Une chronique de Peter Hicks : raconter Napoléon en anglais et en français sur 200 ans

Auteur(s) : HICKS Peter
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Tout comme en 2021, 1921 fut une année où les gens se sont souvenus de Napoléon et de son histoire extraordinaire. Y compris de l’autre côté de la Manche, le 5 mai. Fait emblématique : lorsque Foch a prononcé son célèbre discours sur Napoléon sur la tombe des Invalides à Paris (pas de squelette de chevaux suspendus à l’époque…), ce discours a été publié en anglais dans un supplément spécial du London Times le jour même, accompagné de plusieurs articles sur Napoléon par les principaux historiens de l’époque.

Une chronique de Peter Hicks : raconter Napoléon en anglais et en français sur 200 ans
© Fondation Napoléon / Rebecca Young

Quant à l’édition de livres à l’époque, pour ne citer que les livres qui ont traversé les années – et votre serviteur, Peter Hicks, a probablement oublié votre préféré, alors « ne tirez pas sur le pianiste ! » -, Philippe Gonnard et Frédéric Masson s’étaient déjà affrontés sur l« ‘Épisode de Sainte-Hélène » depuis près de 20 ans, tandis que Jean Colin et Paul-Claude Alombert avaient produit leur somme sur la campagne d’Austerlitz, et qu’Albert Vandal avait publié ses livres importants sur la diplomatie de Napoléon et son accession au Consulat.
De l’autre côté de la Manche, à cette période, les publications ne sont pas en reste :  John Holland Rose a produit plusieurs éditions de sa grande biographie de Napoléon (et d’autres ouvrages sur des sujets napoléoniens de toutes sortes), Mary Sophia Hely-Hutchinson Loyd a traduit l’édition de Lecestre des lettres de Napoléon.
Ce sont surtout les passionnés britanniques suivants qui ont oeuvré pour créer des ouvrages de référence : Clement King Shorter (sur Napoléon mais aussi Sainte-Hélène), Alexander Meyrick Broadley (sur les caricatures napoléoniennes mais aussi, de manière générale les représentations de Napoléon), Thomas Hancock Arnold Chaplin (sur la maladie de Napoléon mais surtout Sainte-Hélène), George Leo de St M. Watson (sur le masque mortuaire de Napoléon mais aussi sur Piontkowski sur Sainte-Hélène) ou encore l’historien populaire Norwood Young (sur Elbe et Sainte-Hélène). Tous ont produit des ouvrages de référence fondamentaux qui ont résisté à l’épreuve du temps.

Avançons dans le temps et voici 2021. Qu’en est-il des publications an langue anglaise ? Encore une fois, votre serviteur ne va probablement pas parler des ouvrages qui vous enthousiasment fort mais désarmez (encore) votre pistolet, s’il vous plaît, pour autant !
Alors que la publication au printemps 2022 de l’Histoire des guerres napoléoniennes de Cambridge en trois volumes passera probablement inaperçue, toujours dans le bicentenaire de la mort de Napoléon sera passé (Merci, la Covid, pour le retard de publication !), Michael Broers a déjà écrit une biographie de Napoléon (ici aussi en trois volumes, le dernier volume à paraître bientôt), Alexander Mikaberidze a publié une Histoire globale des guerres napoléoniennes récemment (en 2020), et Andrew Roberts nous a offert sa magnifique biographie de Napoléon, lauréate du Grand Prix de la Fondation Napoléon en 2014.
Des publications de qualité exceptionnelle, mais si peu nombreuses, en anglais.

En France, c’est incomparable, particulièrement cette dernière année : sans même parler de la disponibilité dans son entierté, depuis quatre ans, de la Correspondance de Napoléon, les écrits et études foisonnent. Rien que sur l’épisode de Sainte-Hélène, l’ouvrage en trois volumes de Thierry Lentz sur les mémoires de Napoléon, les versions complètement inédites non seulement du Mémorial de Las Cases (par Thierry Lentz, Peter Hicks, François Houdecek et Chantal Prévot) renouvellent complètement la vision de cette période.
Si on y rajoute l’exceptionnelle revisitation des Journal de Gourgaud (par Jacques Macé), des Cahiers de Bertrand (François Houdecek) ou même des traductions françaises de sources anglaises (inconnues en anglais, le comble !) que j’aurai l’honneur de faire paraître prochainement.
Oui, on peut l’assurer… il y a beaucoup à approfondir, encore, pour les publications napoléoniennes en langue anglaise, qui a assurément sa place comme langue d’étude sur le Premier Empire. Les productions anglophones, en 1921, étaient particulièrement en première ligne, surtout sur l’épisode de Sainte-Hélène.  En revanche, cent ans plus tard : force est de constater qu’ils ont… pris la manche.

Peter Hicks
Janvier 2021

Peter Hicks est chargé d’affaires internationales à la Fondation Napoléon.

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