Les dernières heures de la reine Hortense

Auteur(s) : MASUYER Valérie
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Introduction

Le 5 octobre à 5 heures et demie du matin, la reine Hortense, née Beauharnais, duchesse de Saint Leu meurt au château d'Arenenberg sur les rives du lac de Constance (Suisse).
 
A ses côtés, entre autres, se trouvent son dernier fils Louis-Napoléon, futur Napoléon III soutenu par son ami et médecin Henri conneau et Valérie Masuyer, sa dame de compagnie. C'est cette dernière qui livre dans ses Mémoires les dernières heures d'Hortense de Beauharnais.

26 septembre 1837

« Conneau à tout ce qu'on lui demande répond : « très mal ». Il est jaune de souci. La reine est tellement faible, qu'on ne saurait s'en faire une idée ; elle ne prend que quelques grains de raisin avec des cuillérées de fleur d'oranger, de thé ou d'eau et de vin. Ou bien elle succombera dans quelques jours ou bien elle reprendra des forces pour souffrir encore quelque temps. Elle désire être enterrée auprès de sa mère. J'espère qu'on ne lui refusera pas cette triste faveur ! »

29 septembre 1837

« (…) M. conneau a dormi sur le canapé du petit salon et moi, je suis restée assise à côté du lit de la Reine. Elle a été fort agitée, mais pourtant sans qu'aucun incident soit survenu. Le prince est venu de bonne heur et voulait m'envoyer reposer (…).
Après déjeuner, pendant que je respirais dehors avec Mme Vieillard et son ami, on cherchait partout le Prince pour recevoir un visiteur qui le demandait. C'était M. Walewski. La reine en souvenir de l'Empereur son père a voulu le voir et lui a parlé étonnamment bien, elle nous semblait un peu moins à l'agonie que la veille (…). »

02 octobre 1837

« Le chanoine Kissel est venu nous dire que la reine avait demandé et reçu tous les sacrements. Malgré cela on le fait coucher ici de crainte d'accident pour cette nuit (…) »

04 octobre 1837

« (…) J'ai passé toute la nuit à genoux, à côté de son lit, à la frotter, à la soutenir, je suis brisée. Elle avait toute sa présence d'esprit. J'ai réveillé le docteur Conneau qui dormait dans le petit salon. Voyant qu'il ne pouvait rien, je l'ai renvoyé dormir. Mais les douleurs allaient toujours croissant (…°Le pouls allait tellement en déclinant qu'il a cru que nous touchions au dernier moment et, à une heure, il a été réveiller le Prince, M. de Tascher et l'abbé Kissel, qui s'est mis en prière dans le petit salon. Le Prince seul est entré (…° La crise s'étant calmé , il est allé dormir (…).Je suis restée seule près de cette pauvre femme jusqu'à sept heures et demie. De temps en temps, elle m'appelait. Comme j'étais à genoux : « Vous êtes mal, me disait-elle, vous êtes assise par terre ». Charles Thélin venait de temps à autre s'informer des nouvelles. Il a été à Constance s'occuper du deuil, je trouve cela inconvenant et déchirant à la fois. J'ai peur que M. Tascher, à qui le Prince a donné carte blanche, ne lui attire du blâme en se pressant trop…»

6 octobre 1837

« Je ne l'ai pas encore perdue entièrement tant que je puis m'occuper d'elle… la reine est encore dans sa chambre. Le pauvre Conneau va l'embaumer. On fera les cérémonies religieuses à Ermatingen, et puis on attendra réponse de Paris.»
 
 
Source : Mémoires de Valérie Masuyer, dame d'honneur de la reine Hortense , Plon, rééd. 1937
 
A consulter notre mini-dossier 170e anniversaire de la mort de la Reine Hortense.

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