DAUMIER, Honoré, (1808-1879).

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DAUMIER, Honoré, (1808-1879).

Honoré Daumier, né le 26 février 1808 à Marseille et mort le 10 février 1879 à Valmondois, est un peintre, sculpteur, caricaturiste et lithographe français.
En ce siècle d'essor de la presse, cette technique nouvelle de la lithographie, venue d'Allemagne, permet aux journaux de développer la présence des illustrations dans leurs pages. Elle devient surtout, pour les antimonarchistes, une arme redoutable mise au service de la caricature. Cette période sera rythmée par les lois sur la presse, entre liberté et censure. La violence des satires fut, elle, à la hauteur des désillusions de la révolution de 1830.
De la Monarchie de Juillet à la Révolution de 1848, et jusqu'à la chute du second Empire, Daumier le républicain, fils de prolétaires, vivra en direct tous les combats.
En 1828, il réalise ses premières lithographies pour le journal La Silhouette, il travaille ensuite dès 1830 pour la Caricature. En 1832 commence sa collaboration avec le Charivari, journal fondé par Philippon et jouant un rôle important dans la vie politique de l'époque de par son engagement contre Louis-Philippe. Enthousiasmé par la Révolution de 1830, il baigna ensuite dans le climat d'effervescence contre ce roi bourgeois. Il dessinait plusieurs lithographies par semaine, ce qui lui permit d'assurer sa subsistance. Cependant en 1832 sa caricature de Louis Philippe en Gargantua lui vaut six mois d'emprisonnement, qui au lieu d'adoucir son caractère exacerbèrent sa hargne à l'encontre du régime en place. Il publie alors peu après sa sortie en 1834 quatre grandes planches dans l'Association mensuelle, magazine fondé par Philippon, dont les plus connues sont Le ventre législatif et La Rue Transnonain. Elles sont généralement considérées comme le sommet de son art lithographique.
En 1835, la loi contre la liberté de la presse l'oblige à s'orienter vers la caricature de moeurs : series des Moeurs Conjugales Robert Macaire (1839-1842), Scènes parlementaires (1843), Gens de justice, Les Bons Bourgeois ( 1845-1848).
En 1848, le renversement de la monarchie ouvrit une nouvelle perspective à Daumier, qui avait songé un instant à déserter la caricature, et reprend sa collaboration avec le Charivari.
C'est dans le climat politique tendu qui précéda le coup d'Etat du 2 décembre 1851, à la suite duquel Louis-Napoléon Bonaparte devint président de la République, que Daumier eut l'intuition géniale du “ colonel Ratapoil ”, sorte de demi-solde, d'agent de propagande, de provocateur et d'espion au service de la cause bonapartiste. Muni de sa canne gourdin qui l'aide à persuader le peuple, il symbolise le nouveau pouvoir qui s'appuie sur des hommes de main recrutés dans les bas-fonds de la société. L'invention de ce personnage se rattache en effet à toute une campagne de caricatures anti-bonapartistes suscitée dès 1848 par les républicains, inquiets de l'ascension politique puis de l'omniprésence dans la vie publique du neveu de l'empereur Napoléon 1er .
On peut presque considérer ce ratapoil comme la fin de l'oeuvre politique de Daumier, à l'exception de quelques lithographies tardives sur la guerre de 1870 et la chute du second empire. L'artiste s'emploiera ensuite surtout à la satire des moeurs de son temps et aux illustrations des ouvrages littéraires de Balzac telle la Comédie Humaine.
Eternellement pauvre, l'artiste finit par s'installer à Valmondois, où son ami Corot lui fait cadeau d'une maison. Une exposition rétrospective est organisé par Durand-Ruel en 1878, mais elle ne rencontre aucun succès auprès du public.
Daumier meurt aveugle l'année suivante, âgé de soixante et onze ans.
 
Burnel M.
 

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