CAMBRONNE (Pierre-Jacques-Étienne), officier général et législateur

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CAMBRONNE (Pierre-Jacques-Étienne), officier général et législateur
Estampe « Gloire nationale » représentant Cambronne
© Fondation Napoléon

Quelle belle carrière que celle de ce fils d’un marchand de bois, engagé volontaire en 1792, républicain décidé et soldat courageux. Que de campagnes à son actif aussi : Belgique avec Dumouriez, Vendée avec Hoche, Flandres avec Augereau, Suisse avec Masséna, Allemagne avec Moreau. À l’aube de l’Empire, Savary est capitaine et reprend la route pour suivre Napoléon ou, plus tard, ses maréchaux égarés dans le guêpier espagnol. Les grades se succèdent jusqu’à celui de général de brigade en 1813, mérité en raison de son comportement héroïque à la bataille d’Hanau qui sauve les vaincus de Leipzig en leur permettant de repasser le Rhin. Il est alors de la Garde, donc déjà dans la légende. On ne compte plus ses blessures au feu et ses actions d’éclat.

À la première abdication de Napoléon, il est général major du bataillon de grognards qui accompagne le désormais roi de l’île d’Elbe en son exil. Il s’y ennuie, comme tout le monde, mais accomplit son travail fait de lassantes manœuvres, d’immobiles gardes d’honneur et d’activités d’aménagement d’une île que l’empereur veut transformer. Forcément, Cambronne est aussi du retour miraculeux, cette « invasion d’un pays par un homme » comme a écrit Chateaubriand : il s’empare du pont de Sisteron qui permet au revenant de remonter à son aise vers Paris. On le fait comte (il est déjà baron), on le nomme à la chambre des Pairs. Il refuse en revanche un grade de lieutenant général qui pourrait apparaître comme un geste de favoritisme : il ne sera jamais un général d’état-major. Le 12 juin 1815, il part avec ses hommes pour la campagne de Belgique. Une semaine plus tard, il entre dans l’histoire : alors que l’armée fuit, seule la garde, formée en carré autour de ses aigles, bonnets à poils fièrement dressés, contient les vainqueurs du jour. Dans la morne plaine de Waterloo, le dernier espoir et la dernière pensée de gloire de Napoléon volent en éclat. On somme Cambronne de se rendre : « La garde meurt mais ne se rend pas ! » aurait-il répondu. La phrase (qu’il ne démentit pas formellement, mais qu’il ne prononça sans doute pas) a du panache et mérite de figurer dans les livres. Mais on dira aussi qu’il n’avait répondu que d’un mot, ce qu’il niera farouchement. Dans le feu de la bataille, il était pourtant plausible et, diront certains, tellement « français ».

Fait prisonnier, relâché par les Anglais, il fut arrêté à son retour à Paris comme complice de « l’Usurpateur ». Un conseil de guerre l’avait condamné à mort par contumace. On lui refit un procès. Il fut cette fois acquitté et mis à la retraite en demi-solde. Grâce au duc d’Angoulême qui l’appréciait, il reprit pourtant du service, commanda dans le Nord avant d’avoir droit à une vraie pension, en 1823. Louis XVIII l’avait décoré de la croix de Saint-Louis et fait vicomte. Il se fixa à Nantes et vécut encore près de vingt ans, auprès de sa seconde épouse… une Anglaise à qui il avait dit un mot : « oui ».

Thierry Lentz (octobre 2023)

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