Le buste d’Hannibal hébergé par l’Université du Saskatchewan
L’article de Radio Canada paru fin janvier 2015, à l’origine de notre petite investigation, donnait déjà des informations précieuses sur l’objet en possession du musée des Antiquités canadien :
– le buste date du XVIIe s. ;
– il a été mis aux enchères pour environ 70 $ à New York en 1939 ;
– il a été retrouvé dans les collections du musée en 1988 sans qu’il soit possible d’établir sa provenance ;
– les conservateurs sur place ont réussi à établir sa possession par Napoléon Ier grâce à des références au buste retrouvées dans un document écrit par le secrétaire particulier de Napoléon.
Forts de ces informations, nous avons contacté Tracene Harvey, la conservatrice en chef du musée, à la source de cet article. Cette dernière nous a donné des informations supplémentaires.
« Nous avons trouvé une référence à notre buste en bronze d’Hannibal dans les mémoires de secrétaire particulier de Napoléon, le Baron Claude-François de Méneval. Ce passage de ses mémoires fait état de la présence d’un tel buste sur la cheminée du bureau [de Napoléon Bonaparte] au Château de Saint-Cloud, Napoléon avait un buste en bronze d’Hannibal, ainsi qu’un buste de Scipion l’Africain. Nous poursuivons nos recherches mais, d’après que nous le savons, notre buste en bronze est le seul qui puisse être le bon. Le buste a été exécuté par François Girardon, sculpteur du roi Louis XIV, ou par son protégé Sebastian Slodtz. »
Références écrites à la possession d’un tel buste par Napoléon Ier
Dans l’attente de la publication des recherches des conservateurs du musée des Antiquités, nous pouvons déjà confirmer les propos de Tracene Harvey sur l’existence d’un tel buste.
– Les mémoires pour servir l’histoire de Napoléon Ier, du baron de Ménéval présentent bien un extrait décrivant le buste :
« Sa place habituelle était une causeuse recouverte d’une housse en taffetas vert, placée près de la cheminée que décoraient deux beaux bustes en bronze, représentant Scipion et Annibal. » (p. 201, dans l’édition présentée par Gallica)
– Plus encore, une lettre de Vivant Denon (consultable sur napoleonica.org, sous Internet Explorer) vient confirmer l’existence d’un tel buste. Le directeur général du musée central des Arts s’y adresse directement au Premier Consul en 1803 pour évoquer la pièce :
« J’ai rassemblé divers portraits que je ferai placer dans vos appartemens de Saint-Cloud et qui, j’espère, seront de votre goût. J’y ai joint deux bustes en bronze d’Annibal et de Scipion que j’ai rapportés de Naples et dont je vous prie de me permettre de vous faire l’hommage ».
Le buste du musée canadien est-il celui qui se trouvait à Saint-Cloud dans le bureau du futur empereur ? Quand a-t-il quitté le palais : en 1814, 1815 lors d’une des abdications de Napoléon Ier ? Ou juste avant la destruction du château de Saint-Cloud en 1870 ? Nous vous tiendrons au courant des prochains développements sur cette miraculeuse réapparition…
Février 2015