Mariage de Napoléon Ier et Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine. Présentation historique des oeuvres musicales des cérémonies (concerts donnés les 8, 9 et 10 juin 2010 – Paris

Auteur(s) : HICKS Peter
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Le mariage religieux de Napoléon et Marie-Louise eut lieu au Salon carré du Louvre le 2 avril 1810. Cette galerie avait été remaniée pour l’occasion en chapelle sur les plans d’Isabey. La musique prit une part très importante lors de l’événement.

Malheureusement, les récits officiels n’y font que peu de référence. On cite un « Te deum », et des mouvements de messe, mais pas de nom de compositeur. Le Moniteur du 10 avril de son côté relate que l’orchestre (et sans doute les chanteurs) furent placés en face de l’autel au second étage, mais ne donne guère plus de détails. En revanche, il existe des commentaires qui disent que la Musique de la Chapelle a exécuté des oeuvres de Lesueur (directeur de la Musique de l’Empereur), comme « Tollite Hostias » et « Veni sponsa coronaberis ». On trouve aussi dans les mémoires de Stanislas de Girardin le nom d’une soliste soprane « Madame Duret » et la qualification de « délicieuse » pour la musique.
Madame Anne-Cécile Saint-Aubin Duret (1785-1862) était première chanteuse en 1809. Elle avait été engagée dan la troupe de l’Opéra-Buffa au Théatre de l’impératrice en 1805. Elle est aussi connue comme compositrice (Le départ du croisé, musique de A. St-Aubin), et allait interpréter la Comtesse dans le Mariage de Figaro le 11 décembre 1810. Son époux, Marcel Duret joua second violon dans l’orchestre de l’Opéra comique pendant l’Empire.

La cantate « O Doux printemps » fut écrite pour le concert public et exécutée aux Tuileries le 2 avril pendant les fêtes organisées dans la soirée après la cérémonie religieuse. Les paroles sont d’Arnault et la musique est de Méhul. Les salaires pour les musiciens de cette soirée étaient fort maigres – seulement 6 334 francs 40 (Pour mettre ce chiffre en contexte, pendant le voyage à Fontainebleau de l’année précédente, Mme Grassini toute seule recevait 10 000 francs. (Lecomte, Napoléon et le monde dramatique, p. 452)). Mais comme dit la Description des cérémonies et fêtes qui ont eu lieu pour le mariage de […] Napoléon et […] Marie-Louise […] de 1810, la cantate fut entendue « avec un enthousiasme général ».

En ce qui concerne « Comblé de bonheur », il n’existe aucune trace dans les publications d’époque. Le titre, « Chant triomphal », est peu explicite, mais cette pièce de circonstance fut écrite pour le retour de Napoléon et Marie-Louise de leur voyage de noces (qui se doubla d’un voyage d’inspection des places fortes au Pays-Bas !). Le 10 juin, la ville de Paris était en liesse comme pour le 2 avril. Sans doute fût-il programmé (sinon exécuté) pour le concert dans la soirée. Le Moniteur annonce une autre cantate, celle intitulée « La ville de Paris » (dont le manuscrit incomplet se trouve à la Bibliothèque nationale de Paris), pour laquelle Mme Duret fut encore soliste aux côtés de Mlle Hymm et M. Derivis (Le Moniteur du 15 juin), avec des paroles proches à celles de « Comblé de bonheur », notamment avec la personnification de la Seine et de ses nymphes.

Programme des concerts donnés les 8, 9 et 10 juin 2010, pour le bicentenaire du mariage impérial, en l’Église Saint-Louis des Invalides et à Saint-Philippe du Roule (Paris).

Orchestre de l’Académie symphonique de Paris et chœurs Musicanti sous la direction de Peter Hicks
Solistes : Véronique Chevallier, soprane
Richard Bousquet, ténor.

Œuvres
Claude Joseph Rouget de l’Isle
La Marseillaise,
arr. Berlioz, soliste ténor et soprane, choeurs et orchestre

Jean-François Lesueur,
Cantate pour le mariage de Napoléon et Marie-Louise « Tolitte hostias » et « Veni sponsa mansueta »,
soliste soprane, chœurs et orchestre
Étienne Nicolas Méhul,
Le Chant du départ,
solistes, chœurs et orchestre

Entr’acte.

Étienne Nicolas Méhul,
Cantate pour les célébrations du mariage de Napoléon et Marie-Louise
« O doux printemps », et « Comblé de bonheur »
chœurs et orchestre

Les deux œuvres  « Comblé de bonheur » et « Chant triomphal » sont inédites, ont été transcrites et éditées par Daveth Clark, et n’ont jamais été rejouées depuis 200 ans.

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