Charles Guillaume Ferdinand, Duc de Brunswick-Lüneburg (9 octobre 1735 – 1806)
Né au Wolfenbüttel, en Allemagne, Karl Wilhelm fut duc de Brunswick-Lüneburg de 1780 jusqu'à sa mort en 1806.
Jusqu'à Valmy et Iéna, Charles fut considéré comme l'un des plus grands chefs de guerre de l'époque. Il fut aussi un despote cultivé et bienveillant dans la lignée de Frédéric Le Grand. Il épousa Augusta, une soeur de George III de Grande-Bretagne.
Après avoir reçu une éducation de grande qualité, Charles connaitt son baptême du feu dans le nord de l'Allemagne en 1757 lors de la Guerre de Sept Ans, sous le commandement du Prince Guillaume Augustus, duc de Cumberland.
Ses actions de courage lors de la bataille de Hastenbeck, où il commande une brigade d'infanterie, lui valent l'admiration de tous. Il choisit donc de suivre une carrière militaire. On le reconnaît très tôt comme un maître de la « guerilla ». Quant aux combats plus formels, ses actions à Minden et Warburg le font apprécié comme un excellent subordonné.
A la fin de la Guerre de Sept Ans, Karl épousa Augusta, la fille de Frédéric, Prince de Galles (père du futur George III). Devenant Duc de Brunswick en 1780, il réussit (avec le soutien de son ministre Feonçe von Rotenkreuz) à sortir l'Etat de la banqueroute dans laquelle la guerre l'avait plongé. Sa réputation de souverain modèle n'eut de cesse de croître aussi bien dans sa vie politique que militaire.
En effet, tous voient en lui un despote bienveillant comme on les aime alors au XVIIIe siècle : en revanche si prudent et sage qu'il apparaît, cela reste encore à démonter dans les faits. En tant que Feld-maréchal de Prusse (1787), il rend de grands services au roi de Prusse et s'occupe sans relâche de son régiment sans oublier la diplomatie et autres affaires d'Etat. En commun avec le monarque prussien Frédéric Guillaume III ( 1797 – 1840) il partagee l'envie d'éviter à son duché toute complication diplomatiques avec l'étranger. Cette attitude le rapproche d'autant plus de l'image de Frédéric le Grand, son oncle. Adhérent enthousiaste de la politique germanophile et anti-autrichienne de la Prusse il rallie le Fürstenbund, dans lequel il jouit d'une grande réputation militaire. Il est alors destiné à devenir le commandant en chef de l'armée fédérale.
Son parcours sans faille va passablement se ternir par ses actions durant la Révolution française au début de l'été 1792. Lorsque la France déclare la guerre contre l'Autriche, votée le 20 avril 1792. Le très catholique empereur Léopold II et le roi de Prusse protestant Frédéric Guillaume III allient leurs armées et en donnent le commandement à Brunswick.
Sa première action est le Manifeste de Brunswick (Coblenz le 25 juillet 1792), menaçant de guerre et de ruine les soldats et les citoyens qui porteraient offense à Louis XVI et à sa famille. L'effet produit fut l'inverse de celui de soumission escompté. Ayant sécurisé Longwy et Verdun sans résistance sérieuse, il se trouve en sous-effectif à Valmy. Après plusieurs escarmouches, il se replie et évacue la France. Mais lorsqu'il reprend Mainz, il agit contre la volonté de Frédéric Guillaume II (1786-1797) de Prusse.
Il reprend le commandement de l'armée prussienne en 1806 (il a alors 71) mais est mis en déroute par le maréchal Davout à Auerstaedt et se trouve mortellement blessé. C'est galopant à la tête de ses troupes alors qu'il s'approche un peu trop d'un tireur français qu'il reçoit à l'oeil gauche une balle. Le duc meurt trois semaines plus tard de ses blessures.
Son successeur au duché de Brunswick, Frédéric Guillaume (1771 –16 juin 1815), l'un des plus farouches opposants à la domination de Napoléon sur l'Allemagne, prit part à la guerre de 1809 à la tête du corps de partisans ; s'enfuit ensuite en Angleterre après la bataille de Wagram, et retourne à Brunswick en 1813, où il lève de nouvelles troupes avant d'être tué la bataille des Quatre Bras.
Peter Hicks, oct. 2006 (trad. E. Papot)
Sources :
– Lord Edmond Fitzmaurice, Charles William Ferdinand, Duke of Brunswick: An historical study, 1735-1806, [S.l.] : Longmans, Green, 1901.
– Memoire, Allgemeine deutsche Biographie, vol. 2. (Leipzig, 1882)
– Arthur Chuquet, Les Guerres de la Révolution: La Première Invasion prussienne (Paris)