Né le 18 octobre 1741, à Amiens, il était le second fils de Jean Ambroise Choderlos de Laclos, secrétaire de l'Intendance de Picardie et d'Artois, de noblesse récente, et de Marie Victoire Catherine Gallois, fille d'un directeur général des Domaines du Roi à Amiens.
Énergique et réfléchi, le jeune Pierre Ambroise est attiré, de bonne heure, par la carrière militaire. Le 1er décembre 1759, à 18 ans, il est aspirant à l'école d'artillerie de La Fère. Sous-lieutenant (1761), puis lieutenant (1762), il est affecté à un corps d'artillerie en formation à La Rochelle sous le nom de Brigade des colonies. Mais, au lieu d'expéditions lointaines (Indes ou Canada), le régiment est envoyé à Toul et, selon l'usage, prend le nom de cette première garnison : le 31 août 1765, il devient le » régiment d'artillerie de Toul « . Laclos y fera carrière jusqu'à la Révolution. Il le suivra à Strasbourg (1766-1769), à Grenoble (1769-1775), un séjour très agréable où il rencontre la noblesse de la ville et un jeune sous-lieutenant, Théophile Malo Corret de La Tour d'Auvergne ; à Besançon, à Valence (1777), encore à Besançon…
Laclos était alors un jeune officier, de haute taille (1,80 m), svelte, avec des traits fins, un teint pâle, de beaux yeux bleus, un regard profond. Et, sous une apparence froide, se cachait une âme ardente et passionnée.
Bien noté, son avancement est régulier : il est nommé capitaine (1791), aide-major (1772), capitaine commandant (1780).
Comme beaucoup d'officiers de cette époque, il est initié à la franc-maçonnerie et devient vénérable de la loge l'Union à l'Orient du régiment de Toul-Artillerie (1775-1776). Sa signature sera toujours accompagnée des signes maçonniques.
La littérature occupe ses loisirs et ses congés semestriels (tous les deux ou trois ans). Il écrit de petits vers que publie l'Almanach des Muses. À la Comédie italienne, un opéra-comique (Ernestine, paroles de Laclos et musique de Saint-Georges) est un échec complet (19 juillet 1777).
À l'île d'Aix où, détaché de son régiment, il travaille à des fortifications sous le général de Montalembert, son chef et protecteur (1), il écrit, de juillet 1780 à septembre 1781, son roman Les Liaisons dangereuses. Ensuite, il demande un congé, se rend à Paris et fait paraître son ouvrage, à la fin mars 1782, en 4 volumes (2). Le succès est considérable, deux éditions successives en témoignent. Le roman est écrit sous la forme épistolaire (175 lettres), comme Clarisse Harlowe de Richardson et La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau.
Le résumé du roman : les intrigues de Valmont, un libertin expert en séduction (il n'est ni Casanova, ni Don Juan, ni Sade), conseillé par Mme de Merteuil, son ancienne maîtresse, visent à vaincre la résistance amoureuse de la vertueuse présidente de Tourvel et à séduire une jeune fille, Cécile de Volanges. » C'est un manuel de la conquête amoureuse » (J.-M. Rouart). Valmont réussit mais il est tué en duel par le fiancé de Cécile et Mme de Merteuil, ruinée et défigurée par la vérole, subit une juste punition. Les analyses psychologiques et le style sont d'une grande rigueur (3) (4).
Ce roman valut à Laclos, de son vivant, la notoriété avec une réputation de scandale, et, cent ans plus tard, la renommée littéraire. Selon Paul Bourget, Les Liaisons dangereuses sont, avant tout, » un roman d'analyse dans la tradition française, une sombre planche d'anatomie morale « . Émile Dard le confirme : » Laclos est le père de notre école moderne des romanciers d'analyse « . De son côté, Giraudoux, à propos de Valmont et de Mme de Merteuil, parle d'un » superbe assemblage » et voit en Laclos » un petit Racine aidé par Vauban « . En effet, Laclos décrit une stratégie amoureuse implacable avec des métaphores toutes militaires. Son influence sur la littérature romanesque du XIXe et du XXe siècle fut et reste considérable.
Ensuite, Laclos est envoyé à La Rochelle, où il participe à la construction de l'Arsenal. Il demeure à côté de l'hôtel Duperré, où il fait la connaissance de Marie-Soulange Duperré (soeur du futur amiral Victor Duperré). C'est une jeune fille gracieuse, douce et mutine. Les deux maisons étaient reliées par des escaliers secrets et un souterrain. Il faut croire que la stratégie amoureuse de Choderlos réussit puisqu'elle devient sa maîtresse, d'où la naissance d'un fils, Étienne Fargeau. Deux ans après, avec l'autorisation du ministre de la Guerre, il l'épouse à La Rochelle, le 3 mai 1786.
Dans le même temps, Laclos fait encore parler de lui. En effet, il fait paraître à La Rochelle et à Paris, sous son nom et son grade, une Lettre à MM. de l'Académie Française sur l'Éloge de M. le Maréchal de Vauban, proposé pour sujet du prix d'éloquence de l'année 1787. Or, en guise d'éloge, c'était plutôt un éreintement (Laclos développe les conceptions nouvelles de Montalembert). Mais, comme l'illustre Vauban était l'une des » religions » de l'armée française, cet écrit déplaît au maréchal de Ségur, ministre de la Guerre, et à Gribeauval, inspecteur général de l'artillerie. Le 16 mai 1786, ordre est donné à Laclos de rejoindre son régiment à Metz, où » il reprendra connaissance de la discipline et de l'esprit de subordination qu'il a perdu de vue… « . De Metz, Laclos se rend à La Fère, à la suite de son régiment.
Mis en congé, sur sa demande, en octobre 1788, Laclos se fait présenter, par le vicomte de Noailles, au duc d'Orléans, grand maître de la franc-maçonnerie française, et devient secrétaire de ses commandements, avec des appointements de 6 000 livres par an, alors que sa solde de capitaine ne dépassait pas 2 700 livres. Il s'installe avec sa famille, 27, cour des Fontaines, une dépendance du Palais-Royal. Désormais, il entre en politique.
Au début de la Révolution, le duc d'Orléans rêve de substituer sa dynastie à celle des Bourbons. Exerçant une profonde influence sur lui, Laclos dirige sa campagne, inspire de nombreux cahiers de doléances, organise les élections de la noblesse aux états généraux. Un des premiers inscrits au Club des Jacobins, Laclos fait paraître, avec les fonds fournis par le duc d'Orléans, le Journal des Amis de la Constitution. Le 6 octobre 1789, Louis XVI et sa famille, sous la pression populaire (et du parti Orléans), sont ramenés de Versailles à Paris. Pour éloigner le duc d'Orléans, Lafayette le fait envoyer en mission à Londres. Laclos l'accompagne. Ils reviennent à Paris en juillet 1790 et Laclos rédige la justification du duc, intitulée Exposé de la conduite de M. le duc d'Orléans.
Selon un mémorialiste : » Ce Laclos, attaché au duc d'Orléans, était un homme sombre, taciturne, ayant la figure et le regard d'un conspirateur, réservé, spirituel, mais si peu liant qu'à peine lui ai-je parlé, quoique je l'ai vu plusieurs fois » (Dumont, Souvenirs sur Mirabeau).
Après Varennes et le retour du Roi (juin 1791), Brissot écrit, sous la dictée de Laclos, la pétition dite du Champ de Mars, qui visait au remplacement de Louis XVI, » par tous les moyens constitutionnels « . Mais, sur les conseils de Mme de Genlis, le duc d'Orléans refuse de prendre le pouvoir. Désormais, le clan des Orléans vouera une haine tenace à la comtesse (5) (6).
Devant le péril extérieur, Laclos retrouve sa vocation militaire. Le 29 août 1792, Danton le nomme commissaire du pouvoir exécutif et Servan (1741-1808), ministre de la Guerre, l'envoie à l'armée de l'Est commandée par le vieux maréchal Luckner, avec pleins pouvoirs. Laclos se rend à Châlons, organise la jonction des armées Kellermann, Beurnonville et Dumouriez et définit un plan de campagne. Le 20 mai 1792, alors que Laclos revient et roule vers Paris, avec Luckner destitué, c'est la victoire de Valmy, marquée par l'action décisive de l'artillerie française (7). Aujourd'hui, on considère que Laclos a été l'artisan de cette victoire sur les Prussiens.
De retour à Paris, Laclos est réintégré, le 22 septembre 1792, dans l'armée, avec le grade de maréchal de camp (général de brigade) et il est envoyé à Toulouse, comme chef d'état-major de l'armée des Pyrénées qui se formait, face à l'Espagne. À la fin de l'année, il rentre à Paris. Toutefois, il ne renoue pas avec le duc d'Orléans qui, dans peu de temps, va voter la mort du Roi, son cousin…
Laclos est nommé, par Monge, gouverneur général des établissements français de l'Inde, on fait des projets d'expédition militaire, mais finalement l'affaire est abandonnée (janvier 1793).
Le 2 avril 1793, sur mandat d'arrêt du Comité de sûreté générale, » Choderlos Laclos, officier général de la République « , est interné à la prison de l'Abbaye, mais le 10 mai, il est remis en liberté (semble-t-il sur l'intervention d'Alquier, membre du Comité, que Laclos avait connu à La Rochelle) et l'ordre précise qu'il subira sa captivité à son domicile. Il y retrouve avec joie sa femme et ses enfants.
À cette époque, Laclos propose au Comité de salut public de faire des expériences concernant un type nouveau de boulets creux. Initialement, ces » boulets creux » étaient destinés au tir contre les navires, où ils devaient être beaucoup plus efficaces que les boulets pleins qui, dans le flanc des navires, creusaient des trous qui se laissaient facilement boucher. Une première expérience a lieu le 20 août 1793, à La Fère, en présence de Laclos et de Berthollet. Une autre expérience était programmée à Meudon, pour le 6 novembre 1793. Or, le 5, Laclos est arrêté chez lui, en vertu de la loi sur les suspects et incarcéré à la prison de la Force, rue Pavée (5 novembre 1793-20 décembre 1793), puis à Picpus, près de la Nation (21 décembre 1793-1er décembre 1794).
Ses co-détenus : Beugnot, Armand de Custine, le maréchal Philippe de Noailles, duc de Mouchy, le général Hulin, le Vénézuélien Miranda, l'avocat Lindet, l'architecte Ledoux, le contre-amiral Latouche-Tréville ex-chancelier du duc d'Orléans, le maréchal de Ségur…
Choderlos de Laclos s'occupe comme il le peut, il enseigne les mathématiques, la comptabilité à certains co-détenus, joue aux dames et au piquet avec d'autres. Il correspond avec son épouse lorsqu'il ne peut recevoir ses visites.
Finalement, grâce à des protections occultes (Danton, Alquier, celle de Robespierre ?), aux attestations de civisme que son épouse a pu obtenir, au nombre de suspects et enfin, peut-être, à la baraka, il échappe à la guillotine, qui fut pourtant le lot commun des Orléanistes et de leur chef, Philippe-Égalité.
Le 9 Thermidor an II (27 juillet 1794), avec la chute de Robespierre et la fin de la Terreur, soulève de grands espoirs auprès des détenus. Dès les jours suivants, Laclos recherche des appuis pour favoriser sa libération. Il recopie obstinément les mémoires qu'il avait préparés à cet effet et, toujours dans sa spécialité d'artilleur, adresse aux autorités une note relative aux magasins à poudre. Au début septembre, il a la joie de la visite de sa femme (elle avait été exilée hors de Paris) et, de leur rencontre, Marie-Soulange donnera naissance, neuf mois plus tard, à un garçon, Charles-Ambroise, leur troisième enfant.
Mais une complication survient : à la fin octobre, la prison de Picpus est fermée et les détenus sont dirigés sur la prison du Luxembourg. Enfin, le 1er décembre 1794, le Comité de surveillance et de sûreté générale le fait libérer.
Laclos retrouve avec joie sa femme et ses enfants et toute la famille va s'installer dans un appartement loué au n° 3 (aujourd'hui 6) de la rue du Faubourg-Poissonnière, à Paris. Pour vivre, il accepte le poste de secrétaire général de la Conservation des Hypothèques (le conservateur général, Jollivet, était un ancien Orléaniste) et il assure ces fonctions pendant trois ans (1795-1798).
En novembre 1799, il accueille comme un immense bienfait le coup d'État du 18 Brumaire. » Pour lui, Bonaparte était un Philippe d'Orléans qui réussissait « . Immédiatement, il sait intéresser le Premier Consul à ses essais concernant les boulets creux et, le 2 décembre 1799, une nouvelle expérience de tir, organisée sur le polygone de Vincennes, est un succès (G. Poisson, p. 402) (8).
Une dizaine de jours après, Laclos demande sa réintégration dans l'armée (artillerie) comme général, grade auquel il avait été nommé en 1792. Or, les bureaux rechignent : en effet, s'il était bien général, c'était dans la ligne ; dans l'artillerie, il n'avait atteint que le grade de capitaine-commandant en 1780. Le Premier Consul (artilleur comme lui, grand admirateur des Liaisons dangereuses et au courant des essais concernant les boulets creux) tranche et, le 16 janvier 1800, le nomme général de brigade dans l'artillerie, pour prendre rang du 22 septembre 1792. Le 5 mars, il est affecté à l'armée du Rhin.
Ensuite, Choderlos de Laclos, sanglé dans son uniforme neuf de général de brigade d'artillerie, est invité à déjeuner aux Tuileries, avec Carnot et Le Couteulx de Candeleu, et, dans la conversation, le Premier Consul évoque sa prochaine campagne d'Italie (G. Poisson, p. 407).
Le 12 avril, Laclos quitte Paris pour rejoindre l'armée du Rhin, où il commandera, sous Eblé, la réserve de l'artillerie. Il passe par Meaux, Châlons, Strasbourg, Neuf-Brisach et arrive au quartier-général de Moreau. À son âge, il a du mal à se remettre à l'équitation et il en souffre.
Le 9 mai 1800, trois corps d'armée, dont celui de Laclos, convergent sur Biberach, près d'Ulm, où il reçoit, avec fierté, le baptême du feu (il a 59 ans).
Mais Laclos est inclus dans les troupes (25 000 hommes) qui sont détachées de l'armée du Rhin, pour venir renforcer l'armée d'Italie. Le 7 juin, il quitte Moreau (Eblé regrette son départ), rejoint Grenoble, puis Milan, où il est affecté à l'état-major de Marmont (5 octobre 1800).
À La Scala, dans la loge de l'état-major, il rencontre un jeune officier, Henri Beyle, qui deviendra Stendhal. Il participe à des opérations contre les Autrichiens : au débouché de Monzembano, pour le passage du Mincio, il a son cheval tué sous lui (5 décembre 1800) ; au passage de la Brenta, son artillerie fait merveille.
En 1801, la paix de Lunéville signée, il rentre à Paris ; il est nommé inspecteur général de l'artillerie (1802) et propose un nouvel affût pour le matériel.
En 1803, après la rupture de la paix d'Amiens, devant les menaces anglaises et russes, une armée dite de Naples est créée, sous Gouvion-Saint-Cyr et le commandement de l'artillerie de cette armée est confié à Laclos. Dès son arrivée à Tarente, en juillet, il inspecte les côtes et obtient un renforcement de l'artillerie. Mais il souffre de dysenterie et, peut-être, de malaria, pendant 54 jours. Son état empire. Il écrit (ou dicte) des lettres déchirantes à son épouse, à Marmont, Alquier, ambassadeur à Naples. À bout de forces, il recommande sa femme et ses enfants au Premier Consul et meurt, le 5 septembre 1803, à 62 ans.
Gouvion-Saint-Cyr le fait inhumer dans l'île Saint-Paul, en face du port de Tarente, dans un fortin. En 1815, les soldats napolitains détruisirent sa tombe et dispersèrent ses cendres. En 1952, on a retrouvé la pierre tombale au lazaret de Forte Mare, près de Brindisi. Elle comportait, en latin, un texte élogieux (G. Poisson, pp. 457 et 509) :
» Ici repose Laclos, que les armes et l'esprit ont illustré, digne des larmes de son épouse, de ses compagnons et de l'ennemi. Il peignit le vice avec vivacité, cultiva les vertus avec aménité et, comme écrivain et comme homme, il fut la gloire et la conscience de son pays « .
Conformément aux voeux de Laclos, le Premier Consul accorde une pension de 1 000 francs à Marie-Soulange (1759-1832), sa veuve ; il fait entrer le fils aîné, Étienne (1784-1814), l'enfant de l'amour, à l'École militaire, il sera chef de bataillon, aide de camp de Marmont, décoré de la Légion d'honneur et tué pendant la campagne de France, à Barry-au-Bac, le 18 mars 1814 (s.p.) ; il fait entrer le second fils, Charles-Ambroise (1795-1844) au Collège militaire de La Flèche, d'où il fera aussi une carrière militaire (s.p.). Quant à la fille, Catherine-Soulange (1787-1827), elle épousera le colonel Duret de Tavel, auteur du Séjour d'un officier français en Calabre (1807-1810), paru en 1820, dont postérité.
Le frère aîné de Laclos, Jean Charles Marie (1738-1808), le » bon Choder « , était consul général de France à Smyrne, il y reçut Chateaubriand ; physiquement épuisé, il meurt à Rome, lors de son retour en France, le 8 octobre 1808.
En conclusion, si Choderlos de Laclos passe généralement pour un des personnages les plus noirs de la Révolution, sa correspondance, et la biographie de Georges Poisson, font apparaître un Laclos bien différent : un réformateur obstiné, légaliste et enthousiaste et un extraordinaire amoureux qui vécut jusqu'à sa mort un grand amour avec sa femme. Non, décidément, Laclos n'était pas Valmont (9).
Notes et bibliographie
(1) Le marquis Marc René de Montalembert (Angoulême 1714-Paris 1800) spécialiste des fortifications, était l'initiateur d'une nouvelle conception, celle de la fortification perpendiculaire ou polygonale (système des forts détachés) ; il fortifia l'île d'Oléron et l'île d'Aix.
(2) Voir Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, Le Club français du Livre, 1957, préface Roger Vailland.
(3) C'est lors de son séjour à Grenoble que Laclos aurait rencontré les personnages qu'il a repris dans son roman (Historia, n° spécial, n° 356 bis, 1976, p. 11).
(4) Voir notamment, Les Liaisons dangereuses, une adaptation américaine de Stephen Frears (1988) et Valmont, une adaptation franco-britannique de Milos Forman
(1989).
(5) Voir la notice concernant Mme de Genlis : Revue du Souvenir Napoléonien, n° 403, p. 39.
(6) Voir La plus dangereuse des liaisons (Éditions La Bibliothèque, Paris, 1993) : Pamphlets signés Choderlos de Laclos ou Le duc d'Orléans, un ensemble de quatre lettres apocryphes parues en 1790-1791. Elles visaient à noircir le clan Orléans, curieusement dans le style des Liaisons dangereuses.
(7) À Valmy, l'armée française a utilisé, pour la première fois, l'artillerie à cheval, dont la création avait été décidée au début 1792.
(8) Le principal projectile utilisé par les armées françaises de la Révolution et de l'Empire était le boulet plein, sphérique, en fonte (les batteries côtières tentaient d'incendier les navires avec des boulets rouges, chauffés au rouge). Mais on retrouvera dans les armées napoléoniennes, concurrement avec l'utilisation du boulet plein traditionnel, deux cas d'application de la conception du boulet creux préconisée par Laclos : d'une part, l'obus, une sphère creuse contenant une charge de poudre qui le faisait éclater à l'aide d'une fusée à temps, généralement réglée pour agir par ricochet ; d'autre part, la boîte à mitraille (ou biocaïen), enveloppe en métal léger contenant des balles en fer, sphériques, de petites dimensions, comme celles des fusils – utilisée pour le combat rapproché, elle provoquait de terribles ravages dans les rangs ennemis (cf. Dictionnaire Napoléon, rubrique « artillerie », par le général Cazelles, p. 128 ; rubrique « artillerie, matériel d'… », par Jean Tranié, p. 132 ; Alain Pigeard, L'Armée de Napoléon, Tallandier, 2000, p. 132).
(9) Sources : Roman d'Amat, Dictionnaire de biographie française, à Choderlos ; Dictionnaire Napoléon, notice Claude de Guillebon, p. 1013 ; Émile Dard, Le général Choderlos de Laclos, Perrin, 3e édition, 1936 ; Georges Poisson, Choderlos de Laclos ou l'obstination, Grasset, 1985 ; A. Fierro, A. Palluel-Guillard, J. Tulard, Histoire et dictionnaire du Consulat et de l'Empire, R. Laffond, 1995, p. 874 ; G. Six, Dictionnaire des amiraux et généraux de la Révolution et de l'Empire, p. 2