BACLER D’ALBE, Louis Albert Guislain, baron (1761-1824), ingénieur-géographe, dessinateur

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BACLER D’ALBE, Louis Albert Guislain, baron (1761-1824), ingénieur-géographe, dessinateur
Louis Albert Guislain Bacler d'Albe

Né à Saint-Pol-sur-Ternoise, le 21 octobre 1761, après d'excellentes études où il manifesta une aptitude pour le dessin et les sciences naturelles, Bacler d'Albe fut d'abord premier commis de son père, directeur des postes à Amiens. Mais les beaux-arts l'attiraient. Il partit alors pour la Suisse et s'installa à Sallanches en Savoie de 1786 à 1793, dessinant quantité de vues du mont Blanc dont Paccard et Valmat venaient de réussir l'escalade et faisant la levée topographique du haut Faucigny. Quoique marié et père de famille, gagné par les idées nouvelles, il s'enrôla, le 1er mai 1793, au 2e bataillon des chasseurs de l'Ariège.
 
Capitaine de canonniers le 20 octobre 1793, il se distingua aux sièges de Lyon et de Toulon. Adjoint aux adjudants-majors du parc d'artillerie de l'armée d'Italie, il servit à Nice en 1794 et 1795 et en Italie en 1796 comme officier géographe dessinateur. Des reconnaissances militaires bien exécutées, des dessins exacts de machines militaires le firent remarquer de Bonaparte qui le chargea de lever les plans de la côte de Nice à Savone et de donner des cours de tracés de fortifications. En octobre 1797, il commença le dessin d'une carte de la Péninsule dont il prit la gravure à son compte et qu'il vendit par souscription, l'armée ayant reculé à la dépense. Trente feuilles étaient prêtes quand les Autrichiens s'en saisirent. Ils ne les rendirent qu'après la paix de Lunéville. L'ouvrage paraîtra en 52 feuilles en 1802 : Carte du théâtre de la guerre en Italie lors des premières campagnes de Bonaparte. Un tel talent aurait pu s'épanouir pendant l'expédition d'Egypte, mais il n'eut pas connaissance de sa lettre de service. Le 22 septembre 1799, il était nommé chef des ingénieurs-géographes du dépôt de la Guerre. Il n'en poursuivit pas moins ses activités privées et commença à publier Ménales ou annales pittoresques et historiques des paysagistes (1803).  Chef d'escadron le 23 septembre 1801, il fut nommé en septembre 1804 chef du bureau topographique que le Premier Consul venait de créer à son cabinet. Il ne quittera plus désormais Napoléon.
 
Colonel le 21 juin 1807, adjudant-commandant le 5 juillet de la même année, il fut promu général de brigade le 24 octobre 1813. Le 2 février 1810, il avait été fait baron. Toutes ces années de campagne et de travaux incessants auprès de l'Empereur avaient usé sa santé et il obtint d'abandonner ses fonctions pour celle de directeur du dépôt de la Guerre à paris le 2 mars 1814. Confirmé dans ses responsabilités après un bref intermède par Louis XVIII le 10 mai 1814, il fut placé en sous-ordre le 13 mars 1815. Chef de division au ministère aux Cent-Jours, c'est à lui qu'on doit la sauvegarde de tous les cuivres de la célèbre carte de Cassini dont les Alliés voulaient s'emparer. Le 10 juillet 1815, il était placé en demi-solde.
 
Endetté par les frais de la campagne de Russie et ruiné par le pillage par les Prussiens de sa maison de Sèvres, il reprit ses pinceaux et ses crayons. Peintures à l'huile, gouaches, lithographies, gravures, il travailla beaucoup et jusqu'à sa mort, publiant Souvenirs pittoresques ou Vues lithographiées de la Suisse, du Valais, etc…, 102 planches (1818) ; Promenades pittoresques dans Paris et les environs, 4 planches (1822) ; Souvenirs pittoresques de la campagne d'Espagne, 102 planches (1824) ; Vues pittoresques du haut Faucigny, 48 planches (1824). Ses paysages et ses tableaux de bataille sont nombreux et il a sa place auprès de Gros, Pajou, Fragonard le fils, Gautherot, Langlois et Lejeune.

Le rôle de Bacler d'Albe auprès de Napoléon fut de tout premier ordre plan. En campagne, il couchait dans sa tente avec son matériel. Il préparait les cartes qu'il avait lui-même coloriées, marquait avec des épingles de couleur les positions des corps d'armée, calculait les distances au compas, figurait les reliefs de terrain pour les plans de manoeuvres de l'Empereur, conseillait sur les moyens d'attaque et les lignes de tir. Il fut sûrement (plus encore que Berthier) le meilleur connaisseur de sa pensée militaire et Fain a décrit cette scène pittoresque où Napoléon et d'Albe couchés de tout leur long sur la table des cartes se heurtaient la tête. A Paris, son oeuvre ne fut pas moins considérable. Il entreprit de rassembler, d'améliorer ou de faire exécuter des cartes de toute l'Europe, dont l'importante Carte de l'Empereur commencée en 1809 et terminée en 1812. C'est lui qui fit adopter en 1802 le procédé dit des lignes de plus grande pente à la place du procédé de demi-perspective.

A Sainte-Hélène, Napoléon recommandera à Bertrand d'employer des cartes de Bacler d'Albe pour l'instruction du Roi de Rome.

Il mourut à Sèvres le 12 septembre 1824.


Jacques Jourquin, in Dictionnaire du Premier Empire, Fayard, 1999, p. 151.
Avec l'aimable autorisation des éditions Fayard.
 
Sur d'autres sites internet

L'Histoire par l'image : Portrait du général Bonaparte
L'Histoire par l'image : La bataille du Pont d'Arcole
 
Base de données Joconde du ministère de la Culture : oeuvres de Bacler d'Albe


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