L’envers de la gloire : la peur au combat sous l’Empire

Auteur(s) : HOUDECEK François
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Napoléon fonda une partie de sa légitimité sur la gloire militaire, et le régime impérial exalta le sens du sacrifice sous les armes. Le militaire était ainsi convié à se dépasser, à faire preuve de courage en toute occasion et principalement lors des batailles. En récompense, soldats et officiers espéraient obtenir l’étoile de la Légion d’honneur, une promotion ou, au moins, la reconnaissance de leurs pairs. Cette exaltation des valeurs guerrières fit que la peur ne pouvait s’avouer, se dire ou même s’écrire. Elle fut cependant la compagne inséparable du soldat ainsi que son premier ennemi (1).

Le combat : l’apprentissage de la peur

La peur est, en premier lieu, un sentiment individuel associé à la prise de conscience d’un danger ou d’une menace réelle ou fantasmée. La première expérience de la bataille fut souvent l’occasion de connaître ses premières peurs pour le soldat napoléonien. Le bruit du canon, l’odeur de la poudre, la fumée de la mousqueterie ou de la poussière qui limite le champ de vision, la vue du sang et des cadavres… l’univers sensoriel du jeune soldat était mis à rude épreuve et le combat était un univers déroutant auquel il fallait s’habituer. Ainsi Billon raconta sa première expérience du feu lors d’une canonnade au camp de Boulogne : « Chose pénible à dire, mais je dois l’avouer : j’eus peur ! La brutalité des boulets, le sifflement des balles, le péril qui se reproduit sous toutes les formes, les cadavres qui s’amoncellent autour du conscrit lui font battre le cœur. Mais il en prend bientôt l’habitude. Le regard scrutateur des anciens, leur sourire moqueur, la crainte du ridicule finissent par chasser la peur, et l’on vient à rechercher le danger. » (2) Le sous-lieutenant Lefol qui connut cette « épreuve redoutable » à La Rothière note qu’à « cette occasion, je crois pouvoir assurer qu’il n’est donné à personne d’assister à une première affaire sans être saisi d’une terrible émotion causée par le sentiment de la conservation. Les militaires qui soutiendraient le contraire, ou se tromperaient ou bien oublieraient ce qu’ils ont ressenti dans un pareil moment. J’ai connu un officier général très distingué qui nous avouait franchement que chaque fois qu’il allait au feu, il lui arrivait un inconvénient très désagréable et surtout fort incommode en pareille circonstance. » (3) La jeunesse était souvent une bonne excuse pour avouer sa peur à ses supérieurs. Martin, jeune sous-lieutenant de dix-huit ans, fraîchement sorti de Saint-Cyr, connut sa première bataille à Bautzen (21-21 mai 1813). Le capitaine de grenadiers de son régiment voulut savoir comment il s’était comporté : « “Eh bien mon brave, nous n’avons pas eu peur aujourd’hui ?” J’hésitai un peu, puis je répondis : “Ma foi capitaine, il y a bien eu quelque chose comme cela.” “À la bonne heure, dit-il en me frappant sur l’épaule, c’est une réponse loyale et je vous estime davantage. Sachez que nul ne peut se trouver dans cette situation sans ressentir un peu d’émotion, surtout à votre âge.” » (4) Même pour le soldat aguerri, l’appréhension des combats restait une source d’angoisse et de stress. Si la première bataille fut un apprentissage de la peur, les soldats ne purent jamais s’en affranchir complètement et de fortes émotions furent ressenties au bruit assourdissant des canonnades de Wagram, la Moskowa ou Waterloo. Le lieutenant Raemaeckers « avoue qu’avant de combattre, l’homme le plus brave ne peut envisager le danger qu’il va courir, sans se sentir plus ou moins ému » (5). C’est souvent par anticipation que le soldat souffrait de cette appréhension qui se transformait en peur. Le bivouac, lieu de repos, pouvait être également un creuset d’angoisse et de stress en vue des épreuves traversées ou à venir. Chacun y partageait son expérience de la bataille, se remémorait les frères d’armes tombés les jours précédents ; si certains y trouvaient un réconfort, d’autres y puisaient les sources d’une anxiété encore plus grande. Ce stress aigu, certains ne purent le soutenir et eurent des gestes radicaux comme le raconte Barrès : « Le 29 avril, dans l’après-midi étant au bivouac, nous entendîmes le canon pour la première fois de cette campagne. Un jeune soldat du 6e, au bruit de cette canonnade, qui paraissait assez éloignée, fut prendre son fusil aux faisceaux comme pour le nettoyer, et dit à ses camarades en s’éloignant : “Diable, voici le brutal. Je ne l’entendrai pas longtemps.” Il fut se cacher derrière une haie et se fit sauter la cervelle. Cette action fut considérée comme un acte de folie, car elle était incompréhensible. Si cet homme craignait la mort, il se la donnait cependant. S’il ne la craignait pas, il devait attendre qu’elle lui arrivât, naturellement ou accidentellement. » (6) Pour nombre de ces hommes, tout sentiment d’angoisse ou de peur disparaissait le combat une fois engagé. Pour eux, se battre était du domaine de l’action, et l’émotivité n’y avait plus sa place. Comme le souligne à nouveau Raemaeckers, « ce sentiment de pusillanimité s’éteint aussitôt que le combat s’échauffe. Dans ce cas, il n’y a que l’idée du danger qui peut causer quelques sensations ; car une fois qu’on y est, on n’y pense plus. » (7) Les circonstances, la camaraderie, le fatalisme… faute de choix possibles et d’alternatives accessibles, la majeure partie des soldats firent malgré la peur la tâche pour laquelle ils avaient été intégrés à l’armée.

La peur : transgression de l’honneur militaire

La société militaire de l’Empire plonge ses fondements dans la discipline et l’honneur. Deux valeurs qui étaient souvent transgressées par l’homme qui perdait ses moyens. Ainsi, pour les moins courageux qui ne réussissaient pas à passer outre la peur lors des combats ou que la crainte de l’issue fatidique tétanisait, il fallait trouver un moyen de s’éloigner de son unité avant ou pendant les affrontements. La simulation était le plus courant. Certains purent feindre une trop grande fatigue ou une blessure pour s’éloigner de la colonne de marche. Le soldat se faisait alors escorter par un camarade complice et s’offrait ainsi quelques heures de repos. L’escorte de blessés ou de prisonniers sur les arrières était le moyen le plus commun pour s’éloigner des combats. Napoléon, durant les campagnes de 1805 et 1809 (8), tenta de limiter ses absences volontaires pour raison d’escorte. Billon, vélite de la Garde à Eylau, raconte : « L’ordre du jour de la bataille prescrivait, comme de coutume, aux quatre hommes les plus proches d’un blessé, de l’emporter à l’ambulance et de retourner à leur poste dans le plus bref délai. J’avais plusieurs fois entendu mon brave capitaine Sicard […] dire qu’il voyait avec peine et déplorait le retard que mettaient même les anciens à rentrer dans les rangs au retour de leur triste corvée. Je me promis bien d’éviter ce reproche, quand je dus emporter le pauvre caporal Thomas, tombé à mes côtés. » (9) Une autre astuce était la nécessité de soulager un besoin naturel. Coignet raconte : « L’envie me prend de faire mes besoins, mais défense d’aller en arrière ! Il fallait se porter
en avant de la ligne de bataille. Arrivé à la distance voulue pour les bienséances, je pose mon fusil par terre, et me mets en fonction, tournant le derrière à l’ennemi. Voilà un boulet qui fait ricochet et m’envoie beaucoup de terre sur le dos, je fus accablé par ce coup terrible ; heureusement j’avais gardé sac au dos, ce qui me préserva. » Le célèbre grognard en fut quitte pour une bonne frayeur et retourna à son poste mais ce ne fut pas le cas pour tous les soldats employant ce prétexte. Prétendre que son fusil était cassé ou perdu était également un autre moyen. Certains allèrent même jusqu’à détériorer leurs armes, voire s’en séparer volontairement en la vendant aux habitants. Pendant la campagne de France, Macdonald stigmatisa ainsi dans son ordre du jour du 10 mars 1814 les soldats résignés et apeurés « qui jettent leurs armes, baïonnettes, gibernes ou cassent les chiens des fusils » (10). Le manque de munitions est parfois le symptôme de la peur ou de la jeunesse du combattant. Certains soldats ou unités purent ainsi avoir un feu nourri pour prétendre être à court de munitions afin d’espérer être transférés en seconde ligne. Le 30 mars 1814 devant Saint-Denis, le commandant Dezobry décrit ainsi des gardes nationaux qui « n’ont pas le sang-froid qui ne s’acquiert que quand on a combattu sur vingt champs de bataille » et surtout qui consommèrent leurs cartouches trop rapidement (11). Reste que la ville de Saint-Denis eut du mal à déposer les armes le 31 mars alors que les combats avaient cessé aux barrières de Paris. Le cavalier, quant à lui, pouvait simuler l’emballement de son cheval, voire le blesser volontairement. Une fois les soldats au milieu de leur formation et marchant vers l’ennemi, il était difficile d’échapper au combat. Cependant, quand une unité avançait vers l’adversaire, les soldats pouvaient être tentés de feindre la blessure ou la mort et se laisser tomber au sol afin de rester en arrière, espérant que le bataillon ne le verrait pas. Ardant du Picq donne ainsi l’exemple devenu désormais célèbre de la colonne Macdonald à Wagram le 6 juillet 1809 qui connut une énorme érosion passant de 22 000 combattants à 1 500 à la fin de l’action. Il parle alors de 12 000 simulateurs (12). Si ce nombre paraît un peu exagéré, il a le mérite de souligner un phénomène attesté de simulation qu’il est néanmoins impossible de quantifier. Des qualités d’acteur certaines étaient cependant nécessaires pour déjouer l’attention des serre-files, souvent de vieux soldats aguerris, qui encadraient la formation ! Montrer sa peur au combat sous l’Empire, c’était se rendre ridicule et perdre la face. C’était surtout risquer le mépris de ses camarades de chambrée et s’exposer aux railleries et au déshonneur. Passer pour un lâche ou un couard pouvait tout autant que les balles ennemies tuer, et surtout entraîner le rejet de cette petite société qu’était le régiment. Ainsi, sous l’Empire, la première des règles était de ne pas montrer sa peur. Ce petit jeu fit parfois prendre des risques inutiles aux officiers comme aux soldats. L’instinct de conservation obligeait à baisser la tête pour ne pas être touché par les boulets et les balles qui arrivaient dans sa direction. Cependant, ce geste reflexe pouvait être considéré comme de la crainte. Griois raconte, au soir de la prise de la redoute de Chevardino (5 septembre 1812), juste avant Borodino : « J’allai avec le général Grouchy et son chef d’état-major Jumilhac reconnaître les environs. Un boulet tiré de très près passa entre nous trois. Jumilhac se baissa vivement. Le général Grouchy ne put s’empêcher de sourire et me dit : “Il paraît, colonel, que vous êtes plus familier avec les boulets que monsieur, car vous ne les saluez pas comme lui.” Le pauvre chef d’état-major, fort embarrassé de sa contenance, ne dit pas un mot. Au reste, c’est un mouvement involontaire chez quelques militaires que j’ai connus ; c’est un malheur pour eux, car il peut être attribué à la peur. Quant à moi, j’ai été assez heureux pour ne jamais faire le moindre mouvement afin d’éviter un boulet, et je m’en félicite. » Cependant
de nombreux témoignages concordent pour dire que la pratique était naturellement courante (13) chez les conscrits comme chez l’homme aguerri. Lorsque la colonne montait à l’assaut, des hommes pouvaient également être tentés de se baisser afin de se cacher derrière le soldat qui le précédait. À l’image de ce capitaine « qui n’avait pas la réputation d’être très brave » que décrit le lieutenant Martin à Waterloo lors de l’attaque du Mont Saint-Jean. Plus grand que la moyenne, il se « rapprochait toujours plus du peloton qui marchait devant lui » et se courbait « en deux » de manière ridicule et ce, pour éviter les balles anglaises qui fouettaient la colonne (14). Ces attitudes étaient réprouvées par l’honneur militaire qui voulait que l’on gardât la tête haute comme le rappelle la célèbre harangue du colonel Lepic aux grenadiers à cheval de la Garde à Eylau : « Haut les têtes, la mitraille n’est pas de la merde ! » (15)

Peur d’un seul, peur de tous

La colonne en marche vers l’ennemi, la peur n’était plus individuelle mais collective. Dans la grande proximité entre les combattants dans les formations du XIXe siècle, le soldat était ouvert aux émotions collectives et chacun ressentait les mêmes sentiments au même moment. Dans ce contexte, la peur qu’éprouvait chaque homme se faisait contagieuse et se répandait dans la formation. Le combattant, affaibli physiquement et psychologiquement par la fatigue, l’inconfort, l’insécurité, les menaces…, était alors très sensible aux réactions d’imitation et de contagion. Cette contagion trouvait son point culminant dans la panique qui était l’explosion finale d’une peur collective longtemps contenue, et qui ne pouvait plus être refoulée. Les paniques emportaient tout sur leur passage, les soldats devenant alors incontrôlables et s’enfuyant à toute jambe. Les déclencheurs de la panique pouvaient être nombreux tant le moral d’une unité prise dans la fournaise de la bataille était un équilibre précaire, notamment quand une troupe encore constituée et organisée était traversée par des éléments extérieurs qui déstabilisaient le groupe. À Craonne (7 mars 1814), le général Boyer de Rebeval ne put déployer sa colonne composée de soldats de la Jeune Garde, car il craignait que, du fait des nombreux blessés qui la traversaient et quittaient les rangs, les soldats se mettent à paniquer. De même, une rumeur, un cri d’alarme, un bruit lancé par un membre de la troupe faisait également monter la tension d’un cran dans la formation. La tension devenait alors insupportable et la troupe partait en panique. Ce même 7 mars 1814, sur le plateau de Craonne, lors d’une charge en fin de matinée, Grouchy et le général Sparre à la tête des dragons d’Espagne furent blessés. Les dragons refluèrent sur la division Boyer, la désorganisant et la faisant reculer, eux qui avaient si bien tenu jusqu’à
présent. Ce mouvement fit paniquer les jeunes soldats de l’infanterie de Ney (à la droite de Boyer), qui se mirent à courir et ce, malgré les invectives du prince de la Moskowa. Ces paniques n’eurent pas de conséquences néfastes : les unités furent ralliées et purent reprendre le combat. Ce ne fut pas le cas à chaque épisode du genre comme à Saint- Pierre d’Irube (13 décembre 1813), où la seconde brigade Guardet de la division d’Armagnac, ébranlée par la retraite de nombreux blessés qui venaient de traverser ses rangs, refusa de marcher en avant malgré les efforts de Drouet d’Erlon et du général Guardet. Le refus de la division de monter au combat fut exploité par les Anglais qui restèrent finalement maîtres du terrain. Le phénomène de panique et de débandade ne fut pas l’apanage des jeunes troupes. À Viazma, le 3 novembre 1812, Davout qui faisait l’arrière-garde fut fortement attaqué par Miloradovitch. Dégagés une première fois par le 3e corps de Ney, les soldats de Davout finirent par être entraînés dans la panique par les isolés et les traînards qui traversaient les
unités. La débandade de ces soldats réputés comme les plus solides de l’armée après la Garde impériale eut un immense retentissement et impressionna jusque dans le camp adverse (16). Il fut surtout un marqueur important du commencement de la déliquescence du moral de la Grande Armée en retraite. Lutter contre la peur qui déstructure les unités est ainsi un enjeu majeur des états-majors. La boisson était le premier outil pour combattre ce sentiment chez le soldat. Boire modérément donnait confiance et désinhibait le militaire qui se battait sans réfléchir au danger du moment. L’alcool lui faisait franchir cet instant fatidique juste avant le combat où les angoisses et les peurs étaient les plus importantes et faisaient basculer les moins forts dans la fuite. Mais il fallait surtout toute l’expérience des officiers et sous-officiers qui encadraient le bataillon pour conserver la cohésion des unités lorsqu’elles étaient sous le feu de l’adversaire. L’entraînement et l’expérience apparaissaient alors comme des éléments indispensables pour être efficaces dans la bataille. Le courage peut ainsi être vu comme la petite part de lucidité que le guerrier conservait quand il était plongé dans l’enfer des combats.

Notes

1. Général F. Gambiez, « La peur et la panique dans l'histoire », in Serge William Serman et Jean-Paul Bertaud, Vie et psychologie des combattants et gens de guerre (1635-1945), Paris, Imprimerie nationale, 1970, p. 98.
2. F. F. Billon, Souvenirs d'un vélite de la Vieille Garde sous Napoléon Ier, Paris, Librairie Plon, 1905, p. 25.
3. M. Lefol, Souvenirs sur le Prytanée de Saint-Cyr, sur la campagne de 1814, le retour de l'Empereur Napoléon de l'île d'Elbe, et la campagne de 1815 pendant les Cent-Jours, Versailles, 1854, p. 20.
4. Souvenirs de guerre du lieutenant Martin (1812-1815), texte présenté par Jacques Jourquin, Paris, Tallandier, pp. 110-111.
5. Lieutenant C. Raemaeckers, « Voyages et campagnes en Espagne dans les années 1807 et 1808 », Du Tage à Cabrera, Souvenirs de deux lieutenants et d'un caporal, Paris, Librairie Historique F. Teissedre, 1999, p. 93.
6. J.-B. Barrès, Souvenirs d'un officier de la Grande Armée, Paris, Éditions du Grenadier, 2002, p. 130.
7. Lieutenant C. Raemaeckers, op. cit., p. 93.
8. R. Muir, Tactics and the experience of battle in the age of Napoleon, Yale University Press, 2000, p. 203.
9. F. F. Billon, op. cit., pp. 85-86.
10. Ordre du jour de Macdonald adressé aux généraux de son corps d'armée, 10 mars 1814, S.H.D., G.R., C2 182.
11. Commandant Dezobry, La défense de Saint-Denis en 1814, Saint-Denis, Imprimerie H. Bouillant, 1891, pp. 9 et suiv.
12. Colonel Ardant du Picq, Études sur le combat, Hachette et Cie, Paris, 1880, p. 131.
13. Souvenirs de guerre du lieutenant Martin, op. cit., p. 110.
14. Ibid., pp. 286-287.
15. F. F. Billon, op. cit., pp. 85-86.
16. P. Charrier, Le maréchal Davout, Paris, Nouveau Monde Éditions / Fondation Napoléon, 2005, p. 521. Sur l'impact dans l'armée russe : B. Uxhull, Amours parisiennes et campagnes parisiennes, journal d'un vainqueur de Napoléon, 1812-1819, Paris, Fayard, 1965, p. 66.

Titre de revue :
Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro de la revue :
499
Numéro de page :
p. 22 - 27
Mois de publication :
avril - mai - juin
Année de publication :
2014
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