CHENIER, Marie-Joseph-Blaise de (1764-1811), littérateur et législateur

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Marie-Joseph Chénier est né à Constantinople (Turquie), le 28 août 1764, il est le quatrième fils de Louis Chénier, échevin consul de France à Constantinople, et de Elisabeth Santi-Lomaca. Il est mort à Paris le 11 janvier 1811.

Il commença sa carrière dans l'armée en qualité de sous-lieutenant au sein du régiment Lescure-Dragons à Niort mais se dirigea plutôt vers une carrière d'écrivain. L'un de ses premiers écrits fut une pièce intitulée Azémire, qu'il fit jouer à Paris au Théâtre-Français puis à Fontainebleau.

Le 4 novembre 1789, sa nouvelle pièce, Charles IX et la Saint Barthélémy, fut jouée également au Théâtre-Français et remporta un bon succès étant données les circonstances politiques de l'époque. Cette pièce lui apporta la faveur du public en général et le rendit populaire. Dès ce jour, Chénier prit le parti du peuple durant la Révolution et sa pièce, Henri VIII et Jean Carlos  (jouée en 1791) ne fut pas appréciée par la Cour et fut considérée comme antireligieuse.

Le 15 septembre 1792, Marie-Joseph entra en politique et fut élu par la Seine-et-Oise membre de la Convention. Avant cette élection, il avait affiché ses idées républicaines dans sa pièce Caïus Grachus. Il souligna sa position politique de Jacobin en votant « la mort du roi » lors de son procès. Quoique brièvement menacé par des rumeurs le rendant en partie responsable de l'exécution de son frère André pendant le Terreur (son frère faisait alors partie d'une aile moins radicale), il échappa de peu à la guillotine en publiant son Epître sur la calomnie. Peu de temps avant la mort de son frère, il avait composé son chef-d'oeuvre, le fameux hymne patriotique Le Chant du départ.

Désapprouvant l'extrême sévérité de “l'Incorruptible”, le 9 thermidor, Chénier vota la chute de Robespierre, et, un peu plus tard sous le Directoire, devint membre des Cinq-Cents. Il joua aussi un grand rôle dans la création de l'Institut de France (où il entra au 19 brumaire An IV) et fut l'un des promoteurs de l'établissement du Conservatoire national de musique.

Modéré très en vue (il avait poursuivi Collot d'Hernois, Barrère et Billaud-Varenne après l'exécution de Robespierre), il devint secrétaire puis président du conseil des Cinq-Cents, soutint le Directoire dans la journée du 18 fructidor et fit peu d'opposition au coup d'Etat de Brumaire. Il rejoignit le Tribunat le 4 Nivôse an VIII. Au sein de cette assemble il fut particulièrement opposé à la création de tribunaux d'exception ; opposition qui lui valut son élimination du Tribunat en l'An X. Ce ne fut pas pour autant la fin de sa carrière qu'il poursuivit sous Napoléon. Il fut ainsi appelé aux fonctions d'inspecteur général d'Instruction publique (de 1803 à 1806), mais fut destitué en 1806 pour ses positions idéologiques contre l'Empire (publication de son Epître à Voltaire).

Sa dernière tragédie, Cyrus, pseudo-éloge de Napoléon, qui avait été jouée après le
couronnement, fut un échec. Chénier vécut dès lors très péniblement en donnant un cours de littérature. Il tomba malade et mourut le 10 janvier 1811, à l'âge de 46 ans.

 
(P. Hicks, trad E. P.)

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