L’état d’esprit de l’armée au lendemain de la paix de Lunéville

Auteur(s) : BERTAUD Jean-Paul
Partager

Le 25 messidor an IX (14 juillet 1801), Paris est en fête. Dès 9 heures du matin, la foule déambule de la place de la Concorde aux Champs-Élysées où s'élèvent les tréteaux des forains. Ici, les tours de force et d'adresses, là, les pantomimes à machines et à spectacle retiennent les badauds. Certains préfèrent les jeux de bague ou les mâts de cocagne. Tous jettent, de temps à autres, un coup d'oeil vers le ciel : l'aéronaute Gasparin y poursuit un voyage en ballon. Plus loin, une musique champêtre attire l'attention : des provinciaux en costumes régionaux offrent le spectacle de danses « dont quelques départements ont conservé l'habitude et dont les airs consacrés par le temps ont toujours un charme nouveau », notera, le lendemain, le Moniteur. Ce sont musettes des montagnes, danses provençales et « farandoules », périgourdines, béarnaises ou montférines, « jolies conquêtes faites à l'Italie ». Dans l'enceinte de la Paix, une salle de concert accueille les mélomanes. Les musiciens y jouentl'Hymne à l'Amour tiré d'Écho et de Narcisse de Gluck, l'Hymne au Soleil de Lesueur et l'Hymne du 14 juillet, sur une musique de Gossec et des paroles de Chénier. À la nuit tombée, le feu d'artifice embrase le ciel mais « l'indisposition du temps, écrira le journaliste, affaiblit son éclat ». Le public se console en contemplant les illuminations des Champs-Élysées qui se lient à celles des bâtiments de la place de la Concorde, de la Colonne nationale, du Corps législatif et du Palais du gouvernement. La fête est « vraiment nationale et populaire et le plaisir naît de la variété sans plan suivi. La liberté riante règne partout et l'air du bonheur et de la satisfaction anime toutes les physionomies ».
 
Fête de la paix enfin établie en Europe, fête du peuple uni à son armée et au Premier consul :  » Gloire au 14 juillet et au 18 brumaire ! « . Dans une adresse aux Français, Bonaparte a souligné que depuis le 18 brumaire, la France a reconquis tous les bienfaits du 14 juillet, qu'elle a acquis dans l'Europe plus de considération que n'en eut jamais la monarchie et agrandi son territoire jusqu'aux limites assignées par la nature. L'armée victorieuse veille au salut de l'empire. Le 13 juillet, lors de la parade militaire au Carrousel, les soldats ont juré sur leurs drapeaux de périr plutôt que de voir la France livrée à ses ennemis et la statue de la Renommée élevée aux Champs-Élysées rappelle les sacrifices qu'ils ont consentis pour obtenir la paix. La glorification des militaires rassemblés autour du Premier consul incarnant les destinées de la République peut-elle faire oublier le malaise et les oppositions qui traversent les armées ?

L’angoisse des lendemains de paix

174 000 hommes sont sous les drapeaux. Ils sont, pour la plupart, dispersés à travers l'Europe. 25 000 s'acheminent vers le Portugal, 25 000 vers la Hollande et 15 000 vers Otrante puis vers l'Égypte. 30 000 sont en Cisalpine, 10 000 au Piémont et 6 000 en Suisse. Par dizaines de milliers, les militaires rentrent peu à peu en France pour s'établir dans les camps de Flandre, de Gironde ou de Bretagne. Certains sont démobilisés, d'autres désertent et les vieilles peurs renaissent parmi les civils. Comment se comporteront ces  » déracinés « , parfois  » fous de guerre « , toujours désaccoutumés de vivre dans un pays pacifié ? Les citoyens paisibles et honnêtes n'ont-ils pas tout à craindre des prétentions des chefs militaires et de l'inconduite de leurs hommes désoeuvrés ? La même angoisse des lendemains de paix étreint le coeur des soldats. Combien d'entre eux seront-ils renvoyés de l'armée ? Aussi misérable que peut être leur sort, ils ont ce qui est refusé à bien des civils : avec de méchants habits, le pain, la goutte et l'orgueil d'appartenir à des communautés fraternelles devant lesquelles les anciens maîtres ont plié le genou. Redevenus  » pékins « , où trouveront-ils à s'employer eux qui, depuis près de dix ans parfois, ont oublié le maniement de la faux, de la varlope ou de la truelle ? S'ils restent soldats, ils troqueront la vie libre et profitable qu'ils avaient dans les territoires conquis et occupés pour celle, spartiate, des camps et des casernes françaises. La discipline y sera contraignante et le pain cher. Enfin, la réorganisation des unités séparera peut-être des hommes de longtemps habitués à une vie commune.

Réorganisation et épuration

La réorganisation qu'envisage Bonaparte répond à une double exigence : militaire et politique. Il convient d'abord de donner de l'unité à des éléments disparates, issus des levées qui se sont échelonnées depuis 1791. Le tri sera fait entre les vétérans aptes à  » dégrossir  » les 20 000 à 30 000 nouveaux conscrits et les valétudinaires propres à être retirés du service. Les corps francs, trop souvent indisciplinés, seront licenciés. Les  » canaris « , hussards volontaires à l'uniforme jaune, le sont déjà et laissent percer leur mécontentement. La cavalerie dont le rôle est apparu déterminant dans la dernière campagne demande à être révisée et un corps de dragons, intermédiaire entre la cavalerie et la cavalerie de bataille, créé. Enfin la garde consulaire, de  » l'illustration du pouvoir  » qu'elle est, doit devenir une arme de combat. 
Les changements projetés annoncent des épurations dans les corps des sous-officiers et des officiers. De trop nombreux sergents qui ont formé la vigoureuse  » épine dorsale  » des armées sont devenus prétentieux, ignorants et usés par la guerre.  » Leurs feux semblent s'être éteints « , remarque Auguste Colbert, colonel du 10e Chasseurs. Beaucoup d'officiers, selon le colonel, sont apathiques et sans grande ambition.  » Nonchalants, mous, trop familiers avec leurs subordonnés et montrant peu de goût à se perfectionner, ils nuisent à l'établissement d'un système vigoureux et solide « . Les propos sont sans doute excessifs mais il est vrai que certains officier promus rapidement au début de la Révolution sentent désormais leur fortune bornée, s'en plaignent et craignent la mise à la retraite. La même appréhension gagne les généraux. En septembre 1800, Choderlos de Laclos, général à l'armée de réserve d'Italie, indiquait à sa femme : « Le général Brune vient de réformer de son armée cinquante-six tant généraux de division que généraux de brigade, ou adjudants commandants ; c'est une désolation ». 
 
La refonte des armées répond aussi à une exigence politique. Depuis 1792, il n'existe pas une armée mais des armées dont les chefs ont pris et conservé des habitudes d'indépendance. Ils ont tissé et maintenu des clientèles parmi le corps des officiers et donné à chacune des armées une singularité. Il y a les  » Messieurs  » de Bernadotte qui fraient peu ou se disputent avec les  » sans-culottes  » de l'armée d'Italie. Ceux-ci sont jalousés par les soldats de l'armée du Rhin que certains prétendent touchés par la  » gangrène royaliste « . L'esprit de corps entretenu dans chacune des armées est à la fois un gage de victoire et de défaite. Si, comme le dit un soldat, les militaires se battent mieux sous les yeux de compagnons d'armes qui sont comme des frères, la rivalité entre les armées est préjudiciable à l'harmonie indispensable au combat. De Lafayette à Dumouriez, de Custine à Pichegru, l'esprit de corps a toujours soutenu l'ambition politique des chefs et Bonaparte, maître en la matière, le sait bien. Il n'ignore pas non plus que les généraux ont participé, soutenu ou se sont résignés au coup d'État du 18 brumaire avec bien des arrières-pensées, notamment celle d'échapper à jamais au contrôle, à leur goût, trop tatillon des commissaires civils. Ils ont très vite déchanté. Ils continuent secrètement à se questionner : « Qui a fait de leur égal un chef, sinon leurs sabres ? Ne sont-ils pas aussi talentueux que lui ? Ont-ils toute la place qu'ils méritent ? ».

La nouvelle élite des généraux

Les généraux qui sont plus de 300 au début de l'année 1801 ont en commun d'être des professionnels de la guerre. Soldats de métier, 90 % des généraux de division sont des militaires sortis des camps de l'Ancien régime, 27 % d'entre eux comme officiers subalternes, 8,5 % étant même parvenus au grade de colonel en 1789. Plus de 7 % sont passés comme Bonaparte par les écoles militaires de la royauté. Alexis Chalbos, par exemple, qui commande le 25e division militaire en 1800, était capitaine, officier de fortune en 1789, après avoir fait la campagne d'Allemagne de 1757 à 1762. À l'ancienneté de service, ils ajoutent l'ancienneté de grade : ils sont, pour un tiers, divisionnaires depuis plus de sept ans et, pour les deux tiers, depuis plus de trois ans. Les généraux de brigade, quant à eux, sortent à 74 % des armées du roi. Quelques-uns ont combattu avec Rochambeau en Amérique : Prévost, par exemple, a essuyé le feu à Yorktown et Malye à Chesapeake et 61 % d'entre eux ont une ancienneté de commandement comme brigadier de plus de trois ans, près du quart en ont sept. 
 
Moins jeunes que la légende ne l'accrédite – l'âge moyen des généraux de division est de 50 ans – les généraux ont parfois acquis de l'or par des pratiques proches du brigandage ; le plus souvent, leur épée est leur seule fortune et ils redoutent d'être ravalés par une retraite anticipée à la position des petits notables de province. Ils proviennent de tous les milieux : un tiers des divisionnaires et un peu plus du quart des brigadiers sont des ci-devant, quelques-uns nommés par Bonaparte lui-même, mais la majorité provient de la petite et moyenne bourgeoisie. Parmi les divisionnaires, Michaud, fils d'un greffier, ou Perignon, fils d'un notable aux prétentions nobiliaires, côtoient un fils d'artisan comme Lecourbe ou de paysan comme Marbot. 
À part presqu'égale, les généraux ont gagné leurs étoiles soit en servant à l'armée du Rhin sous Moreau, soit à l'armée d'Italie ou d'Égypte sous Bonaparte. Certains sont de vieilles connaissances du Premier consul : Garnier, Micas, Mouret ou Rusca ont participé avec lui au siège de Toulon. Bourcier, Muller et Loison ont combattu, tout comme Murat, les royalistes anéantis par  » le général vendémiaire « . Avec Bernadotte ou Lefebvre, ils l'ont entouré le 18 brumaire. Gardanne a ainsi obtenu sa troisième étoile et Milhaud, conventionnel et régicide, ou Choderlos de Laclos, une réintégration dans l'armée comme brigadier. Les uns font figure de « bonnets rouges », les autres de  » talons rouges  » ou d'indifférents. Chateauneuf-Randon, ci-devant marquis, conventionnel montagnard et régicide, fait partie du premier groupe avec Bernadotte, Augereau, Brune ou Bessières. Certains, comme Gency, Humbert (le héros de l'Irlande), Guillet, Meyer, Monleau et Legrand, ont secondé Augereau contre les royalistes, le 18 fructidor. Marchais et Parein du Mesnil sont même d'anciens compagnons du communiste Babeuf et conservent des alliés à l'Hôtel des Invalides, pépinière  » d'exagérés « . Dupont-Chaumon, Dejean d'Estournel, La Barolière ou Micas sont de l'autre bord. Écartés de l'armée en 1797 pour leur royalisme, ils ont été réintégrés par Bonaparte qui a redonné aussi ses étoiles à Desprières. Ce ci-devant a été tour à tour aide de camp de Lafayette en 1789, défenseur du roi le 20 juin 1792, emprisonné en l'an II, et poursuivi en 1795 pour avoir refusé, après sa réintégration, de combattre les royalistes. Mathieu-Dumas, député à la Législative, menacé de mort au 10 août par les sans-culottes et fondateur du club royaliste de Clichy, a été jusqu'en 1800 le chef d'état-major de Macdonald que l'on dit l'ami des Orléanistes. La mansuétude de Bonaparte à l'égard des engagements politiques des uns ou des autres résulte de sa volonté de recruter des techniciens et d'unir  » les partis « . Elle est, peut-être, aussi dictée par le souci du Premier consul de ménager la franc-maçonnerie qu'il réorganise bientôt dans l'armée pour mieux la contrôler. Un sur quatre des généraux de division et 11 % des brigadiers sont « des frères ».
 
Tous les généraux partagent le sentiment d'appartenir à la nouvelle élite surgie de la Révolution et montrent leur dédain pour les  » pékins  » et les  » avocaillons  » des assemblées politiques. Ils ont aussi pris l'habitude, sous le Directoire, de transgresser les lois, de commander sans souci des administrateurs et des législateurs et de faire ou de défaire les gouvernements dans les républiques-soeurs. Ils ont été une menace constante pour le régime directorial. À l'heure de la paix, Bonaparte sait qu'il doit contrôler leurs réseaux, briser leurs clientèles et les amener, au besoin par la force, à respecter le régime qu'il crée, jour après jour. Aux jacobins qui se plaignent des  » capucinades  » qui accompagnent le rapprochement avec l'Église ou de l'amnistie octroyée aux émigrés, le Premier consul fait savoir qu'il n'empruntera jamais les voies de ce qu'il dit être  » l'anarchie « . Aux royalistes, il indique qu'il ne sera pas une réplique du général Monck qui, en Angleterre, restaura la monarchie. Parmi les généraux, les uns se taisent tout en conservant leurs espérances politiques, en jalousant le chef à la poigne de fer et en regrettant la guerre qui donne toujours plus d'importance que la paix aux fonctions militaires. Les autres applaudissent un homme qu'ils identifient aux Lumières :  » Qu'il vive seulement, et les premiers fondateurs de la liberté seront à jamais, je ne m'abaisserai pas à dire justifiés, mais honorés et bénis « , écrit à sa femme l'auteur des Liaisons dangereuses. Quelques-uns complotent.

La tentation de l’opposition

Au moment de Marengo, le bruit courut de la mort de Bonaparte. Des conciliabules rassemblèrent, à Auteuil, autour de Sieyès, des généraux et des politiques. Ils s'interrogèrent :  » Que deviendrait la France ? Que deviendraient-ils eux qui avaient voté ou accepté la mort du roi Louis XVI ? « . Des noms furent avancés pour un éventuel remplacement du Premier consul : Masséna, Bernadotte, Brune, Moreau, Lafayette et Carnot. Le 10 octobre 1800, lorsque Cerrachi fut arrêté alors qu'il s'apprêtait à tuer Bonaparte, des militaires étaient ses complices. Enfin, au lendemain du 24 décembre 1800 et de l'attentat de la rue Saint-Nicaise organisé par les royalistes, la répression qui s'abattit sur les jacobins inquiéta plus d'un militaire. En 1801, l'opposition  » couverte  » de quelques militaires demeure et, à la fin de l'année, la police commence à indiquer que certains d'entre eux, réunis aux jardins du Luxembourg, s'excitent aux tirades tyrannicides du chef d'escadron Donnadieu. On rapporte aussi que Lannes, commandant de la garde consulaire, fulmine contre les curés et les émigrés rentrés. Augereau, le bras droit de Bonaparte lors du coup d'État du 18 fructidor, mais réfractaire au 18 brumaire, se répand lui aussi en propos injurieux contre  » le régime des prêtres « . Le général Jourdan, député contraint à s'enfuir de l'Orangerie le 19 brumaire puis rentré en grâce, marmonne contre le pouvoir mais s'abstient de participer aux complots embryonnaires.
 
Bernadotte semble plus décidé à l'action. Son grand nez de Gascon hume depuis longtemps les allées du pouvoir. Resté neutre au 18 brumaire alors qu'il passait pour  » l'épée  » des néo-jacobins, le général qui, en épousant Désiré Clary, est devenu le beau-frère de Joseph Bonaparte, commande l'armée de l'Ouest. Il fait de nombreux voyages à Paris et, aux dires de Madame de Staël et de Savary, il y rencontre des généraux et des sénateurs. Il discute avec eux d'une mesure législative propre à renverser le Premier consul. Mais celui qui semble le mieux à même de rassembler autour de lui l'opposition est le général Moreau.
 
À 38 ans, ce fils d'un avocat de Rennes, entré très tôt en Révolution, est auréolé de la gloire que lui a apportée la victoire de Hohenlinden, remportée sur les Autrichiens le 3 décembre 1800. Alors qu'on murmure encore dans Paris que la victoire de Marengo a été plus le fait du défunt Desaix que de Bonaparte, on reconnaît à Moreau le mérite d'avoir fortement contribué à la paix de Lunéville par son succès militaire. On a oublié dans la capitale le rôle humiliant que lui fit jouer Bonaparte au 18 brumaire : geôlier des directeurs Moulin et Gohier. On répétait alors les paroles de mépris de Gohier à l'adresse du général :  » À côté de votre épée, il manque un trousseau de clés « . Moreau, lui, conserve en mémoire l'affront subi. Il se souvient aussi de l'attitude du Premier consul à son égard au moment de la campagne d'Allemagne : ne lui avait-il pas donné des conseils sur le ton d'un supérieur s'adressant à un subordonné sans talent ? Malgré les marques d'estime dispensées – avec mesure – par le chef du gouvernement, Moreau juge que la place et les honneurs qu'il mérite ne lui sont pas donnés. On le dit hostile à la politique intérieure de Bonaparte, affligé par les mesures prises contre les républicains après l'attentat de la rue Saint-Nicaise, heurté par la suspension de la liberté de la presse, écoeuré par le retour progressif des formes monarchiques et par les faveurs accordées aux ci-devant. Il se froisse de voir rejetées les demandes de promotions faites par ses subordonnés et s'offusque de la campagne de dénigrement dont il est l'objet dans le Moniteur, journal officiel du gouvernement. La gestion financière de son armée est critiquée et on l'accuse même de malversations. En mai 1801, il écrit une lettre de protestation et le ministre de la Guerre refuse de la publier. Lorsque le 25, Bonaparte le convie aux Tuileries, il y paraît en civil et l'entretien qui se déroule alors entre les deux hommes est d'une extrême froideur. Désormais, Moreau s'abstient d'assister aux fêtes officielles. La rancoeur éprouvée par le général se grossit d'un conflit domestique. Sa femme, Mademoiselle Hulot, est une créole ennemie de longue date de Joséphine. Bonaparte traite celle-là de « casse-noisette » et sa belle-mère de « caporal en jupon » !

La rentrée forcée dans le rang

Le Premier consul, affermissant avec la paix son pouvoir et s'attirant par la reprise économique les suffrages du plus grand nombre, brise les velléités d'opposition des militaires. Maître du tableau d'avancement et du registre des licenciements, il rompt les clientèles. Chef du gouvernement, il se débarrasse, en 1801 puis en 1802, des généraux suspectés de contester son régime en les envoyant dans des ambassades lointaines : Lannes à Lisbonne, Brune à Constantinople, Mathieu-Dumas à Naples et Macdonald à Copenhague. Quant aux militaires demeurés jacobins, ils partent guerroyer les noirs révoltés des Antilles. À la fin de l'année 1801, Moreau reste, avec Bernadotte, un des obstacles majeurs, dans l'armée, à la consolidation du pouvoir consulaire et bientôt à la marche à l'Empire. Le combat à fleurets mouchetés se poursuivra avec Moreau jusqu'en 1804. Celui-ci avait eu, lors du coup d'État du 18 fructidor, une attitude ambiguë à l'égard des royalistes. À nouveau contacté par eux pour participer au complot tramé par Cadoudal et Pichegru, le général tergiversera. Arrêté, emprisonné, jugé et exilé, il mourra dans les rangs des ennemis de la France alors que l'armée était devenue l'instrument fidèle de la politique de Napoléon.

Bibliographie

Guillon E., Les complots militaires, Paris, 1894.
Dontenville J., Le général Moreau, Paris, 1899.
Picard Lt Cl,  » La préparation d'une campagne de Napoléon, la transformation de l'armée républicaine en armée impériale « , Revue des questions historiques, Paris, 1907.
De Villefosse Louis et Bouissounousse Janine, L'opposition à Napoléon, Paris, 1969.
Bertaud J.-P.,  » Les généraux compagnons de Desaix « , communication faite au colloque  » Desaix  » de Riom, 2000, en cours de publication par les Annales historiques de la Révolution française.

Titre de revue :
Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro de la revue :
434
Numéro de page :
34 - 39
Mois de publication :
avril-mai
Année de publication :
2001
Partager