Principalement centrée autour des arts décoratifs, la collection initiale de Martial Lapeyre a le pouvoir de nous transporter, de nous faire voyager dans le monde du XIXe siècle. Tout y est : de l’orfèvrerie, des arts de la table, des pendules, du militaria pour évoquer les campagnes napoléoniennes, de la numismatique, des présents diplomatiques et quelques tableaux. Aujourd’hui, bien que le legs demeure le cœur de la collection de la Fondation Napoléon, d’autres sublimes pièces, toujours autant chargées d’histoire(s), sont venues la compléter pour atteindre près de 2 000 items.
Les dix dernières années ont été rythmées par de fameux bicentenaires de l’épopée napoléonienne. Elles ont été – aussi – pour la Fondation Napoléon, l’occasion d’enrichir sa collection. Cela a pu être possible selon différentes modalités : des dépôts de collections remarquables, des achats lors de ventes aux enchères d’une richesse exceptionnelle et grâce à des dons de particuliers dans une démarche de partage et de transmission.
Revenons sur chacun de ces moyens.
En 2012, la Fondation Napoléon recevait en dépôt la collection Alfred Pardee qui était auparavant présentée à Aubagne. C’est plus d’une centaine d’œuvres qui sont alors venues s’ajouter à la collection. Mais qu’est-ce qu’un dépôt ? Selon la définition établie par le ministère de la Culture, les dépôts correspondent à « une forme de prêt à long terme. […] Ils répondent à un enjeu de connaissance et à une exigence d’accès partagé à la culture(https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Musees/Les-musees-en-France/Les-musees-de-France/Dico-des-musees#D.)».
À ce titre, le dépôt est visible au sein des collections de la Fondation Napoléon qui peut donc présenter ces œuvres en dépôt lors des expositions. Son entretien, sa bonne conservation et son étude reviennent à la charge de la Fondation Napoléon. Parmi les pièces de la collection Alfred Pardee, de très belles œuvres ont été présentées dans des expositions à de nombreuses reprises sur le territoire national, mais également à l’international.
Le second mode d’enrichissement de la collection correspond à des acquisitions réalisées par la Fondation Napoléon, c’est-à-dire des achats lors de ventes aux enchères, auprès d’une galerie ou d’un libraire. Au sein de la Fondation, nous parlons alors de politique d’acquisition : avant son entrée dans les collections, chaque œuvre est étudiée.
Son achat peut uniquement être réalisé avec l’accord d’une commission qui s’assure de la cohérence de l’apport de l’œuvre dans la collection, afin d’en garder son homogénéité. Une attention particulière est aussi portée à la valeur scientifique de l’œuvre.
Il est important de veiller à la place que va occuper cette nouvelle pièce : il faut qu’elle vienne compléter et combler des lacunes sur une période historique, un artiste ou une typologie d’objets. Par exemple, l’achat d’une peinture de Marc Chagall, aussi belle soit telle, n’entrera probablement jamais dans les collections de la Fondation Napoléon.
Par ce biais de nombreuses pièces sont venues compléter le fonds initial. L’année 2021 a été riche d’opportunités : une Lettre spéciale collection de mars 2022 en détaillait quelques-unes.
Enfin, il existe un troisième mode d’enrichissement de la collection : les dons. Ils proviennent principalement de particuliers, amateurs le plus souvent d’Histoire (souvent pas que napoléonienne !), qui souhaitent transmettre un patrimoine au plus grand nombre. Leur démarche correspond principalement à un souci de conservation de leur(s) œuvre(s). L’acceptation de ce don, et donc l’entrée dans les collections de la Fondation Napoléon, est gage de sa pérennité pour les générations futures dans des conditions optimales, de son étude initiale à sa valorisation permanente, lors de nos expositions notamment.
Ces dix dernières années grâce à la générosité d’amoureux du patrimoine napoléonien de nombreux trésors ont pu rejoindre les collections. Les dons correspondent à la principale source de son enrichissement. Citons-en quelques-uns parmi les plus prestigieux.
En 2013, Jeanne Boisseau a fait don d’un exemplaire du masque mortuaire de Napoléon.
En 1821, le docteur Francesco Antommarchi, conjointement avec son collègue anglais Francis Burton, réalise un masque mortuaire de l’Empereur à Sainte-Hélène. À partir de 1833, il lance une souscription pour la reproduction et la diffusion de ce dernier portrait, à partir de la partie centrale seule en sa possession.
En 1834, la famille Bonaparte offre une édition spéciale de dix exemplaires, en plâtre et en bronze, à des villes corses, dont celui de la Fondation Napoléon destiné à Corte.
En 2014, le Prince Albert de Monaco donne à la Fondation l’écritoire de campagne du maréchal Lannes offert par Napoléon.
On connaît les liens d’amitié qui liaient Napoléon et le maréchal Lannes, à la fois anciens et sincères. Avant qu’il ne le remette à son vieux camarade de combat, l’écritoire servait de support aux ordres rédigés par Napoléon pendant les manœuvres militaires ou au cœur des combats.
Plus récemment, en 2022, c’est près d’une dizaine de dons qui sont venus enrichir les collections de la Fondation Napoléon.
Parmi eux, notons l’exemplaire de l’Aiglon d’Edmond Rostand donné par Olivier Aubriet en juin dernier.
Ce drame, écrit en 1900, relate les dernières années et la mort du fils de Napoléon Ier et de Marie-Louise. Le rôle du duc de Reichstadt est alors joué par Sarah Bernhardt, travestie pour l’occasion. Dans cette édition originale de la pièce, près de 80 aquarelles d’Edyck illustrent les différents passages de la pièce.
Très populaire, l’œuvre d’Edmond Rostand alimentera la légende du fils de l’Aigle dont les cendres seront ramenées en France dans des circonstances malheureuses en décembre 1940.
Ainsi, au cours de ces dix ans, tout en conservant son homogénéité originelle, la collection continue de susciter l’émotion lors de sa participation à des expositions. C’est une histoire qui continue d’être écrite, qui n’a pour seuls buts continuer à émouvoir le public qui la découvre et valoriser l’Histoire du Premier et Second Empire, mais plus largement du siècle des Bonaparte.
► Voir les pièces des collections de la Fondation Napoléon sur le site arteia.
► Parcourir les chefs-d’œuvre de ces collections sur fondationnapoleon.org.
► Quelques expositions remarquables auxquelles la Fondation Napoléon a fait des prêts d’œuvres.
Élodie Lefort
Novembre 2022
Élodie Lefort est responsable des collections de la Fondation Napoléon.