Ce général de brigade, officier de la Légion d’honneur, naquit à Carcassonne, dans le département de l’Aude. Chartrand fut l’un de ces enfants que la liberté transforma tout à coup en guerriers. En 1793, il n’avait que quatorze ans qu’il combattait à la frontière. Un courage intrépide lui mérita d’abord l’estime de ses chefs et le fit regarder par ses camarades comme un des plus vaillants soldats de la république. Il se signala par de brillants exploits, et, malgré sa jeunesse, plus d’un ordre du jour fit mention de son dévouement.
Chartrand aurait pu obtenir un rapide avancement ; mais il ne songeait pas encore à sa fortune militaire, et ce ne fut qu’après avoir été admis dans la garde des consuls qu’il fut nommé sous-officier. Une action d’éclat, pendant la première campagne de pologne, lui valut les épaulettes ; on le vit bientôt parvenir aux grades supérieurs, et il était général de brigade, lorsqu’en 1813 il fut fait prisonnier. Deux ans plus tard, il jouissait de sa retraite, quand Napoléon reparut sur le sol français. Chartrand, partageant l’enthousiasme de la nation, se laissa enflammer par le sentiment qui porta des milieux de braves au-devant du guerrier qui leur avait fait conquérir l’Europe. Il le suivit jusqu’à Mont-Saint-Jean. Échappant aux périls de cette journée, il ne put se préserver d’une commission militaire. Condamné à mort après l’amnistie dans laquelle il était compris, le 22 mai 1816, il fut conduit sur les glacis de la citadelle de Lille, où on le fusilla au bruit d’une musique soi-disant guerrière qui, dans cette circonstance, profana l’esprit chéri du clément Henri IV.
Chartrand mourut avec beaucoup de fermeté.
Article du Dictionnaire des Braves de Napoléon, de Michel Molières et Natalia Griffon de Pleineville, éd. Le livre chez vous, 2004