Ses jeunes années furent marquées par son conditionnement en vue de son accession au trône impérial programmée par Napoléon III lui-même lorsqu’il deviendrait majeur en 1874. La défaite de Sedan et la chute de l’Empire, en septembre 1870, en décidèrent autrement. Le Prince et sa mère trouvèrent alors refuge en Grande-Bretagne où Napoléon III finit par les rejoindre après plusieurs mois de captivité en Allemagne. Le jeune prince qui se languissait de sa patrie entreprit des études militaires en Angleterre avec l’espoir de servir un jour la France et même de la gouverner.
Après la mort de son père en janvier 1873 et son accession à la majorité en mars 1874, il devenait pour ses partisans, Napoléon IV. Il développa aussitôt son programme politique et le rendit public.
Désireux de prouver sa valeur et de s’illustrer par des faits d’armes, comme ses ancêtres avant lui, il rejoignit en 1879 les troupes britanniques en Afrique du Sud. Le 1er juin de la même année, il perdit la vie dans une embuscade au Zoulouland. Il n’avait alors que vingt-trois ans. Cette mort brutale et tragique marqua la fin d’un jeune homme pétri d’idéaux et de courage, qui rêvait de restaurer la gloire des Bonaparte.
Chacun des chapitres de cette vie fut une page de l’histoire de la France et de l’Europe du XIXe siècle. En Corse plus particulièrement, ce Prince laissa une empreinte, certes brève mais indélébile, en incarnant l’espoir de renouveau et de modernité pour les défenseurs de la dynastie et du régime impériaux.
Au-delà des éléments connus de la biographie du prince, l’exposition présente non seulement sa place dans la vie fastueuse d’une cour impériale empreinte de cérémoniaux grandioses, la construction idéologique de l’image d’un Prince Impérial pensée comme l’incarnation d’un régime qui puisait sa légitimité dans le passé napoléonien et dans la modernisation accélérée du pays.
L’exposition met aussi l’accent sur les liens étroits et méconnus entre le prince et la Corse, terre d’origine de la famille Bonaparte et terroir du profond enracinement du bonapartisme. De son premier et unique voyage officiel sur l’île en 1869, à son implication personnelle dans la vie politique locale au cours de la première moitié des années 1870.
Cette exposition, qui propose plusieurs centaines de documents, d’objets historiques et d’œuvres d’art souvent inédits issus de collections privées et publiques, retrace ce personnage méconnu du grand public dans toutes ses dimensions, tout en s’interrogeant sur la survivance du mythe bonapartiste, bien au-delà de la Troisième République.
Éric Anceau, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lorraine, commissaire général de l’exposition (juillet 2025)
► En savoir plus sur l’exposition Napoléon IV, le prince corse oublié (1856-1879) au musée de Bastia