Réapparition en Toscane d’une cravate de Napoléon

Auteur(s) : ASSOCIATION NAPOLEONE ED ELISA: DA PARIGI ALLA TOSCANA
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Samedi 28 février 2015, aux Archives d'État de Lucques, était organisée une rencontre à l'occasion du bicentenaire du départ de Napoléon de l'île d'Elbe, par le Mibact, la province de Lucques, le Real Collegio avec le soutien de la Fondazione Cassa di Risparmio di Lucca et des sponsors privés. Le journaliste et présentateur de télévision Paolo Del Debbio a pu y présenter reçut un objet particulier : la cravate, oubliée par l'Empereur dans la précipitation de son évasion. Article original en italien 
Réapparition en Toscane d’une cravate de Napoléon
Foulard La photo de Napoléon © Beatrice Speranza

Description

C'est un accessoire somptueux, en batiste fine et blanche, mesurant environ 70 × 70 cm, dont les coins sont brodés avec un « N » surmonté de la couronne impériale et d'une décoration. C'est la première fois, après deux siècles, que ce vêtement a été présenté au public. La date de sa présentation a été choisie pour coïncider avec l'anniversaire des événements de la fin de la présence de Napoléon sur l'île d'Elbe. Lorsque, dans la soirée du 26 février 1815, l'empereur s'est échappé de l'île d'Elbe pour rentrer en France, ce foulard est resté sous l'un des coussins dans sa chambre.

Buste de Bonaparte, Premier Consul, par Joseph Chinard (1756-1813) Rueil-MalmaisonUn des serviteurs de l'Empereur a immédiatement compris l'importance de sa découverte et l'a gardé. Durant plus de la moitié d'un siècle, l'objet a été conservé par sa famille, qui l'a traité comme une relique de grande valeur. En septembre 1882, les deux derniers descendants du serviteur chanceux ont décidé d'en faire don à la noble anglaise Maria Luisa Bayard, qui avait épousé le grand Manlio Bettarini, adjudant de Vittorio Emanuele II. Depuis lors, le foulard est resté dans la famille Bettarini jusqu'à passer à son héritier direct actuel de la famille Castellani, à Livourne.
 
Cet objet précieux représente l'un des plus importants vestiges napoléoniens conservés en Toscane et il est significatif qu'il fasse sa première apparition publique à Lucques, maintenant reconnu comme l'une des capitales du système imperial napoléonien.

La découverte de son importance et de son authentification est le fruit de la recherche historique faite par l'association « Napoleone ed Elisa : da Parigi alla Toscana », à Lucques, depuis de nombreuses années, financée par la Fondazione Cassa di Risparmio di Lucca et la Fondazione de Livourne.

détail du portrait de Casimir Carbonnier de Sir Neil Campbell, 1818 huile sur toileCe n'est pas un hasard si Bernard Chevallier, l'une des sommités du monde dans le domaine de l'étude napoléonienne et directeur honoraire du Musée Nationaux de Malmaison et Bois-Préau, est venu de Paris à Lucques pour parler de l'importance de la découverte et de veiller à son intérêt historique. Sa venue à Lucques démontre la grande attention que la France porte aux initiatives là-bas ; il y avait récemment, d'ailleurs, une conférence à Paris sur le sujet du Consulat italien. 
 
« Il est très rare aujourd'hui de trouver des objets encore inconnus ayant appartenu à Napoléon et il est encore plus difficile de trouver des matériaux liés à la présence de l'empereur en Toscane », dit Roberta Martinelli, ancien directeur du Musée National des Résidences napoléoniennes de l'île d'Elbe. « Et ce foulard napoléonien est présenté aujourd'hui au public dans un excellent état, en résultat du travail effectué par Domenica Digilio et Giacinto Cambini de la société Studio e Restauro tessile Lucca Pisae. »

détail de broderie sur Foulard La photo de Napoléon © Beatrice Speranza« Cet objet est très rare », écrit Bernard Chevallier dans son rapport. « C'est un mouchoir utilisé par Napoléon pendant son séjour à l'île d'Elbe. Ces cravates ont été fabriquées à partir de grands morceaux de tissu, généralement carrés, mesurant 60 à 70 cm de chaque côté pour être noués autour du cou de nombreuses manières différentes, comme on peut le voir sur de nombreux portraits du début du XIXe. Ces foulards ne sont jamais confondus avec des mouchoirs puisque ces derniers sont toujours de petite taille. »
 
« Pour Napoléon, comme pour toutes les classes supérieures, le tissu avec lequel ces foulards ont été faits était toujours de la mousseline de l'Inde ou de la batiste, en d'autres termes, un linge très fin. Par exemple, lors de la cérémonie du sacre et du couronnement de l'empereur, Napoléon portait d'opulents foulards jumelés avec des cols et poignets de dentelle qui coûtaient la somme exorbitante de 4000 francs. »

détail de monogramme sur Foulard La photo de Napoléon © Beatrice SperanzaQui étaient les responsables de ces foulards ? « Ces accessoires, poursuit le directeur honorifique, ont été fournis par mesdemoiselles Lolive de « Beuvry et Compagnie », les seuls pourvoyeurs de linge de l'empereur et de l'impératrice. Leur boutique était à Paris au 61, rue Neuve des Petits Champs. Le premier projet de loi connu est daté du 1er août 1805 et porte sur la fourniture de 32 aunes de mousseline (une aune est à peu près équivalent à 118 cm) pour la somme de 768 francs. En outre, la réalisation de quatre douzaines de mouchoirs de ce tissu devait ^coûter 9 francs la douzaine.
La première cravate qui nous est parvenue provient de l'armoire impériale et est inventoriée sous la rubrique n°42 parmi les « sept douzaine de foulards blancs » en date de l'inventaire de Napoléon de 1811. Chaque année, le « lingeriste » fournissait deux douzaines de mouchoirs blancs qui devaient durer six ans. Le linge de Napoléon a été régulièrement lavé par Mme Durand au coût de 20 cents par foulard. Les factures, aujourd'hui conservées aux Archives nationales, témoignent de la fourniture de nombreux foulards, tels que, par exemple, six douzaines en 1808 et treize douzaines en 1812 avant de partir pour la campagne de Russie. »

« Au cours de ses deux exils sur les îles d'Elbe et de Sainte-Hélène, Napoléon allait apporter avec lui de nombreux foulards, et l'inventaire de lin, établi en 1821 après sa mort par le valet de chambre Marchand, énumère six autres cravates qui devaient être répartis entre ses frères et soeurs, chacun d'eux en recevant un comme souvenir. En dehors de cet exemple, nous ne connaissons l'existence que d'une seul autre cravate identique à celle retrouvée à Elbe, aoujourd'hui présentée au musée de l'Armée à Paris. »

Titre de revue :
Revue du Souvenir Napoléonien
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