Les commémorations napoléoniennes sont-elles importantes pour les Français ?

Auteur(s) : LENTZ Thierry
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L’Observatoire Histoire & Vie publique vient de mettre en ligne un sondage IFOP sur « le regard des Français sur les commémorations ». À partir des résultats détaillés de ce sondage, nous allons nous livrer à un exercice périlleux, au risque de se faire gentiment taper sur les doigts par les spécialistes de l’institut de sondage. Une des questions de l’enquête concerne en effet l’opinion des Français sur les commémorations napoléoniennes. Une question sur une vingtaine… allons-y avec des pincettes.

Les commémorations napoléoniennes sont-elles importantes pour les Français ?
© Fondation Napoléon/Rebecca Young

Avouons que les chiffres bruts nous ont d’abord fait faire la grimace : si, dans l’ensemble, 81% des Français estiment qu’il est important de commémorer, si 86 % d’entre eux pensent surtout à la Deuxième Guerre mondiale, ils sont « seulement » 44 % à juger qu’il est important de commémorer « les grandes batailles et les réformes de Napoléon ». On se consolera en remarquant que ce sondage intervient en pleine commémoration du 80e anniversaire de l’armistice de 1945, et qu’il n’y a en ce moment aucune commémoration napoléonienne « médiatique ». Et puis, tout de même, en comptant bien, ces 44 % représenteraient plus de 29 millions de personnes !

Pour le reste, les résultats détaillés du sondage susciteraient même un certain optimisme.

Ce sont les moins de 35 ans qui sont les plus demandeurs de « commémorations napoléoniennes » (48 %). Peut-être est-ce la conséquence de la réforme Blanquer des programmes scolaires qui a remis le Consulat et l’Empire dans les classes. Ceci justifie aussi la continuation de notre programme « Jeunes », pour bien asseoir cette préférence. Ce sont finalement les plus de 65 ans (38 %) qui sont à la traîne, tandis que les femmes sont en pointe (46 %).

Si l’on examine les catégories socio-professionnelles, les commémorations napoléoniennes sont jugées importantes par 54 % des catégories populaires, 48 % des salariés du privé et 46 % des habitants des villes de province. Le fan des commémorations napoléoniennes ne court donc pas les rues de Paris, mais plutôt celles de la France « périphérique ».

En positionnement politique, la commémoration napoléonienne est plus ancrée à droite (46 %) qu’à gauche (41%), même si -ô surprise !- les électeurs de M. Mélenchon (45 %) sont au-dessus de la moyenne. On n’ose en conclure que c’est le résultat des « leçons d’histoire » de certains députés LFI dont nous avions parlé dans une précédente Lettre. Précisons toutefois que, pour les trois dernières élections, ce sont les électeurs de Mme Pécresse à la présidentielle (52 %), de M. Bellamy aux européennes (70%) et des LR aux législatives (52 %) qui font le score de la droite. Au RN, on est toujours en dessous de la moyenne (entre 41 et 43 %).

D’après ce sondage, ce serait des femmes de droite, jeunes et provinciales, appartenant à des catégories populaires, qui jugent les commémorations napoléoniennes importantes.

C’est évidemment une moyenne de moyennes qui ne peut exprimer qu’une tendance. Quoi qu’il en soit, à nous de convaincre les autres que l’histoire des deux Empires est importante et intéressante.

On verra ensuite pour les commémorations.

Thierry Lentz, directeur général de la Fondation Napoléon (mai 2025)

En savoir plus sur le sondage IFOP sur « le regard des Français sur les commémorations »

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