Émission du Prince-Président, dite « Présidence », 1852
Ont été émises deux valeurs, conformes aux nouvelles dispositions, non dentelées et imprimées en typographie :
– en septembre 1852 un timbre de 25 centimes de couleur bleue ;
– en décembre 1852, un timbre de 10 centimes de couleur bistre.
Dessiné et gravé par Jacques-Jean Barre (1793-1855), graveur général des monnaies à la Monnaie de Paris, le timbre reprend le cadre des Cérès dont l’effigie est remplacée par celle du président, tête nue, regardant vers la gauche, selon l’habitude des graveurs (cela se retrouve encore sur les timbres britanniques émis en février 2023 à l’effigie de Charles III). En fait, ils sont placés à la disposition du public alors que l’Empire est déjà restauré (sénatus-consulte du 7 novembre, plébiscite des 21-22 novembre et proclamation du 2 décembre).
Émission de Napoléon III « tête nue », dite aussi « Empire » (à partir de 1853)
Un an plus tard, à partir de septembre 1853, débute l’émission de timbres-poste avec le même graphisme et le même sujet que ceux de 1852. Elle comporte une nouvelle légende, « EMPIRE FRANC », et la disparition du petit B qui figurait sous le cou du prince-président comme signature de l’artiste. C’est durant cette période, le 15 octobre 1862, qu’apparaît le premier timbre dentelé de France : le 1 centime olive sur papier bleu-vert ; toujours pendant le dernier trimestre 1862, cinq autres valeurs sont émises.
Au total, on a une assez grande variété de valeurs faciales — 1 c, 5 c, 10 c, 20 c, 25 c, 40 c, 80 c et 1 f — et de couleurs — bleu, bistre, brun, carmin, jaune, olive, orange et rose. On dénombre, comme très souvent à cette époque, un certain nombre de variétés provenant de nouvelles gravures, de retouches et de dentelure, voire de taille légèrement élargie.
Émission de Napoléon III lauré, dite « Empire lauré » (à partir de 1862)
Ces timbres présentent trois graphismes différents. L’effigie impériale est dotée d’une couronne de lauriers sur la tête, en hommage à la campagne d’Italie de 1859, qui permet de célébrer l’empereur comme un conquérant romain. La légende supérieure porte la mention complète « EMPIRE FRANÇAIS ».
Les petites valeurs faciales sont les premières mises en circulation, notamment les nouvelles tels le 2 centimes en 1862 et le 3 centimes en 1863, ce qui montre que l’inflation est inconnue (de nos jours, les valeurs faciales évoluent toujours vers le haut sauf lorsque se produit une réforme monétaire). Elles sont dessinées et gravées par Désiré-Albert Barre (1818-1878), l’un des fils de Jacques-Jean Barre, lui aussi graveur général des monnaies. Le cadre et le fond sont allégés de leurs motifs d’inspiration grecque antique, qui reviendront sur les figurines émises à partir de 1867. En revanche, les valeurs de 10 à 80 centimes conçues par la suite reprennent la mise en forme des timbres de la précédente série.
Le 1er novembre 1869, un timbre de 5 francs est émis pour les lettres lourdes vers l’étranger et les droits d’assurance. En plus des mentions habituelles de la série, il porte la mention « TIMBRE POSTE ». Il s’agit d’un grand format horizontal — le premier — représentant l’Empereur.
Le Second Empire a également procédé à l’émission de timbres-télégraphe (8 vignettes) et de timbres globaux pour les colonies (6 vignettes) avec pour motif l’aigle impérial ; en fait, ce sont surtout les timbres de métropole qui ont servi outre-mer. En 1859, sur l’initiative d’un sergent de marine, une émission locale, avec le profil de Napoléon III, a été réalisée en Nouvelle-Calédonie. En 1871-1872, quatre valeurs du type « tête nue » ont été utilisées dans les colonies.
Mentionnons, en 1869, des essais de couleur pour un timbre à l’effigie du prince impérial, qui a entraîné, par la suite, des impressions de vignettes monochromes sans valeur postale, telles celles, dentelées et non dentelées, réalisées pour une exposition philatélique à Malmaison en juin-juillet 1944.
Après la chute de l’Empire (à partir de 1871)
Les timbres à l’effigie de Napoléon III ont continué à servir, conjointement avec les nouveaux à l’effigie retrouvée de Cérès, imprimés dans Paris assiégé par les troupes allemandes ou à Bordeaux par le gouvernement provisoire.
Pourtant, certains ont connu une histoire prolongée après la chute de l’Empire, en 1871-1872, en raison du changement de tarif du 1er septembre 1871. Ce fut notamment le cas du 5 c vert type Napoleon III dentelé de 1862 qui, après un premier tirage pour les colonies en novembre 1871, a été réimprimé en décembre 1871-janvier 1872 à 2 100 000 exemplaires, les spécialistes détaillant trois émissions successives selon la couleur du papier (blanc, bleu ou bleu vif) ; les planches d’impression de ce même 5 c Empire ont dû être remises en service, faute de disposer tout de suite de celles du type Cérès ainsi que pour écouler les stocks de timbres aux valeurs antérieures. Il y eut ensuite un second tirage quelques mois plus tard, mais moins important. Signalons enfin le 10 c bistre lauré de 1863 surchargé d’un « 10 » de couleur bleue, dont l’origine ne semble pas assurée, certains parlant d’un hypothétique tirage de la Commune ou du siège de Paris ; il est considéré comme non émis.
Il convient enfin de noter que particuliers et entreprises ont continué à se servir des timbres à l’effigie de Napoléon III au moins jusqu’en 1875 ; cela ne posait pas de problème juridique comme ce sera le cas pour la plupart des timbres du régime de Vichy, démonétisés le 7 août 1944. Lorsqu’il le fallait, les figurines impériales étaient alors complétées par d’autres à l’effigie de Cérès telle qu’utilisée sous la IIe République ou ressortie après la proclamation de la République le 4 septembre 1870 ; celle-ci sera remplacée en 1876 par le type « Paix et Commerce » en usage jusqu’en 1900.
Jean Étèvenaux
Septembre 2023