Le mouvement intellectuel sous le Second Empire

Auteur(s) : SCHUH André
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La France a connu au cours de son Histoire un rayonnement qui déborda largement nos frontières. Le Second Empire a contribué à cette renommée brillante.

L'Exposition universelle de 1867 a montré à ses dix millions de visiteurs, de Guillaume Ier de Prusse à Nicolas II de Russie en passant par Edouard VII d'Angleterre et le Grand Turc Abdul Azir, que la France est devenue en quelques années un pays moderne dont l'industrialisation est poussée au maximum. Toutes les nations étaient représentées à cette exposition, on y voyait un village autrichien, des isbas russes, des tentes kirkhises, un temple égyptien, le palais du Bey de Tunis, etc… On y rencontrait en permanence l'égyptologue Mariette, Charles Robin, professeur d'histologie, Maxime du Camp, grand voyageur et naturellement les frères Goncourt.

De grands travaux, le canal Saint-Martin, le pont Louis-Philippe ont été entrepris pour transformer et assainir Paris. Lorsque Napoléon III ne s'appelle que Louis-Napoléon et qu'il est en exil en Angleterre, il étudie et admire Londres et tout particulièrement ses parcs: selon certains témoignages, il aurait rêvé d'être jardinier paysagiste.
Napoléon III encourage l'agriculture, l'industrie, le commerce, il favorise les Instituts de crédit – le Crédit Lyonnais a été fondé en 1863 – et, sous l'impulsion de l'impératrice Eugénie aide les arts, les lettres et les sciences.

Certains historiens se sont laissés aller à écrire que pour le couple impérial les artistes de tout bord et de tout acabit n'étaient que des îlotes sans importance et sans intérêt. Quelle erreur! le Second Empire fut en effet, une véritable renaissance, une pépinière d'artistes et de scientifiques comme vous allez le constater.
Sitôt après le coup d'Etat, le Prince-Président – il ne sera couronné qu'un an plus tard – prend une série de mesures intéressant la capitale, notamment l'achèvement du Louvre et l'aménagement du bois de Boulogne.
Il fait appel à Haussmann, lequel constitue immédiatement son équipe et s'entoure de grands ingénieurs Belgrand et Alphand qu'il a vus à l'oeuvre lorsque l'un était préfet de l'Yonne, l'autre lorsqu'il était à Bordeaux. Alphand sera l'homme des promenades, Belgrand s'occupera de l'assainissement de Paris. Les rues insalubres, les culs-de-sac sont voués à la pioche des démolisseurs; à l'emplacement de la rue Traversine, ruelle misérable, se situe de nos jours la place Monge, qui n'a guère changé depuis cette époque.

A partir de 1852, les sciences vont faire de remarquables découvertes qui donnent lieu à d'importantes applications pratiques. La spécialisation est poussée à l'extrême, chaque savant ne s'occupe plus dorénavant que d'une partie d'une seule science. L'organisation scientifique est perfectionnée et des subventions sont accordées aux savants pour les aider dans leurs recherches.
La chimie moderne en est à ses premiers balbutiements, elle va faire une percée avec Marcelin Berthelot, auteur de travaux sur la synthèse des corps organiques. Cette synthèse chimique va lui permettre de fabriquer couleurs et parfums que l'on demandait autrefois au règne végétal ou animal. Il va également créer la thermochimie, imaginant pour cette étude le calorimètre de précision. Il fera une entrée triomphale à l'Académie des Sciences en 1868. Dès 1863 il avait eu les honneurs de l'Académie de Médecine.
Un autre savant, Sainte-Claire Deville (1818-1881) va découvrir les dissociations thermiques de la vapeur d'eau. En 1854 il imagine la méthode permettant la première préparation industrielle de l'aluminium. Quant à Pierre Martin (1824-1915) il invente, en 1865, le procédé qui porte son nom. De nos jours 1/10er de la production mondiale d'acier provient des fours du type Martin.

L'astronomie n'est pas en reste avec Urbain Le Verrier (1811-1877). Spécialiste des mécaniques célestes, son nom reste attaché à la découverte, en 1848, de la planète Neptune. En 1854 l'Empereur le nomme directeur de l'Observatoire. Abel Niepce de Saint-Victor, neveu du grand Nicéphore Niepce, invente en 1856, la photographie sur verre. César Despretz (1791-1863) influença le développement des sciences physiques, démontrant l'inexactitude de la loi de Mariotte, ce qui lui vaut en 1858 de devenir président de l'Académie des Sciences et de recevoir la Légion d'honneur des mains de Napoléon III.

Il est affligeant de constater qu'à notre époque on ne parle plus de ce grand savant, pas un dictionnaire ne cite son nom alors que ses travaux ont modifié le cours de la physique.
Edouard Branly (1844-1940), mort à 96 ans, au début de la Seconde guerre mondiale, imagine, en 1865, à l'âge de 25 ans, le cohéreur à limaille qui fit entrer, deux décennies plus tard, en 1890, la télégraphie sans fil dans le domaine pratique.

Les sciences naturelles vont, elles aussi, connaître un essor sans précédent grâce à Claude Bernard (1813-1878). Ses recherches portent sur les phénomènes chimiques de la digestion et le rôle du pancréas dans l'assimilation des corps gras. Professeur de physiologie expérimentale à la Sorbonne, professeur au Collège de France l'année suivante, il obtient en 1869, une chaire de physiologie comparée au Museum. Il est le plus illustre représentant de la science expérimentale dans le monde. Membre de l'Académie des Sciences en 1854, il fait son entrée à l'Académie française en 1868. Entre temps, le Strasbourgeois Charles Gerhard prépare l'aspirine.

Louis Pasteur, né en 1822, publie à 30 ans, en 1853, un Mémoire remarquable sur la cristallisation et sur la fermentation produite par le développement des germes spécifiques qui le rendit célèbre dans le monde savant. De 1857 à 1865 il ne fait pas moins de cinq découvertes portant sur la fermentation lactique, alcoolique, butylique et démontre que la génération spontanée est une chimère. Il prouve que la fébrine, maladie du ver à soie est contagieuse. Malheureusement le Second Empire ne pourra s'enorgueillir de sa plus grande découverte, puisque c'est seulement en 1885 qu'il met au point le vaccin antirabique et ceux du charbon et du choléra des poules. Ces méthodes font amener la découverte d'autres vaccins: croup, typhoïde. La sérothérapie est née.

Mais il reste beaucoup à faire, notamment dans le domaine du système nerveux, et là on va trouver un grand savant, maître de l'Ecole de la Salpétrière, le docteur Vulpian (1826-1887) professeur de pathologie comparée, puis doyen de la Faculté de Médecine. Il est l'auteur de travaux éminents qu'il résume, en 1866, dans un livre capital qui est une série de leçons sur la physiologie générale et comparée du système nerveux. Il entre à l'Académie des Sciences en mars 1870. Le docteur Grasset (1848-1918), après la chute du Second Empire poursuivra les travaux du docteur Vulpian.

N'oublions pas de citer le docteur Nélaton, chirurgien de l'Empereur, il s'illustra par les soins prodigués à Garibaldi et au Prince Impérial. On lui doit les Eléments de la pathologie chirurgicale. Pendant ce temps Flourens montre le rôle du cerveau dans l'équilibre des mouvements.

Le progrès de la science multiplie les inventions nouvelles. Si la première voie ferrée fut celle de Lyon à Saint-Etienne, c'est entre 1851 et 1860 que se créent les grands réseaux. On perfectionne les locomotives, le système de freinage est amélioré. Une expérience est même faite du chemin de fer monorail, inventé par Larmenjat. Seule une roue de la locomotive s'appuyait sur le rail. On pouvait atteindre 16 km/heure. Les voyages sont de plus en plus confortables. Le 3 novembre 1865, George Sand se rendant à Croisset chez Flaubert, note: « Express très rapide, temps délicieux, bonne causerie ». Ici l'inauguration de la ligne Paris-Orléans.

La voie des airs évolue, elle aussi, très rapidement et Gaston Tissandier (1843-1899) travaille entre 1865 et 1870 à améliorer les aérostats des frères Montgolfier. C'est seulement en 1875, après que Napoléon III eut quitté la scène politique, qu'il bat le record du monde d'altitude en s'élevant à 8.600 mètres.
Mais il n'y a pas que la science qui place notre pays à l'avant-garde du savoir, le mouvement littéraire éclate. Le romantisme dont Goethe disait: « C'est le malade et le classique le sain » a disparu depuis 1850 pour faire place à la littérature réaliste, naturaliste et plus près du réel.

Les lettres, n'en déplaisent à certains, vont s'enrichir d'un grand nombre d'écrivains. A l'époque du coup d'Etat, on ne compte plus, comme survivants de l'Ecole romantique, que Victor Hugo et Michelet.

Victor Hugo domine cette époque et se venge. Il a tort de poursuivre de sa haine Napoléon III, il ne sera pas, comme il le souhaite le naufrageur de la postérité du Second Empire. On lui reprochera ses extravagances et son orgueilleuse impiété dont il a rempli ses derniers ouvrages. Il va composer la plus personnelle et la plus riche partie de son oeuvre à Jersey, puis à partir de 1855 à Guernesey. Il a laissé aussi de nombreux lavis de sépia ou d'encre de chine où l'on retrouve ses dons de visionnaire.

A Michelet on fera des reproches similaires. Suspendu en 1851 pour son refus de prêter serment à l'Empire, il n'en reste pas moins un grand écrivain.
Il fut professeur d'Histoire au collège Sainte-Barbe. Il subit beaucoup l'influence de sa seconde femme Athénaïs Mialaret et publia des ouvrages littéraires lyriques, notamment en 1859 l'Amour. Son oeuvre est inspirée par ses passions, son culte de la vie, sa recherche d'une bible de l'humanité et son désir de ressusciter la vie intégrale.

Par opposition aux règles professées par les Romantiques se forme, en 1860, l'Ecole parnassienne, ainsi nommé du recueil de poésies le Parnasse contemporain où furent publiées ses oeuvres. Elle préconisait le culte de la forme et affectait l'insensibilité.
Théophile Gautier (1811-1894) en est le précurseur et le premier représentant, il devint l'un des théoriciens de l'art pour l'art, avec Emaux et Camées parues en 1852. Leconte de Lisle (1820-1894) en est le chef avec ses Poèmes Antiques édités en 1852 et les Barbares publiées dix ans plus tard, en 1862, qui font ressortir une imagination puissante. Il manifeste une grande admiration pour la littérature grecque dont il traduira les principaux chefs-d'oeuvre. En 1860, il ouvre un salon boulevard Saint-Michel et regroupe quelques disciples, à savoir : de Heredia (1842-1905) poète et philosophe, il se montra toujours très préoccupé par les problèmes posées à la conscience de l'homme par l'évolution du monde moderne. Ses ouvrages philosophiques tombent souvent dans les dangers du vers didactique (1), notamment Les Trophées parus après la chute du Second Empire en 1893. Par contre, il a excellé à traduire les sentiments les plus délicats de la vie intime du coeur. François Coppée (1842-1908) poète des petits et des faibles, des humbles comme il les appelle dans un de ses recueils. Il fait paraître Les reliquaires en 1865, Intimités en 1868 qui le font ranger dans les Parnassiens. On lui doit aussi quelques pièces de théâtre, notamment Le passant, écrit en 1869. Henri de Bornier (1825-1891) grand dramaturge, il ne commence à publier qu'à l'âge de 50 ans, au lendemain de la guerre de 1870. On lui doit La fille de Roland. Théodore de Banville (1825-1891) un des maîtres de l'Ecole parnassienne. Ses oeuvres sont d'une forme scrupuleuse, d'une versification curieusement ciselée, toujours à la recherche de la rime ultra riche. On lui doit, en sus de son Traité de poésies, Gringoire, charmante et fine comédie, écrite en 1866.

Puis, va naître l'Ecole symbolique par réaction contre la grande précision des Parnassiens. Elle recherche le vague, l'imprécis côtoyant souvent l'extravagant et l'inintelligible. Verlaine (1844-1896) en fut le chef. Sa carrière est banale. L'amour malheureux pour sa cousine morte en 1867 et l'alcoolisme le plongent dans le désarroi moral que trahissent Les poèmes saturniens, publiés en 1866 et Les fêtes galantes en 1869. Baudelaire, héritier du romantisme et fidèle à la (2) prosodie traditionnelle erre dans Paris, d'un hôtel meublé à un logis de fortune, de l'hôtel de Dunkerque à l'hôtel d'York, passant des heures entières au café de Madrid, il assiste à la métamorphose de sa ville, sa charmante, sa cité pleine de rêves. Il écrit dans les tableaux parisiens :

Paris change, mais rien dans sa mélancolie
n'a bougé. Palais neufs, échafaudage, blocs
vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie
et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs.


Ses poèmes Les fleurs du mal (1857), Poèmes en proses (1869) sont à la source de la sensibilité moderne. Mallarmé (1842-1898) n'est pas à proprement parler un écrivain du Second Empire. Il avait 28 ans au moment de Sedan et il ne connaît la célébrité qu'à 42 ans parce que Huysmans, romancier réaliste, écrivain subtil et tourmenté fait son éloge dans l'un de ses romans A rebours. Pourtant, l'oeuvre de Mallarmé, malgré sa brièveté et son inachèvement, apparaît comme une de celles qui ont déterminé l'évolution de la littérature au XXe siècle.

En dehors de ces Ecoles, Frédéric Mistral (1830-1914) est le chantre inspiré de la Provence dont il a su illustrer les légendes dans la langue même, sonore et douce du pays du soleil. Avec son ancien camarade du collège d'Avignon, Joseph Roumanille, il décide de se consacrer à l'illustration de la langue de son pays et entreprend de composer son oeuvre capitale Mireille. En 1854, il fait partie de la réunion de Font-Segugne des septs poètes provençaux, Aubanel, Brunet, Mathieu, Tavan, Giera, Roumanille, qui jettent les bases de l'organisation félibrige (3). Il publie en 1867, Calendal, en 1868, Le chant de la coupe et fonde en 1869, le Musée Arlatan.

Pendant ce temps les romanciers observent le monde et les hommes et veulent les décrire tels qu'ils sont. Souvent, on doit le reconnaître, ils n'ont réussi, pour la majorité d'entre eux, qu'à imaginer des situations exceptionnelles et des caractères chimériques.
Octave Feuillet (1821-1890) est de ceux-là, ses romans sont d'une conception un peu factice. Toutefois je n'irai pas jusqu'à dire, comme l'ont fait certains critiques, que son oeuvre est médiocre en particulier le Roman d'un jeune homme pauvre. Ce roman vaut par la finesse de l'observation, la grâce de l'esprit et du langage et par le réalisme de la situation. Il était très apprécié de l'Empereur et on le rencontrait à toutes les fêtes de Compiègne.

L'Ecole des impressionnistes a eu comme maître Gustave Flaubert. Ce fut un styliste et un observateur patient, même si ses romans manquent parfois de moralité. Madame Bovary a scandalisé le milieu bourgeois ce qui vaut à Flaubert d'être traduit en correctionnelle. Il est acquitté et l'ouvrage paraît en librairie en 1857. Mais il est rare que dans la vie de tout romancier de génie ne vienne pas un moment où il se sent capable de créer des mondes, de soutenir l'univers. C'est alors qu'il conçoit des projets d'architecture presque babylonienne; c'est le moment où il publie Salambô. La place de Flaubert dans nos lettres est, et demeure considérable. Il a laissé une oeuvre aux dimensions modestes, en raison de ses perpétuels scrupules, mais d'une haute valeur.

L'Ecole matérialiste est représentée par Emile Zola. On lui reprocha son penchant à ne peindre que le vilain côté de la vie. En revanche son style est imagé, parfois lyrique. Sous le Second Empire il va produire: Mes haines, (1866), Contes à Ninon, Thérèse Raquin.

Puis Alphonse Daudet, né le 13 mai 1840 ; il connaît la célébrité en 1866 avec Les lettres de mon moulin. Son premier volume de vers l'avait déjà fait connaître, il venait tout juste d'avoir 18 ans. Grâce à sa prestance, son esprit, sa sensibilité, il obtient son entrée dans quelques salons, comme celui de Mme Ancelot où il rencontre Alfred de Vigny. Le journal Le Figaro lui ouvre ses colonnes : il publie Les gueux de province, Le chaperon rouge. Il collabore aussi au Monde illustré et Au Musée des Familles. L'impératrice Eugénie, devant un tel talent intéresse au jeune poète le duc de Morny, président du Corps législatif, qui l'attache à sa personne en qualité de secrétaire particulier. La mort du duc en 1865, libérera Daudet du seul emploi qu'il eut jamais occupé. C'est alors le début d'une intense activité et il trouvera dans son épouse, Julia Allard, une collaboratrice dévouée. Mais son oeuvre-maîtresse reste Les lettres de mon moulin qui valent d'abord et surtout par la forme. La langue a de la sève et du bouquet comme un joli vin de pays; le style même a l'accent. La maladie dont il souffre depuis 1880 s'aggrave, pourtant l'année de sa mort en 1897, il publie son dernier roman: Soutien de famille d'une facture bien inférieure. Daudet a su mêler les courants traditionnels du conte français aux fabliaux médiévals et à l'allégresse de la chanson populaire. Il mérite amplement le succès qui n'a cessé d'accompagner son oeuvre depuis la fin du XIXe siècle.

Je ne voudrais pas conclure le mouvement littéraire sans vous parler de Mérimée et de George Sand.
Le premier doit sa célébrité à ses Nouvelles: Mateo Falcone, Tamango. Inspecteur des Monuments historiques, il fut, sous l'Empire un familier des souverains. Il s'attacha en premier lieu à traduire les écrivains russes. Romantique par le choix des sujets et le goût de la couleur locale, Mérimée appartient à l'art classique par la concision du style. Quant à George Sand, sa vie et son oeuvre évoluèrent au gré de ses attachements passionnés. Elle publie en 1831 avec Jules Sandeau, Rose et Blanche, puis après sa rupture avec Musset compose des romans passionnels tel Maupat. Sous l'influence de Pierre Leroux elle s'enthousiasme pour les idées socialistes, elle écrit alors des romans qui reflètent son mysticisme humanitaire, par exemple Spiridion. Après les journées révolutionnaires de 1848, auxquelles elle participe, elle va vivre à Nohant qui lui inspire des romans champêtres comme La mare au diable.

Alfred de Vigny, capitaine aux gendarmes rouges de la maison du Roi; il quitte l'armée en 1827 et se consacre à la littérature. Il écrit un roman historique Cinq Mars, dont le succès l'encourage. Puis après le décès de sa mère, de sa femme et sa rupture avec l'actrice Marie Dorval, il s'éloigne des milieux littéraires et se retire dans son manoir de l'Angoumois et publie quelques poèmes pour la Revue des Deux-Mondes. Enthousiasmé par la Révolution de 1848, il connaît de nouvelles déceptions et se rallie à l'Empire.

Je vous dirai deux mots sur les frères de Goncourt. L'aîné, Edmont Huot de Goncourt (1822-1896), le cadet Jules (1830-1870). Ensemble ils publient Soeur Philomène, Germinie Lacerteux. Leur style, d'une nervosité morbide est souple, pittoresque et excelle dans la notation rapide et vibrante. A Edmond seul on doit La fille Elisa, Chérie.

Enfin les comiques : Gondinet (1828-1888), il a écrit d'amusants vaudevilles comme Le homard, Le panache. Augier (1820-1889) est l'auteur du gendre de Monsieur Poirier. C'est un moraliste sûr et profond, peu enclin au paradoxe, peu accessible aux chimères, d'un esprit franc et savoureux. Labiche (1815-1888) doué d'une inépuisable fécondité et d'une grande verve nous a laissé La cagnotte, un Chapeau de paille d'Italie et Le voyage de Monsieur Perrichon, dans lequel Miss Alden a souvent tenu le rôle de Mademoiselle Perrichon avec talent.

Nous en arrivons aux historiens. Ce sont souvent des philosophes ou des critiques qui donnent à l'histoire un caractère de plus en plus positif et scientifique.
Hippolyte Taine (1828-1893), philosophe dans les Origines de la France contemporaine, se fait critique dans l'Histoire de la littérature anglaise parue en 1863. Il conçoit l'art de la littérature comme des fonctions naturelles de l'homme. On lui doit un Essai sur les fables de La Fontaine. Chargé de cours de l'Art à l'Ecole des Beaux-Arts, il applique à l'esthétique son déterminisme qui fait de l'art le témoignage de l'évolution spirituelle des sociétés. De Tocqueville (1805-1859) concilia l'estime de tous par la noblesse de son caractère et ses hauteurs de vues politiques. Sa Démocratie de l'Amérique est un chef-d'oeuvre, il l'écrivit avant l'avènement du Second Empire. En 1856 il fit éditer l'Ancien Régime et la Révolution. Fustel de Coulanges (1830-1880) se montre un remarquable historien pour la passion de la vérité, la sévérité de la méthode. Son oeuvre principale restera La cité antique parue en 1864. Il est aussi l'auteur d'une thèse Polybe ou la Grèce conquise par les Romains, en 1858. Tous ces historiens font reposer leurs affirmations sur des preuves.

Par contre, Ernest Renan dans les Origines du Christianisme mêle à la méthode scientifique des procédés de romancier. Bien qu'il ait reçu une éducation religieuse, il apprend même l'hébreu, il se détache de la foi catholique. En 1863 sort La vie de Jésus qui soulève une tempête de protestations. Renan est de ceux qui ne cesse d'envisager le progrès de l'humanité selon la catégorie de l'idéal. Albert Sorel (1842-1906) disciple de Taine se spécialise dans l'histoire diplomatique; on peut difficilement le rattacher au Second Empire, il n'avait que 28 ans à la chute de Napoléon III, par surcroît sa première publication Histoire diplomatique de la guerre franco-allemande date de 1876. Il méritait pourtant d'être cité. Thureau-Dangin (1837-1913) est un écrivain remarquable par la sûreté de l'information, la belle ordonnance du plan, la netteté du style. Il met huit ans à écrire une histoire de La monarchie de Juillet. Commencée en 1867 elle ne sera publiée qu'en 1875.

D'autres écrivains comme Paul Allard ou Monseigneur Duchesne se sont donnés très jeunes à l'histoire religieuse. Ce dernier acquit une réputation d'écrivain, dès 1868, à 25 ans.

De grands orateurs marquèrent par leur éloquence cette période du Second Empire. Ce furent Guizot (1787-1874), Antoine Berryer, même s'il se montra un adversaire résolu de Napoléon III il n'en fut pas moins un foudre d'éloquence. Montalembert (1810-1870) l'un des défenseurs les plus ardents du catholicisme libéral. Il soutint l'Empereur au début de l'Empire et passa ensuite dans l'opposition. Le discours qu'il prononça au congrès de Maline, sur les libertés modernes eut un énorme retentissement mais fut condamné par Rome qui y répondit par l'encyclique Quanta-Cura. On ne saurait passer sous silence Pierre Chesnelong (1820-1879), bien que monarchiste, il s'employa à la fusion des Orléanistes et des Légitimistes, se montra un orateur de talent, comme Jules Simon (1814-1896), philosophe spiritualiste auquel on doit d'éloquents ouvrages La procession, La liberté de conscience.

Le Second Empire fut également riche en prédicateurs, nous citerons: Le Père Félix qui se fit remarquer dans ses prèches sur « Les vérités fondamentales » et le Père Monsabré. Ils ont dignement occupé dans la chaire chrétienne la place laissée vide par Lacordaire le plus brillant orateur du XIXe siècle et le Père de Ravignan, dont l'éloquence valait plus par le raisonnement et la dialectique que par le sentiment et l'imagination.
Par ailleurs des écrits et des discours de Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, Mgr Pie, évêque de Poitiers, Mgr Freppel, évêque d'Angers et Mgr Morlot, cardinal-archevêque de Paris, Grand-aumônier de l'Empereur figureront dans l'histoire littéraire du Second Empire à côté des plus beaux monuments de l'éloquence religieuse.

La philosophie s'honore des noms d'Alfred Fouillé (1838-1912), il fut le créateur de la philosophie des idées-forces par laquelle il essaya de concilier les exigences de la morale et celle de la science. Joseph Gratry (1805-1898) à qui l'on doit Les sophistes de la critique, Ollé-Laprune (1839-1898) dont les études sur la certitude morale eurent à l'époque un grand retentissement.

La peinture fait également parler d'elle avec Alexandre Cabanel (1825-1905), portraitiste de talent, il exerça une influence académique sur la peinture de son temps. On lui doit Une vie de Saint-Louis que l'on peut admirer au Panthéon, mais une de ses oeuvres maîtresses reste Thamar. Il appartient à la lignée des classiques comme Bouguereau (1825-1905) dont les portraits sont souvent conventionnels et froids. Le Louvre conserve de lui La jeunesse et l'Amour. En ce qui me concerne j'ai une dilection particulière pour Mater Afflictorum. Puis viennent les romantiques avec Jean-Léon Gérome (1824-1904) aux toiles remarquables, traitées dans un style académique comme Suite d'un bal masqué. Un peintre qui se situe au premier rang de l'histoire de son époque est Jean-Paul Laurens (1838-1920) avec L'excommunication de Robert le Pieux. Cette toile est d'une grande expression et mérite quelques explications. Edouard Manet (1832-1883), élève de Thomas Couture. Il a une vigueur de touche et un sens des contrastes lumineux qui l'apparente aux grands Espagnols. Malgré cela l'exposition à la galerie Martinet de 17 toiles dont Lola de Valence que l'on peut aujourd'hui admirer au Louvre et Musique aux Tuileries qui se trouve à la Tate Gallery de Londres suscite l'hostilité de la critique. En 1863, Le déjeuner sur l'herbe est rejeté par le jury du Salon et figure au salon des refusés, où il fait scandale. En 1866 Le Fifre, chef-d'oeuvre de force et de sobriété est également refusé. Puis Manet change de style et il imposera une révolution picturale esthétique, à laquelle toutes les Ecoles postérieures sont plus ou moins redevables. Eugène Delacroix (1798-1863) brillant coloriste, novateur hardi est l'auteur de grandes peintures murales, à la galerie d'Apollon, au Louvre à la Chambre des Députés. En 1822, à 24 ans, il expose son chef-d'oeuvre Dante et Virgile aux enfers connu également sous le nom de La barque de Dante. Ce tableau est extrait de la Divine Comédie. Il donne lieu à des discussions passionnées et fut le signal de l'émancipation de l'Ecole française et le triomphe du romantisme. Son atelier place de Furstenberg, à Paris, a été transformé en musée. Gustave Courbet (1819-1877), on le pense, aurait souvent utilisé des personnages photographiés par Belloc. Sa première oeuvre réaliste est L'homme à la pipe. En 1851, le choix de ses sujets étonne les visiteurs du salon en particulier L'enterrement à Ornans et les Casseurs de pierres. Il peint, en 1853, Les demoiselles du bord de Seine qui remporte un franc succès et Chevreuil en hiver. Puis il crée sa propre exposition au 7 avenue Montaigne et lance un manifeste. C'est le romancier Champfleury qui est le théoricien du mouvement. L'Empereur lui offre en 1860 la Légion d'honneur qu'il refuse sous couvert de son républicanisme.

Nous trouvons ensuite les idéalistes avec Puvis de Chavannes (1824-1898), auteur de peintures murales caractérisées par l'harmonie de la composition, comme La vie de Sainte-Geneviève et l'hiver.

Viennent maintenant les religieux menés par Hippolythe Flandrin, réalisateur de belles fresques à Saint-Germain des Près. On lui doit également un Napoléon III, puis les militaires avec Adolphe Yvon qui a peint des oeuvres pleines de vie comme La bataille de Magenta, Alphonse de Neuville et Ses dernières cartouches, Edouard Detaille qui a laissé une composition d'une facture exacte et habile Le rêve et Rédition de Huningue. On trouve encore Ernest Meissonier dont la peinture Napoléon III à Solferino vaut par l'harmonie de l'ordonnance et la justesse de composition.

N'oublions pas les paysagistes Jean-Baptiste Corot, connu aussi sous le nom de Camille Corot, traducteur subtil des valeurs lumineuses et atmosphériques. Il se distingue par la sérénité de ses ciels et le charme poétique de ses brouillards d'argent. Il a laissé La cathédrale de Chartres, La femme à la perle, oeuvres d'une pureté exemplaire.
Théodore Rousseau qui a si merveilleusement interprété les sites de la forêt de Fontainebleau, notamment L'étang au soir. Jules Bastien Lepage, l'un des meilleurs représentants dit de l'Ecole du Plein Air et qui s'est illustré avec la Récolte des pommes de terre. Lhermite qui a excellé dans les scènes champêtres comme La paie des moissonneurs. François Millet dont les oeuvres fortes resteront Les glaneuses et l'Angelus qui sont d'une sincérité et d'une grande émotion. Claude Monet, précurseur de l'impressionnisme est découvert en 1855 par Eugène Boudin qui l'emmène peindre l'estuaire de la Seine et expose avec lui, en 1856, à Rouen. En 1862 il entre à l'atelier de Gleyre, peintre français d'origine suisse, auteur des Illusions perdues. Là il rencontre Renoir, Sisley, Bazille et tente avec ce groupe de rejeter les formules de l'académisme. Il peint en plein air avec des couleurs franches. Après des séjours en Grande-Bretagne où Turner l'enchante, il décide d'ouvrir avec ses amis une exposition de leurs tableaux refusés qui se tient chez Nadar. Monet fragmente à présent davantage sa touche, éclaircit et avive encore sa palette et c'est le succès avec Vetheuil. Il parachève son oeuvre devant son étang de Giverny. Il est largement représenté dans les musées du monde entier.

Avant de clore cette série des grands peintres, j'aborderai Ingres, élève de David, il s'écarte très vite des traditions de son maître pour étudier et imiter Raphaël. Une de ses oeuvres principales restera La grande odalisque. Il se distingue par la perfection du dessin, mais sa couleur est souvent grise. Une légende prétend que le peintre était plus fier de son jeu sur le violon, qui était fort ordinaire, que la peinture qui l'a rendu illustre. D'où l'expression: « Son violon d'Ingres » en parlant d'une marotte dont un artiste est plus entiché que de l'art où il excelle. Je citerai encore Troyon et son fameux tableau La vache se frottant.

Je vais aussi vous entretenir des photographes du Second Empire car ce ne sont pas des documents mais de véritables oeuvres qu'on leur doit. Quelles expériences ne tentent-ils pas? Auguste Rosalie Bisson, en 1861, fait l'ascension du Mont-Blanc, Nadar monte en ballon et réussit la première photo aérienne au-dessus de Bièvres. Chaque année cet exploit est commémoré le 1er dimanche de juin et c'est à Bièvres que se tient le Salon international de la photographie. En 1861, il s'enfonce sous terre et photographie au magnésium les catacombes et les égouts de Paris. Louis Ducos de Hauron et Charles Gros font, en 1869, les premiers essais de photographie en couleur, Prudent Dagron invente la photo sur micro-film. Le plus grand reste Nadar, de son vrai nom Adrien Tournachon. Initié à la photo par son frère le génial Félix, la rivalité éclate très vite entre eux, qui aboutit en 1857 à un procès et l'interdiction pour Nadar de signer Nadar jeune. On lui doit de nombreux portraits: Sarah Bernhart (musée Carnavalet). André Disdéri lance, en 1854, l'idée révolutionnaire de l'épreuve dite carte de visite 6/9. Il a laissé: La duchesse de Morny (musée Carnavalet), Napoléon III (musée de Compiègne).
Auguste Belloc, son atelier n'était pas uniquement celui d'un artiste portraitiste. Méconnue son oeuvre reste à découvrir: portraits, nudités, ces images parfaitement composés ont servi aux peintres qui idéalisent ces vénus de barrière. Il recrutait ses modèles dans les cafés-concert, les ouvrières à la mode ou les petits théâtres. Un nu polisson de Belloc (c'est moi qui ajoute polisson). Quant à Braquehais il pratique le nu académique. Un nu allongé sur divan doucement voilé. Louis Delton, membre du Jockey Club, jouit très rapidement d'une réputation internationale en faisant des portraits équestres, en particulier ceux du roi de Prusse, du Prince Impérial et du roi Alphonse XIII. L'équitation était à l'époque un symbole social, mais splendeurs et misères, chaque hiver on déposait 3 000 costumes d'amazone au Mont de Piété. Voici un portrait de Delton représentant Marguerite Bellanger (musée Carnavalet). Chacun sait que les façons délurées de « Margot la Rigoleuse » amusaient l'Empereur. Elle le suivra à Biarritz, Vichy et aura un hôtel à Compiègne. Je n'omettrai pas de citer les frères Mayer, photographes de la Famille Impériale: L'impératrice Eugénie, La Castiglione.

Les sculpteurs ont, eux aussi, oeuvré pour la gloire du Second Empire: Carpeaux a érigé La fontaine des quatre parties du monde; Frémiet La Jeanne d'Arc de la Place des Pyramides à Paris; Falguière Le combat de coqs; Dalou est l'auteur du Triomphe de la République, place de la Nation. Ce fut un artiste d'une adresse savante, Bartholdi et La liberté.

Notons aussi des architectes de talent: Viollet-le-Duc dont on a longtemps dénoncé les restaurations comme autant de crimes jusqu'à ce que l'on découvre que sans ses interventions, Notre-Dame de Paris et le château de Pierrefonds n'existeraient peut-être plus. Victor Baltard, le constructeur des halles, dont on a conservé un pavillon à Nogent-sur-Marne. Théodore Ballu qui a reconstruit l'Hôtel-de-Ville de Paris et édifié l'église de la Trinité, Charles Garnier qui construisit l'Opéra de Paris et le casino de Monte Carlo. Le jour de la pose de la première pierre, une soirée fut donnée dans les salons du Grand Hôtel. On y applaudit dans un extrait de la Traviata Madame Patti et la Piccolomini tandis qu'Emma Livy et Mérante dansèrent Giselle.

Avant d'en terminer, je veux saluer les grands musiciens: Gounod auteur de Faust, Bizet le compositeur de Carmen, Auber et son Domino noir, Massenet musicien souple et d'un charme enveloppant dont les deux chefs d'oeuvre sont Manon et Werther, Berlioz, créateur de la musique à programme. On lui doit la Damnation de Faust et bien sûr Offenbach, Français par naturalisation, ce fut un habile orchestrateur d'une imagination remplie de fantaisie qui a donné à sa musique un caractère très marqué d'originalité bouffonne et de verve entraînante. Il est l'auteur de nombreuses opérettes et d'un opéra comique: les contes d'Hoffmann. Quant à la musique religieuse elle fut marquée par le talent de César Franck qui a su joindre à une technique savante une inspiration suave et pure.

Tout n'a pas été dit loin s'en faut, je n'ai fait qu'un petit tour d'horizon sur ce que fut le mouvement intellectuel au Second Empire. Avant de conclure je voudrais simplement citer quelques personnages.

S'ils n'ont pas eu la notoriété des précédents, ils ont néanmoins apporté leur contribution à la gloire du Second Empire: Camille Rousset, historien; Villiers de l'Isle Adam, écrivain romantique; Fortuné Ratisbonne, auteur de Comédies enfantines; Félix Terrier, éminent chirurgien; Ferdinand Poise, musicien délicat; Léon Gauthier, paléologue; Jules Husson Champfleury, littérateur, auteur du Chien Caillou que l'Empereur nomma directeur des Manufactures de Sèvres pour ses recherches érudites sur la céramique. Albert de Mun, Dupin Ainé, Président de l'Assemblée législative il se rallia à l'Empereur sitôt le coup d'Etat.

J'aurai terminé lorsque je vous aurai dit que certains esprits jugent le Second Empire sur la défaite de 1870 et qu'ils oublient le développement économique, la prospérité matérielle apportée au pays pendant cette époque dans de nombreux domaines. Pour ma part, je crois vous avoir montré la richesse spirituelle de ce règne de dix-huit années dans l'histoire de sa pensée qui s'exprime à travers ses saints, ses religieux, ses scientifiques, ses écrivains et ses artistes. Faute de temps, je n'ai pu les nommer tous et vous voudrez bien me pardonner mes omissions.

En résumé, on peut affirmer ceci: Plus on étudie le Second Empire, et plus on mesure la force de son enseignement et combien sont injustes les hommes qui ont décrié ce grand moment de notre Histoire nationale sans l'approfondir. C'est mon honneur et ma joie d'avoir évoqué devant vous toutes les figures d'un passé qui nous semble toujours si présent parce qu'il reste beau et grand.
 

Conférence donnée le 9 décembre 1986 à la mairie du 1er arrondissement de Paris.


Notes

(1) Qui a pour objet d'instruire.
(2) Ensemble des règles relatives à la métrique. Synonyme d'intonation.
(3) D'après l'oraison de Saint-Anselme qui évoquait Jésus au milieu des sept docteurs de la Loi. En langue d'oc: Li set Felibe de la lei.
Titre de revue :
Revue du Souvenir Napoléonien / conférence
Numéro de la revue :
362
Numéro de page :
44-50
Mois de publication :
oct.
Année de publication :
1988
Année début :
1848
Année fin :
1870
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