Né à Douai le 31 décembre 1769, Brayer était caporal en 1787.
En 1792 nous le trouvons adjudant-major à un bataillon de « Volontaires du Puy-de-Dôme ». Successivement capitaine, puis chef de bataillon, il sert surtout aux armées du Rhin et du Danube. Blessé en 1799, il se distingue l'année suivante sous Moreau à Hohenlinden où il prend quatre canons à l'ennemi. Pour ce fait d'armes, Bonaparte lui remettra un Sabre d'Honneur en avril 1803 et le nommera major au 9e de Ligne.
Les hostilités reprennent. Brayer s'étant signalé à Hollabrünn et à Austerlitz est nommé colonel en décembre 1805. Sa carrière est maintenant jalonnée par Dantzig, Friedland où il est grièvement blessé, l'enlèvement de Despena-Perros en Espagne : il y est général de brigade en mars 1809. Nommé Baron de l'Empire en mars 1810, il a la jambe gauche fracassée par balle à Albuliera en mai 1811. Après une convalescence en France, il rejoint la Grande Armée en Allemagne en avril 1813. Et ce sont encore deux blessures, à la Katzbach en août, et à Leipzig le 18 octobre. Il est maintenant général de Division et prend part à la Campagne de France.
Il est d'abord mis en non-activité par la Restauration, puis est nommé au commandement d'une subdivision à Lyon en janvier 1815. Mais quelques semaines après, c'est le Retour de l'Île d'Elbe… L'Empereur marche de Grenoble sur Lyon. En route il reçoit un envoyé de Brayer, son aide-de-camp Moline de Saint-Yon, qui lui apporte une foule de renseignements très utiles, à la suite desquels il entre à Lyon sans coup férir… C'est de Brayer que Napoléon parle (sans le nommer pour ne pas lui nuire) quand à Sainte-Hélène il dit à O'Meara n'avoir été aidé à ce moment par aucun officier supérieur, « exception faite de La Bédoyère et d'un autre qui m'a rendu les plus grands services ». Aussi le comprendra-t-il dans son Testament, pour un legs de cent mille francs…
Pendant la Campagne de Waterloo, Brayer était à la tête d’une division de la Jeune Garde à Angers, neutralisant un essai de soulèvement chouan.
Naturellement, il est porté sur la liste des Proscrits de l'Ordonnance du 24 juillet 1815. Il est condamné à mort par contumace par le Conseil de Guerre de la 1re Division militaire de Paris. Mais il avait déjà gagné la Belgique, puis les États-Unis… En décembre 1816, il y est sollicité par les « Indépendants » du Chili en rébellion contre la métropole espagnole, pour venir diriger leur « armée ». Il arrive à Buenos-Aires en février 1817. Mais quand il rejoint les forces insurgées, San Martin en a pris le commandement. Bientôt la valeur et la fierté de Brayer se heurteront à l'orgueil espagnol du « général des Andes », et, en 1818, il regagne Buenos-Aires. Il y demeure jusqu'en 1821, année où meurt l'Empereur sur son rocher de Sainte-Hélène. Il rentre en France peu après, amnistié par le Roi et… mis à la retraite.
Mais, comme bien d'autres victimes de la Restauration, il est rappelé au service par le gouvernement de Juillet… Au lendemain même des « Trois Glorieuses », dès le 4 août 1830, il est nommé au commandement de la 5e Division militaire, à Strasbourg. Un an après, Louis-Philippe le fait Pair de France, titre que lui avait déjà donné Napoléon aux Cent-Jours…
En non-activité en 1836, il réside à Paris. Comme tant de fidèles en cette fin d'année 1840, il attend le Retour en France des Cendres de l'Empereur. Mais il ne verra pas le triomphal Retour, car il meurt le jour même où le cercueil de Napoléon touche la terre de France à Cherbourg…
Sa fille avait épousé un autre fidèle de l'Empereur, Marchand, le dévoué valet de chambre de Sainte-Hélène, conformément au voeu du Testament léguant à celui-ci quatre cent mille francs : « Je désire qu'il épouse une veuve, soeur ou fille d'un officier ou soldat de ma Vieille Garde… ».
Le nom du général Brayer est inscrit au côté Ouest de l'Arc de Triomphe de l'Etoile.
Son fils, général à son tour, sous le Second Empire, mourut au champ d'honneur au cours de la guerre de 1870.
Auteur : Marcel Doher
Revue : Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro : 269
Mois : mai
Année : 1973
Pages : 22