BORDESSOULLE, Etienne, comte de, (1771-1837), général

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Né à Luzeret, dans l’Indre, le 4 avril 1771, Etienne de Bordessoulle, cavalier de vocation, débute comme soldat du Roi au 27e Chasseurs à cheval, à l’âge de 18 ans (1789).

La Révolution en fait un défenseur de << la patrie en danger>>. Fidèle à la nouvelle armée, il reçoit plusieurs blessures en servant sur le Rhin (1792-1795). Sous-lieutenant en 1794, il devient aide de camp du général Lariboisière l'année suivante, puis passe à l'armée d'Allemagne en 1797.
Moreau l'ayant nommé chef d'escadron au 6e Hussards, Bordessoulle sert au cours de la douloureuse retraite de Novi au cours de laquelle il a le bras droit fracturé. Ses services sont récompensés en 1802 par l'attribution d'un sabre d'honneur.
Au IIIe Corps de la Grande Armée en 1805, il est nommé colonel du 22e Chasseurs à cheval après Austerlitz, puis général de brigade à l'issue de la Campagne de Pologne.
En Espagne, il commande une brigade de chasseurs à cheval sous Lasalle, avant de participer à la seconde Campagne d'Autriche sous Marulaz. A Wagram, on lui demande de remplacer le général Fouler à la tête d'une brigade de cuirassiers, et c'est en les dirigeant qu'il recevra une nouvelle blessure.
Au cours de la paix des années 1810-1811, sa brigade cantonne en Hollande et dans les villes hanséatiques.
Le 4 décembre 1812, notre héros, a demi-défiguré par un biscaïen qui lui a fracassé la mâchoire à la Moskowa, reçoit les étoiles de général de division. En 1813, il est promu au commandement d'une division de cuirassiers du 1er Corps de cavalerie puis, finalement, remplace Sebastiani à la tête du IIe Corps de cavalerie.
En 1814, Bordessoulle sert d'abord Milhaud, puis, à partir de l'affaire de Reims, Marmont, avec lequel il se retrouve à Essonnes le 30 mars. Le Duc de Raguse l'ayant mis au courant de ses intentions de traiter avec les Alliés, le général s'écrie stupéfait: << Comment, Monsieur le Maréchal, vous allez découvrir Fontainebleau et mettre l'Empereur à la merci de l'ennemi!>> et, bien qu'ayant refusé de retirer ses cavaliers d'Essonnes, il s'abstient de divulguer les intentions de Marmont auquel il a promis de garder son secret!
Nommé par Louis XVIII chef de la 11e division militaire, le comte de Bordessoulle suivra le Roi dans son exil à Gand et y deviendra chef d'état-major du Duc de Berry. De retour en France, après Waterloo, il est fait Grand Croix de la Légion d'Honneur le 15 août 1815.
Député de l'Indre, officier supérieur de la cavalerie de la Garde Royale, voici l'ancien lieutenant de Marmont membre de la commission chargée d'examiner la conduite des officiers pendant les Cent Jours, commission qui déférera en conseil de guerre, pour haute trahison, dix-neuf généraux de l'armée impériale!
Gouverneur de l'Ecole Polytechnique en 1822, Etienne de Bordessoulle participe l'année suivante à la Campagne d'Espagne (Cadix, Le Trocadéro) au titre de chef de la Garde Royale, devient Pair de France à son retour, se rallie à Louis-Philippe en 1830, prend sa retraite en 1832, et meurt dans sa terre de Fontaine, près de Senlis, le 3 octobre 1837.
Brillant soldat de l'Empereur, mais aussi de la République et de quatre rois fort différents, tel nous apparaît ce curieux comte de Bordessoulle, toujours aussi zélé et aussi fidèle au drapeau de son pays, quelles qu'en fussent les nuances et les couleurs! Opportuniste ou imperturbable sens du devoir ?

Auteur : Jean-Claude Quennevat
Revue : Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro : 266
Mois : oct.
Année : 1972
Pages : 23
 

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