Le plus célèbre et talentueux chef militaire de l'armée prussienne de la période. Blücher fut peut-être le général le plus agressif employé par les belligérants. Doué d'une énergie singulière, d'une inconscience face au danger, il occupe une place particulière dans la culture allemande au même titre que Wellington en Angleterre.
Né près de Rostock, Blücher était le fils d'un capitaine d'armée à la retraite, et fit son service militaire dans la cavalerie suédoise en 1757. Il combattit contre les Prusses lors de la Guerre de Sept ans, jusqu'en 1760 lorsqu'il fut capturé et qu'il changea de camp, devenant un officier des hussards prussiens.
Il resta au service de la Prusse jusqu'en 1770, lorsqu'il démissionna pour actes
d'insubordination répétés et débauche excessive. Il se retira comme fermier, ne
retournant à la vie militaire qu'après la mort de Frédéric le Grand.
Reprenant comme major en 1787, il fut colonel des hussards durant le début des campagnes rhénane de 1793-94. Promu brigadier-general en mars 1794, et major-general en juin, il se distingua au cours des mouvements dans les Vosges à l'automne, mais bouda le service lors des guerres révolutionnaires pour la neutralité de la Prusse après 1795.
Il revint au combat au commandement d'un corps de cavalerie sous Brunswick lorsque la Prusse combattit la France en 1806.
Son impétueuse attaque d'Auerstedt n'empêcha point la désastreuse défaite, mais il se racheta avec une opiniâtreté dans l'aide apportée à lors de la retraite des troupes en déroute de Hohenlohe et laissa ses forces restantes à Lübeck, où il fut le dernier major à se rendre début novembre.
Payant le prix de sa réputation grandissante et de sa haine publique des Français,
Blücher fut spécialement écarté en 1807 lors de la paix de Tilsit. En incapacité suite à des problèmes de santé en 1808, il servit le gouverneur de Poméranie et Colberg, mais fut forcé d'abandonner lorsque les forces françaises pénétrèrent par l'Est en 1812.
Il renoua le contact avec Scharnhorst, Gneisenau et les autres officiers senior travaillant du côté de l'authentique armée nationale après 1809, et fut nommé commandant des forces prussiennes, lorsque Frédéric Guillaume III joignant la sixième Coalition au début de 1813.
Les forces de Blücher jouèrent un rôle central dans la défense de Lützen et
Bautzen. Blücher commanda l'armée alliée de Silésie sur le front de l'Est durant la seconde phase de la campagne d'Allemagne, battant Macdonald au Katzbach et traversant d'un seul coup le nord, pour rejoindre la convergence décisive sur Leipzig.
En constante mésentente avec les commandants alliés, Blücher conduisit son armée vers la France en tant que feld-maréchal au début 1814, poussant vers Paris par l'Est.
Conduit par une haine farouche envers Napoléon, Il fit tout pour convaincre les monarques alliés de conduire une action vers la capitale française, mais il fut appelé à suivre une stratégie plus prudente. Après la victoire de Laon, il entra dans Paris avec son armée à la fin mars.
Blücher revint donc en Prusse auréolé de gloire, visitant au passant l'Angleterre. Il
se retira quand napoléon revint de l'Ile d'Elbe pour sa campagne des Cent jours.
Blücher disparut, présumé tué durant les derniers moments de la défaite de Ligny.
Mais il revint à temps lors de la déroute de son armée pour intervenir de façon décisive à Waterloo.
Devenu Prince du Wahlstadt, Blücher passa ses dernières années retiré en Silésie.
Traduction : Emmanuelle Papot, octobre 2006
Source: St. Pope, Dictionary of the Napoleonic Wars, Cassel, 1999