La campagne d’Égypte

Auteur(s) : HOURTOULLE François-Guy
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Le départ

Après des préparatifs complexes, l’expédition va partir de quatre ports méditerranéens :
* à Toulon est le gros de la flotte avec Bonaparte qui sera sur le vaisseau-amiral l’Orient, avec l’amiral Brueys,
* de Marseille, Reynier avec sa division embarquée va rallier la flotte et le départ s’effectue le l9 mai 1798,
* de Gênes, Baraguey d’Hilliers embarque sur soixante-treize bateaux et rejoint en mer le 21 mai,
* Desaix part de plus loin, de Civita-Vecchia, avec cinquante-six vaisseaux. Il prend la mer seulement le 26 mai à 5 heures du soir.

La flotte comprend treize vaisseaux de ligne, six frégates et une corvette, plus deux vaisseaux et sept frégates armés en flûte et vingt-quatre bâtiments légers armés. Environ treize mille marins forment les équipages des bateaux de guerre. Trois cent-neuf bateaux de transport divers avec trois mille marins sont chargés de troupes.
L’armée embarquée, comprend environ trente-sept mille hommes.

LA MARCHE DES CONVOIS. – Le convoi de Desaix devait rejoindre du côté de la Sardaigne mais le rendez-vous fut incomplet. Les bateaux partis de Civita-Vecchia vont finalement arriver devant Malte le 7 juin, deux jours avant la flotte principale qui apparaît le 9 juin 1798.

LA PRISE DE MALTE. – Dès son arrivée Bonaparte se heurte à l’opposition du Grand-maître de l’Ordre: Hompesch. Celui-ci vient de signer un accord avec le Tsar contre les Français, mais à Malte, les intelligences de Bonaparte sont nombreuses et les troupes très faibles.
Le 10 juin à 4 h 30 du matin, les troupes françaises vont débarquer en plusieurs points, réduisant vite les tentatives de résistance. La capitulation est obtenue et l’île conquise.
Vaubois est laissé pour commander Malte avec Chanez,. commandant la place. Bonaparte leur laisse environ trois mille hommes. Pour compenser ces effectifs, cinq cents esclaves turcs libérés serviront sur la flotte et une légion maltaise est formée par Dugua à partir des gardes du Grand-maître et du régiment de Malte, environ cinq cents soldats, peu enthousiastes. Le départ de Malte pour l’Egypte s’effectue le 18 juin.

Le débarquement en Egypte, 1er juillet 1798

Arrivée le 1er juillet devant Alexandrie, la flotte est avertie par le consul français que quatorze vaisseaux anglais de Nelson sont passés là trois jours avant. Devant cette menace, Bonaparte décide de hâter le débarquement des troupes et choisit l’anse du Marabout pour le réaliser. Les chaloupes vont braver les difficultés et amènent des soldats jusqu’à la nuit. A 5 heures du matin, Bonaparte dispose de cinq mille hommes.
Entraînant ces troupes vers Alexandrie, Bonaparte arrive devant les murs de la ville à 9 heures du matin le 2 juillet et lance l’attaque. Menou à gauche, le long de la mer, Kléber au centre et Bon vers la porte de Rosette. Laplace tombe et Davout, avec Boyer, obtiennent la reddition du fort.
Pendant ce temps, les divisions Reynier et Desaix ont fini de débarquer ce 2 juillet au Marabout et rejoignent la ville. Kléber blessé pendant l assaut, restera à Alexandrie avec la 69e et les dépôts divers. Il est remplacé à la tête de sa division par Dugua. Menou également blessé, ira commander Rosette cédant sa division à Vial.

LA TRAVERSEE DU DESERT
— La voie choisie mène à Ramanieh qui est à 76 kilomètres d’Alexandrie. Elle passe par Damanhour.
C’est Desaix qui part en tête, dès le 3 juillet. Cette traversée sera très dure à cause du manque d’eau. Au premier village d’EI Beydah, presque rien, après 16 kilomètres. A El Akrich, 6 kilomètres plus loin, c’est pareil. Ce n’est qu’à Damanhour atteinte le 6 à minuit que les hommes vont trouver de l’eau et des vivres, mais le moral est bas.
Reynier, qui suit, rejoint le 7 dans cette place. Dugua, avec Murat est parti le 6 par la route de Rosette où Pérée est chargé d’organiser une flottille qui doit remonter le Nil. Les deux autres divisions vont aussi prendre la route du désert.

LE 13 JUILLET 1798, CHOBRAKHIT OU CHEBREIS. – C’est le premier vrai combat contre les Mamelucks. Sur le Nil la flottille de Pérée avec le général Andréossy et le général Zayonchek remonte le Nil, alors que l’armée marche sur la rive droite. A Chobrakhit, les ennemis ont installé quelques canons près du Nil, sur cette rive gauche par où débouchent les Français.
La flottille de Pérée est en avance à cause des vents favorables. Elle va se heurter aux bâtiments armés des Mamelucks et ne dispose que d’une demi-galère et trois chaloupes canonnières avec derrière le chébec-amiral, le Cerf. Derrière avancent les bâtiments transportant les hommes du génie et les cavaliers démontés. Le combat sera dur sur le Nil, une chaloupe et la demi-galère sont prises, deux bâtiments coulés. Il faudra que la division Bon arrive sur le bord du fleuve et prenne les canons ennemis pour que la flottille puisse débarquer sur la rive droite ses troupes, en catastrophe.
L’armée avec cinq carrés formés par les divisions a repoussé sans problèmes les diverses attaques des Mamelucks désorientés par les forteresses vivantes qui leur sont opposées. Ils se replient avec quelques pertes. Leurs bateaux, dont un a explosé, se retirent aussi.

LA BATAILLE DES PYRAMIDES, LE 21 JUILLET 1798.
Les Mamelucks ont décidé de livrer bataille avant Le Caire. Mourad Bey a établi son camp sur la rive gauche du Nil avec une ligne retranchée devant le village d’Embabeh où sont alignés une quarantaine de canons. Il dispose de plus de six mille cavaliers d’élite et de tous leurs suiveurs à pied, plus de quatre mille hommes dans les retranchements.
Sur la rive droite est le corps d’lbrahim Bey et une flottille importante couvre le fleuve. Bonaparte va déboucher avec son armée sur cette rive gauche qu’il remonte depuis plusieurs jours. Ses cinq divisions sont échelonnées, la droite en avant.
Les carrés sont sur six rangs devant et derrière et sur trois pour les côtés. L’artillerie est aux angles. Vers 16 heures, les Mamelucks vont charger les divisions Desaix et Reynier. Ils sont fusillés de partout ainsi que ceux qui repassent dans Bechtil et repoussés avec des pertes lourdes. Sur la gauche, ce sont les Français qui vont attaquer les mauvais retranchements des ennemis. Rampon mène l’assaut appuyé par les carabiniers de Marmont.

C’est la déroute des Mamelucks et de leur infanterie d’accompagnement. Ils sont rejetés dans le Nil et, même Marmont leur bloque ce passage avec ses carabiniers. Le chef d’escadron Lasalle avec quelques cavaliers légers, achève cette panique, cela lui vaudra sur le terrain sa nomination de chef de brigade. La victoire est totale. Mourad Bey se retire vers le Sud et la Haute-Egypte, Ibrahim Bey se dirige par contre vers la route de la Syrie. Un millier d’ennemis ont été tués ou noyés et les pertes françaises sont minimes. La route du Caire est libre. Le butin est considérable.

LA BATAILLE NAVALE D’ABOUKIR, LE 1er AOÛT 1798.
– Brueys a trois options ; entrer dans le vieux port d’Aboukir, dont l’entrée est limitée, ou bien aller à Corfou ou encore se mettre dans la baie d’Aboukir. L’amiral choisira cette baie avec sa flotte au mouillage. Depuis le 7 juillet, il aurait pu perfectionner sa position et préparer ses vaisseaux et ses équipages à un combat contre des marins d’élite conduits par des chefs et un amiral d’élite. Il sait qu’il est repéré depuis le 20 juillet car deux bateaux anglais sont venus devant la rade. Il sait que Nelson arrivera bientôt… Seul Blanquet du Chayla est opposé à ce type de combat. Ganteaume est pour, malgré ce qu’il dira ensuite, ainsi que Villeneuve. Le 1er août 1798, les treize vaisseaux français sont donc en ligne : trop au large et trop loin de l’îlot d’Aboukir où l’on a installé quelques canons inutiles.

Ils sont à l’ancre et reliés entre eux dans l’ordre suivant :
Le Guerrier , capitaine Trullet aîné. 74 canons. Vieux bateau bon pour la réforme depuis deux ans, avec 529 hommes ;
Le Conquérant, capitaine Dalbarade, de 74 canons mais armés seulement de pièces de 12 et de 18. Vieux navire. 400 hommes environ ;
Le Spartiate, capitaine Emeriau. 74 canons et 526 hommes ;
L’Aquilon, capitaine Thévenard (fils d’amiral). 74 canons et 508 hommes ;
Le Peuple Souverain, capitaine Racord. 74 canons et 573 hommes. Condamné depuis deux ans ;
Le Franklin, capitaine Gillet avec le contre-amiral Blanquet du Chayla à bord. 80 canons et 694 hommes ;
L’Orient, amiral. 120 canons et 757 hommes. Avec Brueys et Ganteaume. Le capitaine est Casabianca ;
Le Tonnant, capitaine Dupetit-Thouars. 80 canons et 608 hommes ;
L’Heureux, capitaine Etienne.74 canons et 529 hommes ;
Le Mercure, capitaine Cambon.74 canons et 540 hommes. Réparé à Toulon, usé ;
Le Guillaume Tell, capitaine Saulnier avec le contre-amiral Villeneuve commandant l’arrière-garde. 80 canons et 662 hommes ;
Le Généreux, capitaine Lejoille. 74 canons et 474 hommes ;
Le Timoléon, capitaine Trullet cadet. 74 canons et 619 hommes.
Avec en appui la division légère de quatre frégates :
– La Diane, capitaine Soleil avec le contre-amiral Decrès. 40 canons ;
— La Justice, capitaine Villeneuve. 40 canons ;
— L’Artémise, capitaine Standelet. 36 canons ;
— La Sérieuse, capitaine Martin. 36 canons.
Et trois galiotes à bombes : I’Hercule, la Portugaise et l’Oranger, et de nombreux bâtiments légers qui vont se mettre à l’abri sous le fort d’Aboukir.

L’arrivée des Anglais est décelée à 14 heures. Les hommes à terre sont rappelés dans le désordre; à 15 heures, branle-bas de combat, mais l ‘attaque n’aura lieu qu’à 18 heures.
Nelson va lancer ses quatorze vaisseaux de 74 canons à la curée. Seul le Culloden passé trop près de l’îlot d’Aboukir s’échoue, les autres vont se ruer sur les premiers vaisseaux français dont ils doublent la ligne, les attaquant sur les deux bords à deux ou trois contre un mouillant pour prendre leurs adversaires en écharpe. À 21 h 30, le Guerrier et le Conquérant sont rendus, ainsi que l’Aquilon. Le Spartiate résiste jusqu’à 23 heures. Le Peuple Souverain rompt ses amarres à 23 heures et dérive, il se rendra à 4 h 30.
Le Franklin se bat jusqu’à 11 h 30. Dupetit-Thouars blessé à mort à 20 heures. Gillet blessé à 21 h 30, c’est Martinet qui rend le navire.
L’Orient a démoli le Bellérophon et atteint le Majestic, mais Brueys a été tué à 19 h 30, puis Casabianca. Le bâtiment brûle et est abandonné vers 22 heures. Ganteaume est dans une chaloupe lorsque vers 22 h 15 le vaisseau-amiral explose. Le Tonnant rompt ses amarres devant l’incendie de l’Orient. Dupetit-Thouars a été blessé à mort à 20 h 30. Le vaisseau se laisse dériver, cesse le combat à 3 h 30 le 2, mais n’amènera son pavillon que le lendemain.
L’Heureux ne combat qu’à 20 heures contre le Majestic, mais sans conviction et il va s’échouer. Il se rendra à 3 heures. Le Mercure dérive sans avoir beaucoup tiré. Il se rendra à 3 heures. Le Timoléon va dériver, gouvernail coupé. Il va se jeter à la côte et Trullet va évacuer son équipage et mettre le feu à son bateau le 3 août.

Villeneuve qui n’a pas bougé, indécis, va pouvoir se dégager emmenant le Guillaume Tell, le Généreux et les frégates la Diane (avec Decrès) et la Justice. Il pourra échapper aux Anglais et gagnera Malte sans le Généreux choisira Corfou et capturera le Leander avant d’arriver à ce port, sauvant l’honneur de cette flotte massacrée. L’Artémise a été coulée. Mille sept-cent marins français sont morts et les Anglais rendront plus de trois mille prisonniers et blessés, en gardant deux cents. Ils n’ont perdu que deux cent dix-huit tués et ont six cent quatre-vingt-dix-sept blessés.
Ils vont prendre l’îlot et remettre leur flotte en état. Ils brûlent le Guerrier, le Mercure et l’Heureux, trop vieux et irrécupérables, mais emmèneront six autres vaisseaux français. C’est un désastre complet.

Opérations contre Ibrahim Bey du 2 au 15 août 1798

Ce chef a pris la route de la Syrie et s’est arrêté à Belbeis. Il va intercepter la grande caravane de La Mecque avec ses richesses. Dès le 2 août, Bonaparte a envoyé Leclerc d’Ostein en avant vers Belbeis, mais il ne dépassera pas El Kânka.
Il faut des renforts et le général en chef va organiser une concentration des divisions Reynier, Dugua et Lannes avec sa cavalerie en avant. Le 9 août, les Français entrent dans Belbeis d’où Ibrabim est parti le 10, Lasalle avec ses cavaliers légers le rate de 3 heures.

LE 11 AOUT 1798. SALHAYEH.
– Ibrahim est installé dans cette oasis, mais il se met en route dès qu’il voit apparaître les cavaliers de Lasalle. La caravane du Bey s’engage dans le désert, couverte par un corps de six cents Mamelucks. Bonaparte ne peut compter sur son infanterie encore trop éloignée malgré ses marches forcées, alors il lance ses quelques cavaliers. Ce sera un combat terrible. Lasalle n’a guère que quelques hommes. La mêlée est terrible.
Heureusement les dragons arrivent avec les guides et les officiers de l’état-major. Caffarelli et Dommartin qui se sont lancés dans le combat seront réprimandés par Bonaparte. Murat, Leturcq et Duroc ont aussi combattu. Sulkowski a été blessé. Lagrange sera nommé général, Arrighi capitaine. Mais si Lasalle a réussi à sortir indemne de ce duel, son ami Détrès du 7e bis de hussards est relevé avec vingt et une blessures, Aymonin avec huit. Il y a treize tués et treize blessés mortellement. Enfin Ibrahim Bey a réussi sa fuite et gagne la Syrie tranquillement. Le seul fait positif est qu’il quitte l’Egypte et Reynier va organiser à Salhayeh une position clef qui va barrer l’entrée du pays vers la Syrie.
Bonaparte sera le 15 au Caire. C’est sur la route du retour qu’il va apprendre le désastre d’Aboukir qui le condamne à rester dans sa conquête.

LE CAIRE APRÈS LE 15 AOUT.
– Le 18, fête sur le Nil, avec rupture de la digue. Le 20, fête du Prophète. Le 29, paraît le premier numéro du Courrier d’Egypte imprimé par Marc Aurel, ami de Bonaparte à Valence. Fournier, Costaz et Desgenettes participent à cette rédaction. Le 22 septembre, c’est le premier numéro de la Décade égyptienne, le journal de l’Institut d’Egypte, journal des savants.
L’Institut a tenu sa première séance le 23 août, avec Monge comme président. Il reste à Bonaparte à organiser et à pacifier tout ce pays. Il reste à pacifier la Basse-Égypte très incertaine et à refouler Mourad Bey vers la Haute-Égypte, ce sera la mission de Desaix.

Opérations vers Le Fayoum de Desaix du 25 août au 1er décembre 1798

C’est Desaix qui va être, d’emblée, chargé de lutter contre Mourad Bey qui s’est replié vers le Sud. Cette lutte va durer près de deux années, constituant une guerre à part et aucun des commandants en chef ne viendra au dessous du Caire.

DÉPART LE 25 AOUT 1798.
– Desaix part sans Belliard atteint d’ophtalmie. Il n’a que Friant, pas de cavalerie et quelques canons, surtout deux pièces de cinq faciles à manier dans ces zones difficiles.
Le 31 août, il atteint Beni Souef où il attend les vivres, les munitions et des renforts.
Le 5 septembre, il est à Abou Girgeh et fait un raid vers Behneseh avec un seul bataillon de la légère avec le chef de brigade Robin. Les Mamelucks s’enfuient, mais douze barques sont capturées avec leur contenu. Le 10 septembre, Minieh avec arrivée de ravitaillement. Le 12 septembre Darout el Cherif où est l’entrée principale du canal de Joseph qui double le Nil sur sa rive gauche, descendant vers le Fayoum.
Le 15 septembre Desaix pousse vers Siout avec sa flottille sans succès.
Le 24 septembre, la division, que Morand vient de rejoindre, s’engage dans le canal de Joseph, le descendant avec des embarcations légères qui seules peuvent passer et encore difficilement. Les malades ont été renvoyés vers Le Caire.
Le 3 octobre, premier contact avec les ennemis à El Qiah.
En continuant à descendre, le 4 octobre, Desaix découvre le corps mené par Elfi Bey. Il faut débarquer les troupes et tirer le canon pour les repousser.

LE 7 OCTOBRE, SEDIMAN.
– L’armée de Mourad Bey est en bataille sur les hauteurs. Desaix fait débarquer ses hommes à 7 heures du matin et avance vers son adversaire. Il a formé un grand carré. Deux petits carrés sont de chaque côté: à droite, cent cinquante hommes, à gauche deux cents hommes.
Les Mamelucks vont déferler contre ces fantassins. Le grand carré les repousse ainsi que le petit carré de gauche, mais le petit carré de droite finit par être enfoncé après avoir tué de nombreux ennemis. Il y a dix-huit morts et trente blessés. Les blessés et les survivants regagnent le grand carré.
Les charges sont repoussées, mais Mourad Bey met cinq canons en position qui sont redoutables pour une formation serrée comme celle de Desaix. Le général décide d’attaquer et les fantassins se ruent sur les pièces dont quatre sont prises.
Dès lors les cavaliers de Mourad Bey s’enfuient poursuivis par les boulets français. Leurs pertes sont grandes. Desaix comptera quarante-quatre morts et plus de cent blessés parmi ses hommes et il rage de ne pas pouvoir poursuivre car il est sans cavalerie, mais sa victoire est très brillante.
Le 9 octobre, la division compte deux mille neuf cent quatre-vingt-dix hommes. Rapp ramène les blessés au Caire où il arrivera le 14 octobre.

Le 12 octobre, Desaix s’installe dans le Fayoum. Il va laisser à Medinet el Fayoum, Robin, nommé général après Sédiman. Il commande près de sept cents soldats dont trois cent cinquante malades. Desaix va réduire les villages hostiles, mais pendant ce temps Mourad averti de son départ attaque Medinet el Fayoum. Robin laisse les ennemis pénétrer dans le village, puis lance deux colonnes, l’une avec Eppler, l’autre avec Sacrost qui font un carnage des assaillants qui laissent deux cents tués dans les ruelles. Les Français ont eu quatre morts et seize blessés.
Belliard guéri, rejoint avec des renforts; les chevaux ramassés ont été dirigés sur Boulak où se forme la cavalerie si nécessaire.
Desaix part le 1er décembre pour Le Caire où il va compléter sa petite armée avec surtout la cavalerie, près de mille hommes sous les ordres du général Davout. Ils partiront le 6 décembre pour Beni Souef où se met en place le corps qui va réaliser la campagne magnifique de la Haute-Égypte. Pour garder le Fayoum, le général Veaux a un bataillon. Pour tenir Beni Souef, Boyer a un bataillon.

La campagne de la Haute-Egypte du 16 décelbre 1798 à juin 1799

LA DIVISION DESAIX, LE 16 DÉCEMBRE 1798.
– Le chef d’état-major est Donzelot avec son frère comme adjoint. Aides de camp du général: Savary, Rapp, Clément. Généraux : Friant, Belliard, Davout, Duplessis, Lasalle.
Cet ensemble représente donc environ quatre mille hommes qui vont remonter le Nil jusqu’aux cataractes. La flottille dispose de plusieurs djermes armées qui sont : la Brueys, la Casablanca, l’Italie, la Victoire et une autre djerme armée. Des canges les accompagnent armées de pierriers. Les djermes sont armées de quatre pièces de six plus deux pièces de deux. Ce sont les seul bâtiments capables de remonter le Nil. C’est Guichard qui commande la flottille. Le Copte Moallem Jacob, ancien intendant de Soliman Bey accompagne Desaix et son action sera précieuse.

LA CONQUETE DE LA HAUTE- ÉGYPTE, LA REMONTÉE.
– Desaix va remonter la rive gauche du Nil, mais les Mamelucks fuient devant lui, refusant le combat.
Le 21 décembre, il atteint Minieh. Le pays est très riche et l’on trouve quatre barques armées et des canons abandonnés avec quatre chameaux charges de poudre.
Le 25 décembre, Girgeh. Le cheik de Beni Adin s’allie aux Français et il assurera l’escorte de la caravane qui vient de Darfour et se dirige vers Le Caire. La flottille est très en retard et Desaix doit l’attendre avant de poursuivre. Le marin qui la commande est assez inepte et il n’arrivera que trois semaines plus tard. Cette halte prolongée va permettre à Mourad Bey de rassembler des forces lui permettant de livrer bataille. Il est vers Hou et reçoit des renforts. I1 tente aussi de susciter des révoltes sur les arrières de Desaix vers Tahtah.
Davout est envoyé avec ses cavaliers pour aller réduire ces foyers dangereux. Le 3 janvier 1799, il se heurte à un rassemblement devant Saouaqui. Il va le disperser et massacre mille cinq cents révoltés, n’ayant que quinze blessés.
Averti que vers Tahtah, des forces plus nombreuses sont groupées, il s’y rend. Des masses importantes entourent la colonne française et l’attaquent en queue. Le 20e dragons aidé par le 15e de Pinon vont repousser les charges tuant cent cinquante cavaliers. Ils attaquent ensuite les hommes à pied et en tuent huit cents. Comme un village voisin participe, les cavaliers légers vont l’envahir et exterminer cinq cents révoltés.
Ces deux exemples terribles vont ramener la tranquillité sur les arrières. Le 19 Janvier 1799, la flottille est enfin arrivée. Desaix repart le lendemain en sachant que Mourad l attend, prêt au combat, enfin.

LA BATAILLE DE SAMHOUD, LE 22 JANVIER 1799.
– Mourad Bey a ses mille cinq cents Mamelucks plus quatre cents amenés par Hassan Bey descendu d’Esneh, sa capitale. Des fantassins sont arrivés par Kosseir de La Mecque. Ces Mecquains sont environ deux mille et sont braves et fanatiques. Des Arabes complètent cette force avec environ trois mille cavaliers et sept mille piétons, mais on sait qu’ils s’enfuient facilement.
Les Mecquains sont à Samhoud, derrière un canal presque à sec qui rejoint le Nil, les Mamelucks sont plus à gauche vers le désert. Desaix avance vers eux avec trois carrés: en avant Belliard se dirige vers le village; Friant est en retrait vers le Nil et entre les deux, la cavalerie est formée aussi en carré.
Belliard repousse les Mecquain, Rapp qui l’appuie est blessé.
Les Mamelucks s’ébranlent alors, ils vont entourer le carré de Friant sans succès. Ils sont alors chargés par la cavalerie de Davout et s’enfuient vers le désert. Les Mecquains sont enfoncés et Desaix avance vers Farchout emporte et pillé, puis marche vers Hou occupé la nuit. La victoire est totale.
L’avance continue et le 26, Thèbes est dépassée. Le 27 Esneh est occupée, Friant y reste. Belliard continue avec la cavalerie vers Syène. Le 1er février 1799, la cavalerie entre dans Syène et le lendemain Belliard arrive. Il va occuper la place d’Assouan et s’y organiser. Il devra attendre le 18 pour s’emparer de l’île de Philae. La cavalerie redescend sur les deux rives du Nil.

LE 11 FÉVRIER : BATAILLE DE REDECIEH.
– Davout, qui redescend la rive droite du Nil, est surpris par les cavaliers d’Osman-Bey là, se livre un terrible combat de cavalerie.
Les pertes sont lourdes et égales des deux côtés. Le chef d’escadron, Fontête est tué par Osman, Lasalle s’est démené comme un lion, mais trente-sept Français sont morts dont six officiers et il y a quarante-quatre blessés. Osman blessé est reparti dans le désert.
Le 13 février, attaque de Keneh. Conroux les repousse mais est blessé. Deux cents assaillants sont tués et Dorsenne, alors chef de bataillon, va les poursuivre. Pas de pertes chez les Français. Le 14 février, Friant va attaquer ces ennemis, en majorité Mecquains. Le 17 février, il les débusque à Aboumanah et les écrase, s’emparant aussi de leur camp. Il y a quatre cents ennemis tuÈs et un butin considérable. Friant descend alors vers Girgeh où il laisse Morand avec un bataillon. Le 2 mars, Desaix quitte Kous et atteint Farchout le 3 mars. Il atteindra Siout le 8 mars.

LE 3 MARS 1799, DÉSASTRE DE BENOUT. LA FLOTILLE ANEANTIE.
– Hassan, le Mecquain, a reçu, des renforts importants et il va attaquer au-dessus de Benout la flottille retardée par des vents contraires. Morandi commande la djerme armée l’Italie, suivie de nombreuses barques portant des blessés de Redecieh et de nombreux malades. Les ennemis s’emparent des petites barques malgré le feu intense de l’Italie qui tue beaucoup de monde. Ils se lancent ensuite à l’abordage de la canonnière qui finit par s’échouer. Morandi assailli de toutes parts, met le feu aux poudres et meurt dans le fleuve. Tous les Français sont massacrés, deux cents matelots et trois cents malades ou blessés.

LE 8 MARS, BENOUT. LA REVANCHE.
– Belliard s’est avancé pour venger ce désastre. Dans la plaine de Coptos, il repousse les Mecquains qui sont trois mille appuyés par quatre cents Mamelucks. Il les refoule vers Benout et encercle les fantassins. Il lui faudra trois jours de combat pour anéantir plus de six cents ennemis. Il va se placer à Keneh comme base principale.
Desaix à Siout, a organisé ses bases le long du fleuve. Detrès est à Minieh, Lasalle à Tahtah. Morand à Girgeh. Pinon restera à Siout. Desaix regroupant ses hommes, forme une colonne mobile qui va de nouveau remonter le Nil vers Keneh où il arrive le 27.

LE 2 AVRIL, 1799… BIR EL BAR.
– La colonne de Desaix suit la rive droite du Nil, l’infanterie près du fleuve et la cavalerie sur les hauteurs. Les éclaireurs annoncent la présence des ennemis. Le général qui s’est avancé, se trouve chargé et ramené à toute allure avec l’avant-garde par de très nombreux Mamelucks. Duplessis lance alors ses hussards dans un combat furieux où il va trouver la mort. Le chef d’escadron Bouvatier qui vient à leur secours avec ses dragons, est tué, lui aussi. Les Mamelucks sont repoussés mais les pertes sont lourdes. Après ce combat Hassan se replie au loin.
Desaix va redescendre le Nil, laissant Belliard tenir la partie haute. Il va rester un moment à Girgeh, puis descendra vers Siout où il arrivera le 15 mai. Pendant ce temps de nombreux combats se sont livrés le long du Nil.

LE 16 AVRIL.. BENI ADIN.
– Partant de Siout, Davout va vers Beni Adin où une révolte s’est déclenchée. Il va écraser les révoltés dont deux mille restent sur le terrain avec un butin considérable.
Les Beys tiennent toujours la campagne, mais l’essentiel est fait lorsque Bonaparte revient de Syrie.
Par un court voyage à Suez, Bonaparte parti le 24 décembre, a organisé cette place importante et il a fait préparer les bases de Salahieh et de Katich. Il mobilise ses forces pour son expédition difficile.
Cela forme une petite armée de treize mille hommes, mais quels soldats !

La campagne de Syrie

Le 6 février 1799, Reynier part en avant-garde vers El Arisch ; dans la nuit du 14 au 15 février, Reynier va attaquer le camp des Mamelucks après avoir emporté le 14 le village d’El Arisch et isolé le fort très défendu. Le camp des Mamelucks est occupé par six cents cavaliers et mille fantassins. Reynier le contourne par la gauche, Lagrange marche sur la droite. C’est un massacre car la surprise a bien joué. La prise est bonne cent chameaux, cinquante chevaux, neuf drapeaux et des vivres en abondance. Le fort d’EI Arich est maintenant complètement isolé, mais il va se défendre durement.
Kléber a rejoint Reynier, le reste suit. Bonaparte arrive le 17 février. Reynier assiégera le fort difficile à prendre faute d’artillerie efficace, mais Bonaparte accorde une capitulation très favorable qui est acceptée et la garnison sort le 20 février.
Le 21 février. Kléber part pour Gaza en avant-garde. Il va s’égarer et se retrouvera avec la suite devant Gaza. La ville est prise le 24 février. Les divisions rejoignent et le 28 départ vers Jaffa. Le 3 mars devant Jaffa ; les travaux d’attaque sont terminés le 6 mars et l’assaut est lancé le 7. La ville est enlevée, le massacre est épouvantable ainsi que le pillage qui durera une journée entière. Des trois mille prisonniers, seuls les Egyptiens seront épargnés, les autres sont exterminés. Le 17, l’armée atteint Haïfa abandonnée.

LE 18 MARS INVESTISSEMENT DE SAINT-JEAN D’ACRE.
– Le 28 mars… premier assaut complètement raté. Escale et Laugier tués ainsi que Souhait et Say du génie. Le 1er avril, deuxième assaut raté. Les munitions manquent ainsi que les canons de gros calibre.

MENACES VENANT DE DAMAS.
– Des forces importantes arrivent au secours de Djezzar.

5 AVRIL, COMBAT DE NAZARETH.
– Junot détaché avec trois cents hommes de la 2e légère et cent vingt cinq dragons du 14e est attaqué par deux à trois mille cavaliers. Il réussit une retraite excellente perdant douze tués et quarante-huit blessés. Il a abattu près de six cents ennemis et pris cinq drapeaux.
Le 10 avril, Kléber ; envoyé au secours de Junot, amène Verdier avec la 75e et trois compagnies de la 25e et confie à Junot la 2e légère avec trois compagnies de la 19e. Il va repousser ainsi l’assaut de quatre mille cavaliers et regagne Nazareth.
On annonce de très nombreux renforts de Damas, aussi Murat va occuper le pont de Yakoub le 15 avril. Bonaparte décide d’aller appuyer Kléber et emmène la division Bon, la cavalerie de Leturcq et les guides.

LE 16 AVRIL 1799, BATAILLE DU MONT-TABOR.
– Kléber débouche au petit matin dans la plaine d’Esdrelon où les Mamelucks ont établi doux camps. Kléber s’avance avec deux carrés vers Fouleh. Il est entouré par des milliers de cavaliers qui se renforcent sans cesse. Les Français, imperturbables, repoussent les attaques Ils ont autour d’eux vingt-cinq mille cavaliers et plus de trois mille fantassins. Les deux carrés se sont fondus en un seul. Tout d’un coup le bruit du canon annonce l’arrivée de Bonaparte et des renforts. Il a envoyé Leturcq couper le camp d’Ellegoun et fait tourner les ennemis par les carrés de Vial, de Rampon et des guides entre Ellegoun et Fouleh.
Kléber déclenche alors l’assaut de Fouleh. Les Mamelucks et les Turcs s’enfuient abandonnant leurs camps avec de lourdes pertes, plus de cinq mille hommes.
Cette victoire ne résoudra pas pour autant le siège Saint-Jean d’Acre.

Le 24 avril, nouvel assaut raté ; le 4 mai, une attaque de nuit échoue, la liste des morts s’allonge. Des renforts d’artillerie lourde sont arrivés et redonnent un espoir ; le 7 mai nouvel assaut des 18e et 32e. Cette fois-ci la tour est enfin enlevée ; Bonaparte rappelle la division Kléber en renfort. Le 8 mai, deux cents braves avec Rambeaud arrivent à pénétrer dans la place.
Ce général est tué, Lannes blessé gravement. Il faut reculer. Cette division va monter deux fois à l’assaut mais ne peut franchir toutes les lignes de défense successives. Il faut lever le siège et retourner au Caire. Les pertes seront lourdes, au total, pour cette expédition deux mille deux cents morts dont mille de peste ou de maladies, deux mille trois cents éclopés et les pertes en matériel et en bateaux.

La bataille d’Aboukir, le 25 juillet 1799

L’arrivée d’une flotte turque devant Aboukir et Alexandrie jette l’alarme le 11 juillet. Marmont hésite dans Alexandrie. Bonaparte mobilise ses forces et les dirige vers Ramanieh. Le 14 juillet le débarquement s’effectue à Aboukir. Le chef de bataillon Godard n’a que trois cents hommes et cinq canons pour défendre la redoute qui protège le fort. Le 15 juillet, il se bat jusqu’à cinq heures du soir mais finit par succomber sous le nombre. Il est massacré avec tous les survivants. Seul un petit tambour peut s’enfuir vers Alexandrie. Le capitaine Vinache qui est isolé dans le fort avec trente-cinq hommes, se rend le 17 juillet. Ils auront la vie sauve grâce à l’intervention de Tromelin alors au service anglais. Bonaparte arrivé à Alexandrie le 21 au soir, va attaquer le 25 juillet.

POSITIONS DES TURCS.
– Ils ont une première ligne avec à droite mille soldats albanais retranchés sur le monticule du Cheik appuyés par mille deux cents hommes dans le village situé en arrière. A gauche leurs retranchements du monticule du Puits sont armés de six canons et contiennent deux mille défenseurs, environ. Leur deuxième ligne est beaucoup plus forte avec à son centre la redoute et des retranchements barrant l’isthme qui ne mesure là que cinq cents mètres de large. Cette ligne est tenue par sept mille hommes et derrière, autour du camp du Pacha est groupée une réserve de mille cinq cents gardes.

ATTAQUE DES FRANÇAIS.
– Contre le monticule du Cheik va marcher la gauche française avec Destaing emmenant un bataillon de la 75e un de la 4e légère et deux de la 61e. Il précède la division Lanusse avec la 18e et la 32e. Contre le monticule du Puits marche la division Lannes avec la 22e légère, la 13e et la 69e. Au centre Murat dirige la cavalerie avec les guides, les 3e et 14e dragons à droite et le 22e chasseurs avec le 7e bis de hussards à gauche.

PRISE DE LA PREMIÈRE LIGNE.
– Les deux monticules vont être enlevés par l’infanterie et la cavalerie empêchera les fuyards de se replier. Ils sont sabrés et jetés dans la mer. A gauche le village est enlevé avec l’appui de la 32e.

PRISE DE LA DEUXIEME LIGNE.
– Le combat fut beaucoup plus dur et Fugière qui monte à la tête de la 18e va échouer, blessé à la tête, il continue mais a son bras gauche emporté par un boulet. Leturcq qui attaque avec un bataillon de la 75e échoue aussi et resté seul, il est tué sur la redoute. Il faudra une attaque combinée précédée par les charges mémorables de Murat pour que Lannes avec la 22e légère et la 69e couronne la redoute.
Les Français atteignent le camp du Pacha. Murat est blessé par un coup de pistolet tiré par ce chef qui est pris par des hommes de la 32e et de la 69e. Les Turcs, en pleine déroute, sont jetés à la mer, les chaloupes canonnières nombreuses qui les appuyaient tirent même sur ces fuyards. Seuls deux mille cinq cents Turcs ont pu gagner le fort et s’y regrouper.
La victoire est magnifique. Il n’y a plus qu’à réduire le fort. Lannes en est chargé avec l’appui de Davout qui était placé face à Alexandrie pour protéger cette face des attaques possibles venant de Mourad Bey.

LA PRISE DU FORT.
– Le 28 juillet, Lannes est blessé à la jambe et laisse le commandement à Menou. En fait ce sont l’artilleur Faultrier et le chef de bataillon du génie Bertrand qui organisent les opérations. Les Turcs ont envahi progressivement le village qui précède le fort et y combattent très habilement.
On installe progressivement l’artillerie : deux pièces de 24. Les Turcs font des sorties meurtrières. Il faut que le général Davout commande la tranchée le 29 juillet pour qu’il mène une attaque décisive qui va emporter tout le village d’un coup. L’ennemi est refoulé dans le fort où il est bombardé. Les positions sont perfectionnées.
Le matin du 2 août les Turcs, mourant de soif, vont sortir et se rendre. Mille sont morts, mille cinq cents sont pris.

Les pertes des Français ont été de : cent cinquante morts et sept cent cinquante blessés pendant la bataille elle-même et de soixante-dix morts et deux cents blessés pour le siège du fort.
Parmi les morts, il faut citer l’adjudant général Leturcq, l’aide de camp de Bonaparte Guibert, le colonel du génie Crétin, le chef de brigade de cavalerie Duvivier et le chef de bataillon de la 32e Nugues. Bonaparte a quitté l’Egypte le 22 août 1799.

Commandement de Kléber

Bon organisateur et chef estimé, Kléber va bien mener les affaires locales, mais il va se heurter aux offensives guidées par l’Angleterre. Pourtant l’opposition de Mourad va se trouver anéantie par trois combats : le 1er octobre 1799, puis le 5 à Samhoud, Morand va lui infliger deux défaites graves complétées par Belliard à Sédiman le 9.
Un débarquement turc à Damiette sera écrasé par le général Verdier, très brillant le 1er novembre 1799. Une tentative vers Kosseir est repoussée par Donzelot. Kléber va négocier alors le retour de son armée abandonnée. Ces négociations vont aboutir à la Convention d’El Arisch, le 28 janvier 1800. Les Anglais sont en principe d’accord et Kléber commence à regrouper ses forces, confiant.
Il a tort car les Anglais vont dénoncer les accords et pendant ce temps les masses turques sont entrées en Egypte et le Grand-vizir a établi son camp devant les ruines d’Héliopolis. Comprenant cette trahison, Kléber se lance au combat et remporte la magnifique victoire d’Héliopolis le 20 mars 1800.

Bataille d’Héliopolis, le 20 mars 1800

Assez trompé par la duplicité des Anglais, Kléber a réuni ses forces pour aller combattre l’année du Grand-vizir Jussuf qui a établi son camp à El Khânka entouré de plus de quatre-vingt mille hommes. Il a placé son avant-garde à Matarieh avec six mille janissaires d’élite, seize canons et des cavaliers sous les ordres de Nassif-Pacha.
Face à ces masses, Kléber ne dispose que de dix mille combattants. Il a placé ses troupes de la façon suivante :
* à gauche : Reynier formant deux carrés : le carré de la brigade Robin ; le carré de Lagrange ;
* à droite : Friant avec aussi deux carrés : Belliard, Douzelot ;
* la cavalerie de Leclerc d’Ostein est au centre avec des pièces sur les flancs couvertes par les dromadaires ;
* l’artillerie de réserve est derrière la gauche couverte par les sapeurs et des grenadiers. D’autres pièces sont entre les carrés et sur leurs flancs protégées par des tirailleurs et des grenadiers couvrent les angles des carrés.

LA BATAILLE.
– Kléber se mit en marche vers 3 heures du matin. Reynier se dirige vers Matarieh et Friant passe plus à droite allant se placer pour couper cette place du gros des ennemis. Un corps de Mamelucks et de Turcs passe au large des Français se dirigeant vers Le Caire. Les guides chargent mais doivent être soutenus par le 14e dragons et le 22e chasseurs et ces ennemis continuent leur fuite vers Le Caire.
L’attaque de Reynier est terrible. Les grenadiers enlevés par Tarayre, enfoncent les Turcs qui sont anéantis.
Apres ce succès total, Kléber va affronter l’armée du Grand-vizir qui va s’ébranler devant les Français. Les artilleurs français démontent les canons ennemis et ils vont cribler de mitraille les masses qui les attaquent. Cette multitude est mise en pleine déroute et leur camp magnifique est abandonné aux vainqueurs.
Entendant le bruit des combats du Caire où Verdier et Zayonchek n’ont que deux mille hommes, Kléber envoie la brigade Lagrange à leur secours.
Avec le reste, il va poursuivre vers Belbeis. Le lendemain, Kléber renvoie aussi Friant vers Le Caire et continue vers Salahieh. Comme le Grand-vizir file vers la Syrie, Reynier va couvrir cette région bien dégagée.
Victoire magnifique qu’il va falloir compléter par la reconquête du Caire. Mais les ennemis ont envoyé un corps important dans la ville qui s’est soulevée. Il faut donc reprendre la capitale.

LE SIEGE DU CAIRE
Le siège du Caire va commencer le 22 mars et durer jusqu’au 27 avril, car le général français est économe de ses forces, mais la reprise sera terrible. Pendant le siège, Mourad Bey a décidé de s’allier à Kléber qui lui confie le commandement de la Haute-Egypte avec l’appui éventuel de Friant qui a remplacé Desaix parti au moment de la Convention pour la France.
La domination de Kléber est assise et les ennemis sentant bien sa puissance ont recours à l’assassinat de ce grand homme. Il a lieu le 14 juin 1800.

Commandement de Menou

Autant Kléber était indiscuté par ses pairs, autant la nomination de Menou due à l’ancienneté dans le grade, sera la source de conflits multiples car le nouveau chef n’est pas un vrai chef militaire. La reddition de Malte, le 5 septembre 1800 n’arrange rien.
Les Anglais lassés des échecs des Turcs, vont venir avec une armée anglaise de qualité et bien équipée. Ils vont débarquer le 1er mars 1801 et prendre le fort d’Aboukir s’installant ensuite vers Alexandrie. Menou est désemparé et il met dix-neuf jours pour réagir, finissant par réunir devant Alexandrie une force acceptable quoique inférieure à celle des adversaires. Cette fois-ci, ce ne sont pas des Turcs qui sont en face et la bataille de Canope livrée le 2l mars 1801 sera mal conduite par ce général incapable.

Bataille de Canope, le 21 mars 1801 (dite aussi bataille d’Alexandrie)

Malgré les avertissements annonçant un prochain débarquement d’une force anglaise importante, Menou ne prend pas les dispositions évidentes réclamées par les autres généraux. Ce fut la même chose lorsque l’apparition d’une flotte ennemie dans la rade d’Aboukir se concrétisa le 1er mars 1801. Le mauvais temps va retarder le débarquement des Anglais jusqu’au 8 mars. Friant qui commande cette côte ne dispose que de peu de forces: environ mille cinq cents hommes et deux cents cavaliers.
En face. le corps anglais est imposant: le général Abercomby dispose de seize mille fantassins, deux cents cavaliers et deux mille marins. La flotte groupe près de cent trente voiles.

LE 8 MARS, DÉBARQUEMENT ANGLAIS.
– Un corps de six mille hommes d’élite va débarquer couvert par de nombreuses chaloupes canonnières. Ils vont réussir malgré l’héroïsme des grenadiers qui vont bousculer les unités de la gauche ennemie. Cédant devant le nombre, Friant se replie vers Alexandrie laissant la garnison du fort d’Aboukir isolée. Elle capitulera le 19 mars.
Les six mille anglais seront renforcés progressivement par le reste de l’armée ce qui va demander plusieurs jours. Ils ne vont avancer que le 13 mars.

COMBATS DU 13 MARS. LE CAMP DES ROMAINS.
– Friant a reÁu le renfort de Lanusse. Le général Bon commande la cavalerie, des dragons et atteint le chiffre de cinq cent vingt cavaliers.
Toujours en infériorité. les Français attaquent quand même. Les pertes anglaises sont évidentes à cause d’une charge brillante des chasseurs.
Il faut reculer encore sur les hauteurs de Nicopolis. Les Anglais ne poursuivent pas et, au contraire, se fortifient sur les positions acquises près du camp des Romains.

RÉUNION DE L’ARMÉE FRANCAISE LE 20 MARS À ALEXANDRIE.
– Menou est venu, mais il ne commandera pas vraiment. L’armée réunit huit mille trois cent trente fantassins, mille trois cent quatre-vingt cavaliers et quarante-six canons.
La bataille est prévue pour le 21 mars à 4 h 30 du matin. L’ordre de bataille est le suivant :
* à gauche : Lanusse, avec Silly et Valentin,
* à sa droite : Rampon avec Sornet,
* ensuite : Destaing, les grenadiers de la 25e et les grenadiers grecs,
* plus à droite : Friant avec Delegorge,
* à droite : Reynier avec Damas et Baudot,
* un corps léger avec les dromadaires et quelques cavaliers vont faire une attaque de diversion à l’extrême droite.
La fausse attaque des dromadaires réussit, mais pas l’attaque principale menée sur la gauche par Lanusse car ce général est frappé à mort ce qui entrave l’élan de ses hommes. Toute la ligne va se battre de son mieux, mais les Anglais vont repousser les assauts. Au centre, la 21e légère est écrasée, la garde de son drapeau anéantie et l’emblème pris. Menou qui n’a rien suivi. envoie alors les cavaliers de Roize dans une attaque inutile. Les dragons passent et vont tuer le général Abercomy, mais leur chef Roize est tué et bien peu de nos cavaliers regagneront les hauteurs de Nicopolis. Menou va se fortifier dans Alexandrie ou il est pris au piège.

Les pertes sont lourdes : Lanusse qui acceptera trop tard l’amputation proposée par Larrey, va mourir. Il dira son mépris à Menou.
Roize tué, n’était général que du 25 avril 1800. Il a remplacé Leclerc d’Ostein mort au Caire de maladie, pour commander la cavalerie. Sornet, adjudant général avec Lanusse est tué. Silly, ancien chef de la 88e, général le 23 septembre 1800 a une cuisse emportée. Il sera retraité en 1802. Baudot, général le 17 août 1800, ancien aide de camp de Kléber est tué. Boussart du 20e dragons, général depuis le 23 septembre 1800, est blessé deux fois. Il mourra en 1813, général de division. Boyer adjudant général, a brillamment mené la 4e légère, il sera nommé général le 29 mars 1801. Il sera arrêté et renvoyé en France avec Reynier par Menou. Lhuillier, chef de la 75e est blessé gravement. Il sera général de division en 1801. Dorsenne, chef de la 61e est cité pour son audace. Il sera général de division en 1809 dans la garde.

Après son échec, Menou commet la faute de s’enfermer dans Alexandrie. Belliard resserré au Caire va négocier séparément le 27 mai un traité d’évacuation de ses hommes. Menou finira par capituler le 31 août 1801. L’armée va retrouver la France après cette épopée extraordinaire.

Titre de revue :
Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro de la revue :
383
Numéro de page :
pp. 29-38
Mois de publication :
juin
Année de publication :
1997
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