La Revue des Études napoléoniennes est née dans l’effervescence des commémorations des Centenaires, tout d’abord 1812-1912, avec comme point d’orgue, 1921. Elle est aussi le reflet d’une Europe en proie aux menaces imminentes de guerre, où les nationalismes de part et d’autre des frontières appelaient à la revanche et aux conquêtes. Dans ce contexte, la revue devait célébrer « la grande figure de Napoléon », « faire paraître le vrai visage de Napoléon III » et démontrer la place centrale de la France et de son histoire. La déclaration de guerre en 1914 ne fit que redoubler les accents patriotiques.
Son fondateur, Édouard Driault, (1864-1947) était fils d’instituteur d’un petit village du Loiret, boursier qui parvint à l’agrégation d’histoire. Il consacra sa vie professionnelle à l’histoire en général tout d’abord, écrivant des manuels en tant que « professeur d’élite » en poste au lycée Hoche de Versailles (il prit sa retraite en 1924). Il consacra ensuite ses intérêts en deux pôles : la Question d’Orient (particulièrement en faveur de la Grèce) et l’histoire napoléonienne. Peu à peu, son audience grandit au sein du monde universitaire, jouissant d’une notoriété qui dépassait l’enseignement. Il fonda la R.E.N. en 1932, puis, vingt ans plus tard, l’Institut Napoléon en 1932. Directeur de la publication, Driault lui avait fixé une double mission scientifique :
• publier des archives inédites, tant publiques que privées. La grande activité déployée par la Société impériale d’Histoire de Russie en vue du centenaire de la campagne de 1812 servit d’aiguillon pour enrichir également le corpus français.
• devenir un centre d’études sur les deux Empires, non seulement pour renouveler l’histoire militaire mais aussi pour approfondir l’histoire économique, des lettres et des arts, les relations internationales.
La R.E.N., l’acronyme sert de mot de passe pour les chercheurs, est bornée par les deux guerres mondiales, qui déterminèrent son existence. Elle eut à subir également la crise économique de 1929 qui faillit la voir disparaître. Sa durée de publication est 1912-1926, 1929-1939.
Aujourd’hui, elle renaît en quelque sorte avec cette numérisation. Désormais accessible à un plus large public, ses importants travaux prendront ainsi une nouvelle résonance et la feront connaître des nouvelles générations.
[1] La numérisation de Gallica ne couvrant pas juillet 1913, et les années 1925 et 1926, ces manques seront comblés rapidement par un programme de digitalisation menée par la Fondation Napoléon.
Chantal Prévot, responsable des Bibliothèques de la Fondation Napoléon (octobre 2024)