BERNARD (1813-1878) Claude, physiologiste, chercheur

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Héritier des lumières tout en étant considéré comme un père de la science expérimentale actuelle, Claude Bernard a à la fois inspiré les chercheurs qui lui étaient contemporains dans leur démarche tout en s’opposant assez vigoureusement au courant dominant du XIXe siècle qui est aux grands ensembles, aux grandes théories globales. Bernard a une autre conception de la science qui ne doit être qu’hypothèses et vérification par l’expérience de cette hypothèse.

BERNARD (1813-1878) Claude, physiologiste, chercheur
Claude Bernard en buste dans un oval© Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Alexis Brandt

Claude Bernard est né le 12 juillet 1813 dans le Beaujolais où son père est vigneron. Dans le début des années 1830, il semble avoir hésité entre des études scientifiques qui ne le passionnent pas et une carrière littéraire où il n’excelle pas : il échoue au bac, devient commis de pharmacie dans la banlieue lyonnaise et écrit un drame, Arthur de Bretagne, qui ne rencontre pas le succès. Il fait alors médecine, bien que peu inspiré par la pratique elle-même, et devient interne en hôpitaux en 1839.

C’est sa rencontre avec François Magendie (1783-1855), médecin et physiologiste membre de l’Académie des sciences, qui sera décisive : ce dernier propose à Bernard de devenir son préparateur. Le jeune homme se tourne alors définitivement vers une brillante carrière dans la recherche en physiologie et succède à son maître en 1855.

Ses travaux portent sur les mécanismes de l’organisme humain dont il rend compte grâce à l’expérimentation sur les animaux : « Avec mon crochet à la main et ma hotte dans le dos, je parcours le domaine de la science et je ramasse ce que je trouve », dira-t-il pour décrire son métier.

La dissection d’oreilles de lapin l’aide à comprendre le mécanisme de la circulation sanguine dans les capillaires ; celle de viscères de chien lui permet de découvrir l’action des sucs gastriques. Formation du diabète, rôle du pancréas, principes de la chaleur animale et du milieu intérieur ne sont que quelques exemples de ses découvertes.

Les honneurs ne se font pas attendre : on sait qu’en 1864 Napoléon III et Eugénie le reçoivent à Compiègne. Quand l’Empereur le presse de formuler un voeu, le scientifique se borne à lui demander un préparateur pour l’assiter ; il deviendra sénateur en prime.

Plus encore que ses découvertes elles-mêmes, c’est avant tout son protocole expérimental qui a durablement marqué les sciences. Il peut être résumé ainsi : au départ naît une hypothèse, souvent intuitive, que des expériences vont tester ; leurs résultats vont conditionner la validation et l’invalidation de l’hypothèse de départ et déterminer une nouvelle hypothèse et de nouvelles expérimentations. Ainsi, les faits, les constats observables sont toujours au coeur de la démarche qui demande rigueur dans les conditions d’établissement de l’expérimentation et exercice permanent du principe de doute. C’est ce processus qu’il décrit dans son ouvrage capital paru en 1865, reconnu aussitôt en France comme à l’étranger : l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. L’oeuvre et son auteur influenceront toute une génération de chercheurs, à commencer par Pasteur (avec lequel il entretient des relations en dents de scie) ou Berthelot, mais également des auteurs à l’exemple de Zola, qui fait de Bernard son modèle pour le Docteur Pascal. Son oeuvre est décisive en épistémologie pour beaucoup de philosophes : Bergson placera ainsi l’Introduction à la médecine expérimentale au niveau du Discours de la méthode.

Claude Bernard décède à Paris, le 10 février 1878.

D’après le Dictionnaire du Second Empire, dir. Jean Tulard, Éditions Fayard, 1995 : notice : Jean-François Lemaire
Avec l’aimable autorisation des Éditions Fayard

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