Les villes décorées de la Légion d’honneur pour leur résistance durant les guerres napoléoniennes

Auteur(s) : DE BRUCHARD Marie
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La loi du 29 floréal an X (19 mai 1802) portant création d’une Légion d’honneur ne précisait pas que cet Ordre voulu par Bonaparte et qui « concernait les récompenses militaires, et pour récompenser aussi les services et les vertus civils » (article 1), pourrait décorer une entité collective telle une ville. Pourtant, dès les Cent-Jours, trois villes sont choisies par l’Empereur pour recevoir cette distinction. Pourquoi ?

Les villes décorées de la Légion d’honneur pour leur résistance durant les guerres napoléoniennes
Décret impérial décorant la ville de Chalon-sur-Saône de la Légion d'honneur le 22 mai 1815 © http://archives.chalon.fr/

Dès sa création, la Légion d’honneur est intimement liée au territoire de la France : les quinze cohortes (composée de sept grands officiers, de vingt commandants, de trente officiers et de trois cent cinquante légionnaires) se voient attribuer un « chef-lieu » (article 2), établi dans des palais ou autres édifices nationaux (arrêté du 13 messidor an X [2 juillet 1802] précisant la loi de floréal). Il existe un rapport étroit entre la Légion d’honneur et le maillage géographique, lien qui perdure de nos jours.

Si le mérite individuel, militaire ou civil, est dans la pensée du Premier Consul quand il imagine la récompense, rien n’exclut en soi une acception plus large de l’expression au pluriel « Les citoyens qui, par leur savoir, leurs talens, leurs vertus, ont contribué à établir ou à défendre les principes de la République, ou fait aimer et respecter la justice ou l’administration publique.» (article 6).

En mai 1815, trois villes, et leurs habitants, sont choisis directement par Napoléon – après son passage dans ces communes – pour recevoir la Légion d’honneur en raison de leur comportement pendant la campagne de 1814 face aux troupes autrichiennes : Chalon-sur-Saône, Saint-Jean-de-Losne, et Tournus.

Monument de la Défense à Chalon-sur-Saone portant l'inscription "Aux enfants de l'arrondissement morts pour la Patrie/Chalons Tournus 1814" ; plus tard y a été gravé également "Dijon Belfort 1870-71" <br>© www.petit-patrimoine.com
Monument de la Défense à Chalon-sur-Saône portant l’inscription « Aux enfants de l’arrondissement morts pour la Patrie/Chalons Tournus 1814 » ; plus tard y a été gravé également « Dijon Belfort 1870-71 »
© www.petit-patrimoine.com

 

Après la chute définitive de Napoléon, d’autres villes recevront la Légion d’honneur en raison de leur résistance durant l’invasion de 1814 par les Coalisés.

Sous le Second Empire, Roanne sera décorée sur ordre de Napoléon III par décret du 7 mai 1864.

Décret de décoration de la Légion d'honneur de la ville de Roanne (7 mai 1864) © herald-dick-magazine
Décret de décoration de la Légion d’honneur de la ville de Roanne (7 mai 1864) © herald-dick-magazine

Longwy, en 1919, et Thionville, en 1920, seront décorées globalement pour la bravoure de leurs habitants durant les conflits de 1814, 1815 et 1870. La première pour avoir « fait preuve, en résistant à l’envahisseur de 1914, du même héroïsme que pendant les trois sièges de 1792, 1815 et 1870 », et la seconde pour « son héroïque résistance à l’invasion ennemie en 1792, 1814-1815 et 1870 ».

Les villes ayant été décorées de la Légion d'honneur peuvent la porter sur leur blason © Ville de Thionville
Les villes ayant été décorées de la Légion d’honneur peuvent la porter sur leur blason © Ville de Thionville

À noter que dix villes supplémentaires sont récompensées sous la Troisième République pour leur résistance durant la guerre de 1870 : Châteaudun en 1877, Belfort et Rambervillers en 1896, Saint-Quentin en 1897, Dijon en 1899, Bazeilles et Paris en 1900, Péronne en 1913, et enfin Bitche et Phalsbourg en 1919.

Octobre 2022

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