Né à Corte le 7 janvier 1768, il était le fils aîné de Charles Bonaparte et de Letizia Ramolino.
On le destinait au droit lorsque l’exil de la famille Bonaparte de Corsde, après la brouille avec Paoli, l’obligea à regagner la Provence. Il y épousa en 1794 la fille d’un riche négociant de Marseille, Marie-Julie Clary (1771-1845). Grâce à l’influence de son frère, Joseph fut nommé commissaire des guerres à l’armée d’Italie puis élu le 23 germinal an V député par ses compatriotes corses au Conseil des Cinq-Cents. Son élection ayant été contestée par le parti clichyen, il ne peut vraiment siéger qu’après le 18 Fructidor puis est nommé à Parme (nomination agréée par le duc le 1er mars 1797). De là il passe à Rome par arrêtés du Directoire des 6 et 15 mai 1797. La situation y devient rapidement tendue. L’émeute du 28 décembre 1797 au cours de laquelle le général Duphot est tué, lui fournit un prétexte pour quitter la ville que Berthier va envahir au début de 1798. Retrouvant sa place au Conseil des Cinq-Cents, il achète par ailleurs, en octobre 1798, le château et les terres de Mortefontaine, une magnifique propriété à quarante kilomètres au nord de Paris. Il s’occupe de littérature – espérait-il trouver dans les lettres une gloire qui lui aurait permis de rivaliser avec son frère ? – et publie Moïna ou la villageoise du Mont-Cenis. Au Cinq-Cents son rôle est effacé. Au moment de Brumaire il tente un rapprochement sans grand succès entre son frère et Bernadotte devenu son beau-frère depuis qu’il a épousé Désirée Clary. Il entre au Corps législatif puis au Conseil d’Etat mais se réserve surtout les emplois de négociateur avec les Etats-Unis (le traité de Mortefontaine), avec l’Autriche (paix de Lunéville) et avec l’Angleterre (paix d’Amiens). Cette réussite appelle des récompenses. Il est grand électeur le 28 floréal an XII puis sénateur de droit et grand-officier de la Légion d’honneur. Napoléon propose à Joseph la couronne du royaume d’Italie, mais celui-ci la refuse, ce qui provoque une légère brouille.
Lors de la campagne de 1805 il reçut la régence.
A l’issue de la campagne, Napoléon avertit son frère qu’il avait l’intention de s’emparer du royaume de Naples : » je vous ai nommé mon lieutenant commandant en chef de l’armée de Naples. Partez quarante-huit heures après la réception de cette lettre […]. Vous prendrez l’uniforme de général de division. » Un uniforme qu’il va troquer pour la couronne de Naples le 31 mars 1806. Bien entouré par Saliceti, Roederer, Miot, Mathieu Dumas, Girardin, il introduisit à Naples d’importantes réformes. On adapta le modèle français et Miot déclarait que les institutions nouvelles deviendraient immédiatement nationales. L’impulsion fut donnée à une économie somnolente ; l’absence d’une forte bourgeoisie locale qui eût pu servir de soutien au trône et l’impression fâcheuse d’un pillage systématique du royaume ont été en revanche l’envers de l’oeuvre de Joseph.
Le 18 avril 1808, Napoléon lui offrait le trône d’Espagne qu’il accepta.
Il reçut le 21 mai l’ordre de se rendre à Bayonne et partit le 23. Bien que roi d’Espagne le 7 juin 1808, il resta roi de Naples jusqu’au 5 juillet, encombrant le Monitore jusqu’en septembre de décrets touchant l’organisation judiciaire, le code, etc. D’emblée, il éprouva une forte aversion pour son nouveau royaume et songea à redevenir roi de Naples. Dès le 9 août, il écrivait à son frère : » devenu le conquérant de ce pays par les horreurs de la guerre à laquelle tous les individus espagnols prendront part, je serai longtemps un objet de terreur et d’exécration. Je ne dois pas désirer de régner en Espagne. » Il sera » el rey intruso » ne pouvant s’appuyer que sur des afrancesados et se heurtant au mépris à son égard des maréchaux qui opérèrent dans la péninsule. Lorsqu’il dut quitter Madrid, pour la deuxième et dernière fois, il perdit tous ces papiers dans le désastre de Vitoria. Ils ne sont revenus que depuis peu en France, cédés aux Archives nationales par le descendant de Wellington. Il reçut de Napoléon le titre de lieutenant général le 28 janvier 1814 avec mission de défendre Paris. Faute de moyens il abandonnait la capitale avec le conseil de régence le 30 mars. Retiré en Suisse, il y acheta la terre de Prangins. Pendant les Cent-Jours, il fut nommé pair et chargé de la présidence du Conseil des ministres pendant l’absence de Napoléon. Il s’enfuit ensuite aux Etats-Unis où il s’établit près de Philadelphie sous le nom de comte de Survilliers. A l’avènement de Louis Philippe en 1830, il protesta au nom de Napoléon II. En 1832, il s’établit en Angleterre, retourna en 1837-1839 en Amérique, revint à Londres et finit par se fixer en 1844 à Florence où il mourut le 28 juillet 1844.
Jean Tulard, Dictionnaire Napoléon, 1999, tome 2, p. 85-86
Avec l’aimable autorisation des Editions Fayard.