Après consultation de plusieurs musées, c’est Jacquemart-André qui avait été choisi pour accueillir l’exposition. À l’époque, le siège de la Fondation était distant de 200 mètres, sur le boulevard Haussmann. Le commissariat fut confié au très regretté Bernard Chevallier, alors directeur du musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, membre du Conseil d’administration de la Fondation Napoléon. Toute notre équipe se mit à son service avec enthousiasme. Le parcours de visite, en six sections, conviait à la découverte de la société impériale avec ses fastes et son éclat, et invitait les visiteurs à une approche plus intime de l’Empereur, sentiment renforcé par la formidable scénographie dans laquelle Michel Albertini, professionnel de renom, laissa s’exprimer sa passion, se permettant d’ajouter des décors et de la musique, ce qui à l’époque se faisait rarement. Un magnifique catalogue fut édité par Nouveau monde éditions, avec le titre tout trouvé de l’exposition : « Trésors de la Fondation Napoléon. Dans l’intimité de la Cour impériale ».
À l’invitation du baron Gourgaud, alors président de la Fondation, la princesse Napoléon inaugura l’exposition le 28 septembre 2004. Jusqu’au 3 avril 2005, plus de 130 000 visiteurs se pressèrent au musée Jacquemart-André. La collection de la Fondation Napoléon venait d’entrer à la fois dans la passion des napoléonistes et dans… les petits papiers des organisateurs d’expositions.
Elle partit ensuite au Mexique, puis à Rome, à l’île d’Elbe, à Melbourne, à Vienne, à Wesel et Minden (Allemagne) et autres lieux, tandis que les musées les plus prestigieux sollicitaient (et obtenaient facilement) des prêts pour leurs propres événements : en France évidemment, mais aussi en Belgique, en Italie, en Chine, au Japon, aux États-Unis, en Afrique du Sud. En tout, ce ne sont pas loin de 150 expositions qui ont pu présenter nos objets.
Ce succès a été lancé par l’exposition de 2004 et il se poursuit encore. Notre collection s’est depuis enrichie par des achats d’œuvres, des dons et des mises en dépôt. Elle est probablement aujourd’hui dans les deux ou trois principales collections napoléoniennes privées du monde et on peut la découvrir sur Internet dans un nouvel écrin numérique. Nous en sommes heureux, certes, mais mesurons aussi nos responsabilités pour la conservation, les restaurations et, pour l’avenir, la transmission de ces trésors.
Les « anciens combattants » de Jacquemart-André se remémorent aujourd’hui ce premier moment français de la collection léguée par Martial Lapeyre. Cela paraît loin. Mais il nous reste le merveilleux catalogue et, parfois, les souvenirs d’anciens visiteurs de l’exposition qui nous en parlent avec émotion.
Thierry Lentz, directeur général de la Fondation Napoléon (décembre 2024)
Pour aller plus loin
♦ un article : Une grande première : les Trésors de la Fondation Napoléon enfin dévoilés à Paris !
♦ une vidéo : retour en images sur cette exposition exceptionnelle :