille écus après mon dernier
Feraient un gentil apanage,
Et pour user de mon premier
Donneraient un bel avantage.
Cherchez dans le calendrier
Vous y trouverez mon entier
Passons à un autre type d’amusement.
Sauriez-vous deviner quel nom (propre) se cache derrière cette épître, et spécialement derrière ses majuscules ?
Sachant à tous les vents tourner avec souplesse,
On le vit autrefois jacobin forcené
User de son pouvoir pour vexer la noblesse ;
La noblesse revient, monseigneur a changé,
Telle métamorphose est un trait de sagesse.
Voici un second acrostiche, dont la solution va de soi en ce site :
Naguère un valeureux et illustre guerrier
A de son nom fameux rempli le monde entier ;
Pour voler aux combats, ses soldats intrépides
Ont bravé les frimas, et jusqu’aux Pyramides
Leurs glorieux exploits retentissent encore.
Enrichis par ses dons, des lâches qu’on abhorre
Ont par leur trahison causé tous ses malheurs.
Nous, Français, sur sa tombe épanchons quelques pleurs.
Découvrons maintenant une énigme noire et corsée qui peut énerver si prise en trop grande quantité : un mot de quatre lettres, les quatre enfants d’une grande famille qui est l’alphabet, est à débusquer :
Nous sommes quatre enfants d’une grande famille,
Et nous nous passons de nos sœurs ;
À notre tête est la troisième fille ;
Et notre aînée a les seconds honneurs.
Celle qui de nous quatre a la taille plus grande,
À la troisième place a soumis sa fierté ;
Et par distinction la dernière demande,
Un petit ornement sur son chef ajouté.
Nous composons un tout : mettez-vous à sa quête ;
Et si vous le trouvez, demandez le d’abord,
Pour vous guérir du mal de tête
Que vous aura causé peut-être cet effort.
Et connaissons-vous les logogriphes ? Très prisé au XVIIIe et XIXe siècles, ce jeu consiste à découvrir un mot principal, puis à former plusieurs mots composés de certaines lettres du mot le plus long.
Prenons un exemple :
Mon entier, cher lecteur, renferme plus d’un vice ;
Ôtez mon cœur, je suis très sujette au caprice
Le premier vers désigne avec pessimisme le « monde ». Si l’on enlève la lettre du milieu, le cœur, il ne reste que la versatile « mode ».
Avec de l’entraînement, ce logogriphe vous sera facile :
Avec sept pieds, mis sur ta table,
Lecteur, je sers à te nourrir.
Ôte mon cœur, sort déplorable !
Dans les tourments tu vas mourir.
Si vous parvenez à décrypter tous ces jeux de mots et de lettres, vous êtes vraiment une femme ou un homme d’esprit.
Mars 2020
Chantal Prévot est responsable des bibliothèques de la Fondation Napoléon
SOLUTIONS
1re charade : Pô -Tage, soit potage
2e charade : pré – nom, soit Prénom
3e charade : ventre – saint – gris, soit Ventre-Saint-Gris, juron préféré d’Henri IV
4e charade : vingt – cent, soit Vincent
1er acrostiche : Soult
2e acrostiche : Faut-il souffler la solution ? Napoléon !
L’énigme : Café
Le logogriphe : Pois(s)on. Quant aux Sept pieds de cette énigme, ils restent pour nous mystérieux. Est-ce le nombre de nageoires ? Sept paraît considérable. Est-ce la longueur ? Dans ce cas, la prise est de belle taille, plus de deux mètres ! Un sterlet russe peut-être. Si un lecteur trouve cette ultime devinette, qu’il nous en fasse part, nous en serons ravis.