Rien n’y manque pour satisfaire l’appétit napoléonien de souvenirs authentiques : tableaux, statues, bustes, mobilier, arts décoratifs, petites reconstitutions, armes, uniformes et habits de cour, le chapeau et la redingote, l’or de la Banque de France (personne n’a jamais vu autant de napoléons d’or d’un coup), etc. Le tout dans une scénographie « « dans le vent » mais pas trop : des écrans, petits et géants, des cartels explicatifs, ni trop courts ni trop longs, des cabinets évoquant les questions controversées, ni trop importants ni trop petits, des tentures, des tapis et j’en oublie. Ajoutons-y de l’espace (1800 m2, ce qui n’est pas rien), un parcours impeccablement didactique, sans oublier une douce climatisation (ce qui n’est pas indifférent à l’arrivée de l’été) et pour en garder le souvenir, un catalogue certes un peu « cheap » mais qui vaudra la peine d’être lu et conservé. Bref, de la grandeur digne du sujet traité.
Reconnaissons-le, la Réunion des Musées nationaux et La Grande Halle de La Villette ont fait ce qu’il fallait, malgré les contraintes (notamment de temps, puisqu’il n’a fallu qu’un an et demi pour mettre l’exposition sur pied), les doutes de certains et les quelques accès de fièvre malheureusement inévitables de nos jours. Car, je peux d’autant plus le dire que j’en ai fait un des chapitres de mon Pour Napoléon, l’affaire n’était pas gagnée d’avance. Hors le milieu des historiens et des conservateurs, on a douté un moment de la nécessité de « commémorer » Napoléon par cette exposition qui sera le digne pendant de celle qui avait été organisée au Grand Palais en 1969. On a entendu ces doutes lors des réunions préparatoires ; on a dû parfois lutter contre les scrogneugneux qui se seraient bien pliés à quelques injonctions issues des fameuses « sensibilités contemporaines » (qu’il n’était pas question de gommer) ; on a même murmuré qu’en très haut lieu ministériel, d’aucuns se seraient tout aussi bien passés de cette exposition. Et finalement, les patrons d’institutions ont tenu bon, les organisateurs ont respecté leur calendrier, les commissaires ont travaillé avec ferveur, les équipes de la RMN et de La Grande Halle ont avancé à un rythme d’enfer pour offrir au public cette magnifique expo… et nous y sommes.
On ne cachera pas que, second prêteur de l’exposition, la Fondation Napoléon se réjouit qu’une telle exposition ait lieu et nous ne pouvons que vous inviter à en profiter. Car gageons qu’on ne reverra pas de sitôt autant de grands musées, de grandes institutions et de telles compétences réunis pour un tel événement. Et lorsque tout cela sera terminé, le 29 décembre prochain, nous pourrons dire : j’y suis allé.
Thierry Lentz
Directeur de la Fondation Napoléon
Juin 2021