Les enrichissements de la collection de la Fondation Napoléon

Auteur(s) : HUGUENAUD Karine
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Les enrichissements de la collection de la Fondation Napoléon
© Fondation Napoléon - Patrice Maurin-Berthier

La Fondation Napoléon a initié en 1990 une politique d'acquisition prestigieuse, fidèle à l'esprit du grand collectionneur que fut Martial Lapeyre. Auvergnat de mère normande, Martial Lapeyre (1904-1984) naquit à Paris où il fit fortune dans la menuiserie industrielle. Érudit féru d'histoire et grand amateur d'art, il fit de sa fascination pour Napoléon la passion de toute une vie. Collectionneur averti, Martial Lapeyre s'attacha à réunir des pièces insignes pendant près de quarante ans, au hasard des ventes publiques dont il était devenu un habitué, et parfois en achetant de gré à gré à des héritiers de familles illustres, par l'intermédiaire d'antiquaires spécialisés. C'est une collection exceptionnelle où dominent les souvenirs des deux Empires, et notamment de très nombreux objets ayant appartenu à Napoléon lui-même ou à des membres de la famille impériale, qui fut léguée à la Fondation Napoléon. Depuis 1990, l'enrichissement de ce fonds initial s'est opéré de façon régulière en privilégiant des objets rares, chefs-d'oeuvre du patrimoine national. 
 

Par leur qualité, nombre de ces enrichissements s'inscrivent dans la lignée des choix de Martial Lapeyre. La porcelaine, et notamment celle de la manufacture de Sèvres, formait l'un des points forts de sa collection. C'est ainsi qu'en 1991, la Fondation Napoléon fit l'acquisition de deux pièces remarquables, une assiette du service particulier de l'Empereur qui vint rejoindre les dix-huit autres rassemblées au fil des années par le collectionneur, et le cabaret des chasses impériales présent offert par Napoléon pour les étrennes de 1813 à la comtesse de Croix, dame du Palais de Marie-Louise. Sèvres toujours avec deux importants vases acquis en vente publique en 2002, le vase fuseau orné du portrait de Napoléon en costume de sacre d'après Gérard et le vase étrusque du baptême du roi de Rome. Sèvres encore avec une partie du cabaret égyptien livré à l'impératrice Joséphine en 1811, dont une tasse et une soucoupe figuraient déjà dans la collection depuis 1979. En 2003, les hasards du marché de l'art ont fait réapparaître huit autres tasses et soucoupes ainsi que la théière de ce prestigieux service, éléments que Martial Lapeyre n'aurait pas manqué d'acheter s'ils lui avaient été proposés.

Très peu de mobilier figure parmi ces enrichissements, mais des pièces rarissimes, dont le serre-papiers de l'impératrice Joséphine livré par Biennais pour son boudoir du château de Malmaison ou une paire de chaises du cabinet de l'Empereur au palais des Tuileries.
 
S'éloignant de la sphère des arts décoratifs, domaine privilégié de la collection Lapeyre, la Fondation Napoléon a, pour répondre à sa mission de défense et de sauvegarde du patrimoine napoléonien, fait l'acquisition d'oeuvres fondamentales de l'histoire de l'art au premier rang desquelles, en 1994, un dessin de Jacques-Louis David. Cette étude pour le tableau du sacre montre le premier sujet choisi par le peintre, celui du couronnement de l'Empereur et non de l'Impératrice. Et l'achat en 1997 de la série des aquarelles originales de Pierre-François-Léonard Fontaine décrivant les principales étapes de la cérémonie s'est légitimement imposé pour composer un admirable ensemble.
 

© Fondation Napoléon - Patrice Maurin-BerthierDérogeant parfois aux goûts de Martial Lapeyre, la Fondation Napoléon a procédé à quelques enrichissements dans des domaines qu'il avait volontairement ignorés, les autographes et les vêtements. Les rares feuillets manuscrits des leçons d'anglais que Napoléon prit à Sainte-Hélène ou les vêtements qu'il portait durant sa captivité dans l'île en font partie. Mais Martial Lapeyre n'avait-il pas lui-même montré son intérêt pour l'Empereur en exil, voire pour le culte napoléonien, en se portant acquéreur de certains souvenirs réunis sous forme de précieux reliquaires ? Cette approche plus intime du personnage, trouve sa pleine expression avec les coffrets nécessaires qui furent la spécialité de Biennais.

L'exceptionnel nécessaire dentaire ou le nécessaire dit de portemanteau offert par Napoléon à Las Cases, respectivement acquis en 1994 et 2001, répondent aux deux luxueux nécessaires de Joseph Fouché et du maréchal Soult  issus des collections Lapeyre.  K.H.
 
Retrouvez une sélection de chefs-d'oeuvre de la collection dans une présentation originale et interactive.

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