BEAUHARNAIS, Joséphine de (1763-1814), impératrice des Français

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BEAUHARNAIS, Joséphine de (1763-1814), impératrice des Français
L'impératrice Joséphine par le baron Gérard © RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau)/image RMN-GP

Le 23 juin 1763 naît aux Trois Ilets (Martinique) Marie-Josèphe-Rose de Tascher, fille de Joseph-Gaspard de Tascher, chevalier, seigneur de La Pagerie, né lui-même à la Martinique d’une famille originaire du Perche. Sa femme, Rose-Claire des Vergers de Sanois, appartenait à la haute société de l’île. Le 27 juillet, à cinq semaines, la petite fille est baptisée dans l’église des Trois-Ilets. Les parrain et marraine sont ses grands-parents paternels, Gaspard de Tascher de La Pagerie et Marie-Françoise Boureau de La Chevalerie, apparentée à Pierre de Belain d’Esnambuc, fondateur de la puissance française aux Antilles.

Deux autres filles, Catherine-Désirée et Marie-Françoise, naîtront en 1764 et 1766. Laissant à sa femme le soin de gérer la plantation, Joseph-Gaspard, ancien page de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe à Versailles, lieutenant d’artillerie, chevalier de Saint Louis, préfère mener à Fort-Royal (maintenant Fort-de-France) une vie mondaine auprès de son frère, le baron de Tascher, commandant des ports et rades de la Martinique, et de sa sœur, Désirée de Renaudin.

En 1766, un terrible cyclone s’abat sur l’île et ravage le domaine de la Pagerie. La maison d’habitation, en bois, est entièrement détruite. En pleine nuit, il fallut se réfugier dans les bâtiments en pierre de la sucrerie. C’est dans cette demeure de fortune pieusement conservée que « Yeyette » vécut jusqu’à son entrée, à dix ans, chez les dames de la Providence, à Fort-Royal. Quatre ans plus tard, elle en sortit, pourvue de l’éducation que l’on attendait alors d’une jeune fille de la société. Désormais Rose va partager son temps entre quelques réceptions à Fort-Royal et surtout une vie de farniente à la Pagerie, entourée de ses servantes noires Marion, Euphémie ou Brigitte, et de quelques amies de pension. C’est là que, selon la tradition, la voyante Éliama, prenant sa main, aurait prononcé la fameuse prédiction : « Tu seras plus que reine !… » Rien ne pouvait laisser prévoir pareil destin. La situation financière de Gaspard-Joseph de Tascher laissait fort à désirer.

À seize ans Rose est appelée en France par sa tante Renaudin qui a préparé son mariage avec le jeune Alexandre de Beauharnais, né à la Martinique quand son père y était gouverneur, élevé par la grand-mère de Rose et par Mme de Renaudin. L’union est célébrée à Noisy-le-Grand le 13 décembre 1779. Un fils, Eugène, naît en 1781, mais Alexandre, sous-lieutenant au régiment de Sarre-Infanterie, libertin et pédant, s’accommode mal de la gaucherie timide et de l’ignorance créole de sa jeune épouse. Il lui conseille l’étude pour distraire la jalousie provoquée par ses fréquentes absences. Elle saura en profiter : plus tard, son aisance sera remarquée et son orthographe sera meilleure que celle de tant de ses contemporains ! En 1783, la naissance prématurée d’une fille, Hortense, contribue à séparer définitivement le ménage, aux torts du mari. Rose se retire chez les bernardines de l’abbaye de Penthémont, rue de Grenelle, qui recevaient des dames de la bonne société en proie à des difficultés conjugales. Là, puis à Fontainebleau chez son beau-père, Rose va parfaire son éducation et accroître le cercle de ses relations mondaines. Elle sera admise à suivre les chasses préparatoires royales, fréquentera le marquis de Montmorin, gouverneur du château, le comte de Grenay, le duc de Lorge, sera reçue dans le salon littéraire de la comtesse de Beauharnais, la belle « Fanny » Mouchard de Chaban, marraine d’Hortense.

En 1788, peut-être pour fuir ses créanciers, Rose décide de s’embarquer pour la Martinique avec Hortense. Elle retrouve avec plaisir le cadre de son enfance. Mais, bien vite, l’île est secouée par le contrecoup de la Révolution. Une violente révolte des Noirs force Rose à quitter précipitamment ses parents qu’elle ne reverra plus : son père meurt en novembre 1790, sa jeune sœur Manette en 1791. Mme de Tascher ne s’éteindra que bien plus tard, en 1807, belle-mère royaliste d’un gendre empereur.

Rose et sa fille arrivent à Toulon le 29 octobre 1790. Alexandre, partisan des idées nouvelles, membre puis président du Club des Jacobins, est alors député à l’Assemblée constituante. Il en sera même président au moment de la fuite de la famille royale et c’est lui qui en annoncera l’arrestation à Varennes. La citoyenne Beauharnais occupe une situation en vue dont elle sait profiter pour rendre service à ses amis et leur éviter la prison, l’échafaud parfois.

Mais, à la dissolution de la Constituante, Beauharnais reprend la carrière militaire dont il gravit rapidement les échelons. Nommé général en 1792, placé à la tête de l’armée du Rhin, il n’essaie pas de lever le siège de Mayence. Il démissionne et se retire dans ses terres du Blésois où il sera arrêté en mars 1794. Le 21 avril, c’est le tour de la ci-devant vicomtesse Alexandre de Beauharnais qui retrouve son mari au couvent des Carmes transformé en maison de détention. La compagnie y est brillante, cherche à s’étourdir. Alexandre s’éprend de Delphine de Custine, voisine de chambre de Rose qui, elle, aura pour « consolateur » Hoche. La Terreur bat son plein, Alexandre est transféré à la Conciergerie, jugé hâtivement et guillotiné le 5 thermidor (23 juillet). Quatre jours plus tard, Tallien, pour l’amour de la belle Theresia Cabarrus, renverse Robespierre. Rose est libérée le 6 août.

Veuve, sans ressources, avec deux enfants, elle doit vivre d’expédients dans Paris qui tente d’oublier sa misère, sa faim, sa peur dans un délire de fêtes. Hoche, qui prend le jeune Eugène comme aide de camp, le marquis de Caulaincourt pourvoiront quelque temps à ses besoins. Chez son amie Theresia, devenue la citoyenne Tallien, elle mène joyeuse vie et rencontre tous les « grands » du moment. Le tout-puissant Barras, futur directeur, devient son protecteur attitré avant de lui faire rencontrer un général encore obscur, Napoleone Buonaparte, que l’écrasement de l’insurrection royaliste du 13 Vendémiaire va mettre en vedette. Profondément séduit par le charme langoureux de la belle Créole, par l’élégance de ses manières « Ancien Régime », promu par la grâce de Barras général en chef de l’armée de l’Intérieur, puis de l’armée d’Italie, il l’épouse le 9 mars 1796 en la mairie du IIe arrondissement. Chacun triche sur son âge, elle se rajeunit de quatre ans, lui, par courtoisie, se vieillit de dix-huit mois… Et pour lui plaire, Marie-Josèphe-Rose devient Joséphine.

Mais, dès le 11 mars, il doit prendre son commandement à Nice. Des lettres enflammées la pressent de venir le rejoindre. Elle n’y songe guère et préfère jouir à Paris de la gloire que lui valent les victoires de son mari. Le 24 juin 1796, sur ordre du Directoire, elle quitte à regret son douillet petit hôtel de la rue Chantereine mais emmène avec elle le sémillant lieutenant de hussards, Hippolyte Charles, dont les saillies la divertissent. Le 13 juillet, après un voyage triomphal, elle retrouve Bonaparte à Milan où « l’incomparable Joséphine » règne sans conteste sur la ville et sur le cœur de son époux. Toutefois, les dangers de la guerre ne lui sont pas épargnés et, le 30 juillet, elle subit l’attaque d’une canonnière autrichienne sur les rives du lac de Garde. Tandis que son mari guerroie, elle spécule sur les fournitures militaires, reçoit Charles, fait la connaissance de tout le clan Bonaparte, va de fête en fête mais s’ennuie loin de Paris qu’elle regagne enfin le 2 janvier 1798. Elle y retrouve Napoléon. En son honneur, la rue Chantereine est devenue rue de la Victoire.

Bonaparte, nommé général en chef de l’armée d’Angleterre puis de l’armée d’Orient, repart bientôt, le 19 mai 1798, pour sa fantastique expédition d’Égypte. Alors que Joséphine est aux eaux de Plombières, un balcon s’écroule et l’entraîne dans sa chute. Violemment contusionnée, elle ne sera pas en état de gagner l’Égypte. Son mari, ignorant l’accident, en prend ombrage. Après la destruction de la flotte devant Aboukir, les nouvelles se font rares, le « clan » lui fait grise mine, elle est presque totalement désargentée ce qui ne l’empêche pas d’acquérir, en son nom personnel, le 21 avril 1799, la maison de campagne qu’elle connaissait depuis ses nombreux séjours à Croissy sous la Révolution et qu’elle avait même visitée avec Bonaparte quelques mois auparavant.

Le petit château de Malmaison entre dans l’histoire. Joséphine s’y installe aussitôt en compagnie de sa fille et parfois d’Hippolyte Charles, que les Rueillois prennent pour son fils… Mais Bonaparte revient d’Égypte. Il faut l’amadouer. Joséphine tente de le rejoindre en chemin mais se trompe de route. Elle rentre en hâte rue de la Victoire pour trouver porte close. Toute la nuit, avec Eugène et Hortense, elle implore Napoléon qui se laisse enfin fléchir. Au matin, les Bonaparte qui se réjouissaient de la séparation, voient le couple réuni. Dès lors, Joséphine, effrayée par l’éventualité d’un divorce, sera fidèle et jalouse, mais ne recevra plus d’épîtres brûlantes et passionnées.

Devenu Premier Consul de la République, il s’attache, lui aussi, à Malmaison, règle les dettes de sa femme et commande à Percier et Fontaine la restauration de la demeure où il vient chaque décade, où habite Joséphine quand il est en campagne, où se forme la nouvelle société. Dans ce cadre raffiné, aménagé selon son goût dans le style néo-classique alors en vogue, Joséphine se révèle collectionneuse avertie. Peintures anciennes, sculptures de Canova, tableaux modernes choisis par elle au Salon, curiosités venant du monde entier prennent place dans sa galerie. Amatrice d’art et de jardins, elle fait du parc de Malmaison une véritable annexe du Muséum d’histoire naturelle de Paris, y acclimate plantes et animaux exotiques, développe la culture des roses, charge le célèbre Redouté de les dessiner.

Le mouvement est alors incessant : fêtes officielles, en l’honneur du roi d’Étrurie par exemple, diners de famille auxquels se joignent ministres et diplomates, soupers servis sous les ombrages en compagnie d’hommes politiques, de militaires, de membres de l’Institut, savants, artistes ou écrivains. Les hôtes se promènent dans les allées sinueuses, descendent en barque la rivière anglaise, chassent dans les bois de Saint-Cucufa ou du Butard. La jeunesse danse ou jour aux barres sur la grande pelouse : Eugène, Hortense et ses amies de l’institution Campan, les jeunes sœurs de Napoléon, ses aides de camp animent des soirées, montent des pièces de théâtre. De nombreux mariages se préparent : Hortense et Louis Bonaparte, Ney et l’une des nièces de Mme Campan, Murat et Caroline Bonaparte… Avec sa bienveillance coutumière, Joséphine accueille, à Malmaison comme aux Tuileries, des membres de l’aristocratique faubourg Saint-Germain venus quémander une grâce et parvient peu à peu à introduire dans l’entourage du Premier Consul de vieux noms de la noblesse française, tels les Montesquiou, les Rémusat, Mme de Vergennes, Mme de Montesson, les Ségur et bien d’autres.

Après la conclusion de la paix générale et la signature du Concordat, le Consulat à vie ouvre une ère nouvelle. Malmaison, trop petit, est délaissé au profit de Saint-Cloud et ne sert plus guère que pour des spectacles, des concerts ou des chasses. La Cour consulaire, nantie d’un gouverneur et de préfets du palais, doit se plier à un emploi du temps immuable : audiences, messes dominicales, petits du 2 de chaque mois, grands diners du 15 : après souper, la table de jeu de Joséphine, à l’instar de celle de la reine, est composée d’une dame, d’un ambassadeur et d’un ministre. Comme à la reine autrefois, on présente maintenant à Joséphine les femmes des personnalités présentées au Premier Consul. Quatre dames « chargées de faire les honneurs auprès de Mme Bonaparte » sont désignées. La « citoyenne épouse du Premier Consul » sort partout à ses côtés, se plie à ses horaires, fait partie des voyages officiels. Chacun est séduit par son amabilité, sa générosité, la courtoisie de ses manières qui contribuent à accroître la popularité du Premier Consul et à lui ouvrir le chemin du trône.

Le 28 floréal an XII (18 mai 1804) Napoléon est nommé empereur par sénatus-consulte ratifié par un plébiscite. « La dignité impériale est héréditaire » et Joséphine s’inquiète, toujours hantée par la menace d’un divorce. Elle est cependant couronnée, aux côtés de Napoléon, le 2 décembre. Ses belles-sœurs, furieuses de devoir tenir sa traîne, y mettent la plus évidente mauvaise volonté et manquent de la faire choir sous le poids du « grand manteau » de velours pourpre brodé d’or et doublé d’hermine.

La tâche écrasante de la nouvelle impératrice continue, à peu près comme au temps du Consulat à vie, mais l’étiquette se fait plus impérieuse encore. La « maison » de l’Impératrice ne compte pas moins d’une centaine de personnes, habilement choisies dans l’ancienne et la nouvelle noblesse. À Paris ou dans les palais impériaux, la journée est minutieusement réglée : lever à 9 heures au plus tard, toilette raffinée comportant un bain quotidien, une longue séance de maquillage, de coiffure par Herbault ou par l’habile Duplan, choix attentif de la robe et de ses accessoires. Puis les marchands viennent présenter à l’Impératrice tissus, dentelles, schalls, colifichets par lesquels elle se laisse trop souvent tenter, provoquant à maintes reprises la colère de l’Empereur lassé de payer ses dettes. Suit une séance de travail avec son secrétaire des commandements. À 11 heures, c’est le déjeuner, de dames uniquement, car Napoléon se fait servir un repas rapide dans ses appartements. L’après-midi, Joséphine joue au billard, touche de la harpe – toujours le même air, dit-on -, fait de la tapisserie, surtout reçoit des visites et donne des audiences, maniant avec une suprême habileté l’art de la conversation. D’autres jours, suivant le bon plaisir de Napoléon, ce sont des promenades au Bois de Boulogne ou des chasses à Marly, Saint-Germain ou Versailles. Elle doit se changer pour le dîner, prévu à 6 heures, qu’elle prend avec l’Empereur, mais il se fait souvent attendre. Le dimanche, c’est un dîner « de famille » mais bien vite frères et soeurs sont au loin, dans leurs royaumes respectifs. Ensuite, quand il n’y a ni bal, ni spectacle, on joue au whist, au trictrac, au loto. Après avoir fait la lecture à son époux, Joséphine prolonge volontiers sa soirée jusqu’à minuit en faisant des patiences et la termine par une toilette de nuit, aussi raffinée que les autres.

Cette monotonie sera coupée par de fréquents déplacements. Sur ses cinq ans et sept mois de règne, Joséphine ne passera guère qu’un an à Paris, treize mois à Saint-Cloud, trois mois et demi à Fontainebleau, un mois à Rambouillet. Elle fera de très nombreux voyages en France ou hors de France, seule ou avec son mari, en Allemagne, à Strasbourg, à Bordeaux, à Plombières pour de nouvelles cures. Surtout, elle parviendra à résider à Malmaison, sa demeure de prédilection, pendant huit mois au total, en courtes visites ou pour de plus longs séjours, quand l’Empereur est en campagne. C’est là que, le 23 septembre 1809, il lui écrit de Schönbrunn pour l’autoriser à acquérir le domaine voisin de Bois-Préau, convoité depuis de longues années, enfin libéré par la mort de sa propriétaire.

Mais Marie Walewska prouve à l’Empereur qu’il n’est point stérile. L’Empire a besoin d’un héritier pour consolider la dynastie. Napoléon décide de répudier Joséphine pour « épouser un ventre », comme il le dit brutalement. Le 15 décembre 1809, le divorce est prononcé. Dès le 16, Joséphine se retire à Malmaison dont la propriété lui est reconnue. Elle conserve le titre d' »Impératrice-Reine couronnée », sa Maison est réduite à trente-six personnes. Elle reçoit en don le château de Navarre près d’Évreux et l’Élysée que la jalousie de la nouvelle impératrice, épousée le 2 avril 1810, devra faire échanger contre le château de Laeken près de Bruxelles. Un douaire de trois millions, les revenus que rapporte en principe le domaine de Malmaison – 750 hectares de bois, prés, fermes, cultures – doivent assurer son existence qui s’écoulera désormais à Rueil, hormis, pour complaire à Marie-Louise, quelques séjours dans l’inconfortable et vilain château de Navarre, quelques voyages dans les Alpes, en Suisse, où elle achète le château de Prégny, ou à Milan près de son fils Eugène, vice-roi d’Italie. C’est à Navarre qu’une lettre de Napoléon lui apprend la naissance du Roi de Rome dont elle pourra, grâce à Mme de Montesquiou, faire la connaissance à Bagatelle un après-midi, à l’insu de Marie-Louise.

La vie s’écoule moins monotone à Malmaison qu’ailleurs, animée par les lettres de l’Empereur, parfois même par sa venue, par des visiteurs qu’il encourage à ne pas abandonner l’Impératrice déchue. Toujours aimable, elle entraîne ses hôtes dans sa galerie ou dans ses serres, leur fait admirer elle-même ses trésors. L’appartement de l’Empereur est pieusement conservé. La reine Hortense lui confie volontiers ses deux fils ; le plus jeune, « Oui-Oui », futur Napoléon III, se souviendra de son enfance quand il rachètera et réaménagera Malmaison sous le Second Empire.

Elle suit avec angoisse les tragiques événements de 1812 et 1813. L’avance des troupes ennemies la contraint à quitter Malmaison le 29 mars 1814 pour se réfugier à Navarre. Le Journal des Débats du 16 avril annonce son retour. Le même jour, de Fontainebleau, Napoléon lui écrit sa dernière lettre. Le tsar Alexandre, peu favorable aux Bourbons, se déclare son protecteur, vient à deux reprises à Malmaison. Le 14 mai, à Saint-Leu, chez sa fille Hortense, elle prend froid au cours d’une promenade avec le tsar. Cependant elle reçoit encore à Malmaison le grand-duc Constantin, le roi de Prusse, mais doit s’aliter le 24. Le 29, dimanche de la Pentecôte, Joséphine rend le dernier soupir. Le registre de l’état civil mentionne le décès de « l’impératrice Joséphine, femme de Napoléon Bonaparte, général en chef de l’armée d’Italie » ! Le jeudi 2 juin, une foule nombreuse où l’on remarque les fils d’Hortense conduisant le deuil – l’étiquette interdit à Eugène et Hortense de le faire -, le général Sacken représentant le tsar, le duc de Mecklembourg, le grand-duc de Bade, des maréchaux, des généraux…, les villageois pleurant leur bonne Impératrice, accompagne sa dépouille à l’église de Rueil où elle se trouve toujours, dans le tombeau érigé en 1825 par les soins de ses enfants.

Quand, en 1815, pendant les Cent-Jours ou après Waterloo, Napoléon reviendra à Malmaison, il évoquera avec nostalgie le souvenir de sa première épouse, répudiée pour ne pas lui avoir donné d’enfants. Pourtant, aïeule de Napoléon III, elle pourrait aussi, au même titre que la reine Victoria, être appelée « la grand-mère de l’Europe ». Par les six enfants de son fils Eugène et de la princesse Auguste-Amélie de Bavière, elle est l’ancêtre de presque toutes les familles souveraines existant encore de nos jours. Sa grâce, son élégance, son luxe, sa bonté lui ont venu l’indulgente tendresse des Français.

Notice biographique par Nicole et Gérard Hubert, in Dictionnaire Napoléon, Fayard, 1999

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