Une chronique de Charles Masséna : Napoléon et les jeunes

Auteur(s) : MASSÉNA Charles
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202 ans après sa mort, le premier Empereur des français est toujours présent dans la mémoire collective française comme internationale. Son héritage institutionnel est omniprésent en France et son nom reste l’un des plus connus à travers le monde. Si le vainqueur d’Austerlitz est assez bien connu et plus ou moins bien perçu par les générations précédentes, qu’inspire-t-il aux jeunes du XXIe siècle ?

Une chronique de Charles Masséna : Napoléon et les jeunes
Charles Masséna © DR

À l’heure où les moyens d’information n’ont jamais été aussi développés et les connaissances aussi accessibles, on constate malheureusement un certain oubli de plusieurs événements et personnages fondateurs de la France. Si Napoléon n’est pas amené à disparaître, la méconnaissance, en revanche, de son parcours et de ses actions peut conduire à porter un jugement faussé sur le XIXe et sur l’Histoire en général.

La jeunesse étant généralement propice à l’exaltation, deux types de visions de Napoléon se démarquent traditionnellement : les admirateurs inconditionnels et les opposants farouches. Comme tous les personnages exceptionnels, Napoléon suscite donc passion ou rejet. Néanmoins une nouvelle catégorie semble aujourd’hui émerger, celle-ci, plus propre à la jeunesse : celle des indifférents. S’il n’est pas ici question d’écrire un réquisitoire contre la jeunesse, il est nécessaire de constater que, là où des générations précédentes pouvaient avoir un avis tranché (fondé ou non sur des connaissances de la période), une partie de la nouvelle génération se démarque par une capacité d’oubli ou de désintérêt total pour le personnage.

Si l’on peut vouloir, à juste titre, débattre des causes, il est pour moi plus intéressant de se pencher sur les moyens d’y remédier. Acteur essentiel de la diffusion du savoir historique sur la période napoléonienne, la Fondation Napoléon a pour objectif de renforcer la connaissance napoléonienne chez les jeunes à travers son projet « Napoléon 2026 », dont le but est de fournir du matériel documentaire aux écoles et de renforcer sa présence numérique avec un portail éducatif aux contenus dédiés. C’est en effet grâce à des initiatives incitant les jeunes à s’impliquer directement que ceux-ci se sentiront mieux concernés.

Mais les acteurs extérieurs ont aussi un (grand) rôle à jouer, à l’image des cinéastes qui peuvent toucher un grand nombre de personnes en bénéficiant parfois de moyens très importants. Il y a fort à parier que la sortie prochaine sur nos écrans du Napoléon de Ridley Scott rencontrera le succès, permettant d’intéresser de nouvelles personnes à cet univers.
La multiplication de ce type de projets ainsi qu’une présence renforcée sur le champ culturel touchant la nouvelle génération est absolument nécessaire pour la diffusion de la connaissance.
Pour les jeunes d’un autre siècle, la lecture de Victor Hugo et d’Alexandre Dumas avait permis, d’une manière plus littéraire que scientifique, de donner le goût de l’Histoire et d’ancrer Napoléon dans les mémoires et les vies. À l’heure ou la lecture semble malheureusement en régression, il faut employer d’autres moyens, comme les réseaux sociaux, pour faire aimer l’Histoire. Aussi la création de formats courts et facilement diffusables est-elle essentielle pour toucher une population parfois imperméable aux formats longs car trop « occupée » pour se plonger dans un ouvrage scientifique dense.

Au-delà de la nécessité de garder l’Histoire vivante, faire connaître Napoléon, c’est aussi proposer une vraie source d’inspiration pour un public jeune. Sa figure peut en effet apporter certaines réponses à une jeunesse qui semble chercher des repères et se trouve en manque de perspectives d’avenir.
Évoquer Napoléon, c’est par exemple rappeler le parcours d’un l’homme né dans une famille corse relativement modeste et qui finira empereur des Français. Ils ont été nombreux sous la Révolution et l’Empire a connaître une grande ascension sociale basée sur le mérite, propre à des destins et à des personnalités exceptionnelles.
Si la période a changé, ces hommes peuvent apparaître néanmoins comme des exemples – des modèles peut-être aussi – pour ceux qui les étudient.  La stimulation de l’esprit par la prise de connaissance des grandes aventures du passé peut aider à mener à bien sa propre vie et faire des choix éclairés ; c’est peut-être là que peut se trouver le plus grand intérêt pour les jeunes.

Pour finir, il faut se rappeler que l’Histoire passe avant tout par chacun d’entre nous et qu’il ne tient qu’à vous ou à moi d’offrir un livre d’Histoire à ses proches et ses amis, de les inviter à visiter une exposition dans un musée d’Histoire ou à assister à une conférence. S’il faut des institutions pour définir et mener les grands projets, le rôle de chacun doit être de les soutenir en y participant afin qu’ils connaissent le meilleur succès. Ainsi pourra-t-on ramener à l’Histoire ceux qui ont eu tendance à s’en détacher. Les obstacles sont certes nombreux et la tâche est rude, mais c’est le seul moyen pour continuer à faire vivre une histoire bicentenaire qui a encore (je l’espère) de beaux jours devant elle.
Alors, encore une fois, c’est à nous tous de nous investir le plus intelligemment et le plus activement possible pour que ne meure pas la flamme de la grande Histoire.

« Une tête sans mémoire est une place sans garnison ».
Napoléon Bonaparte

Charles Masséna
Mai 2023

Charles Masséna étudie l’Histoire à l’Institut catholique de Vendée/ICES.

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