Issu de la branche protestante (Silésie) de la famille Haugwitz, il fait des études de droit avant d'être élu par la Silésie en 1791 à la tête de la province. Frédéric Guillaume II lui accorde le poste d'ambassadeur à Vienne en 1792, puis celui de ministre des Affaires étrangères dans son cabinet à Berlin.
Bien que le gouvernement prussien regrettait le comportement des Émigrés et se refusait à intervenir dans les affaires françaises pendant la Révolution, Haugwitz, néanmoins confronté au Comité du salut public, participe à des négociations qui se concluent avec la signature de traité de subsides à la Hague le 19 avril 1794, entre la Grande-Bretagne et la Prusse d'une part, et entre la Grande-Bretagne et la Hollande d'autre part. Mais des conflits d'intérêt surgissant, Pitt entreprend de dénoncer le traité en octobre de la même année. La Prusse se tourne alors vers la France, avec laquelle elle signe un traité le 5 avril 1795 à Bâle, sous l'influence de Haugwitz.
Sous le règne de Napoléon, Haugwitz tente de sauvegarder les États de la rive gauche du Rhin dans le giron du Saint Empire romain germanique, et défend auprès de son roi une politique de neutralité dans le nord de l'Allemagne, qu'ils tentent tous deux de faire reconnaître par Napoléon. Mais les victoires de ce dernier lors de « sa » première campagne d'Italie, et la conquête du nord de l'Allemagne par les Français, rendent caduque cette voie politique.
Haugwitz ne peut que reconnaître les faits et pousser son roi à rejoindre la Seconde Coalition en 1798.
En 1803, le roi de Prusse refuse pourtant de suivre l'avis de Haugwitz de poser un ultimatum aux Français pour qu'ils quittent le Hanovre, et remplace son ministre par Hardenberg en août 1804.
Haugwitz continue pourtant à être consulté dans sa retraite et use de toute son influence pour contrer la politique francophile d'Hardenberg. Les efforts prussiens en direction de la France sont vite battus en brèche avec le passage des Français à Ansbach comme ils se dirigent vers Austerlitz, futur terrain de leurs exploits. Haugwitz est alors rappelé au ministère des Affaires étrangères et envoyé à Austerlitz porteur de l'ultimatum prussien élaboré par le roi lors de la visite du Tsar Alexandre en novembre 1805.
Le désir de Haugwitz de temporiser, mêlé à la suspicion de Napoléon à l'égard de la Prusse, reporte, pour quelque temps seulement, la rencontre cruciale avec l'Empereur. Tandis que Talleyrand discute avec Haugwitz, Napoléon remporte la grande victoire d'Austerlitz. Le 15 décembre 1805, Haugwitz n'a pas d'autre choix de céder face au nouvel arbitre de l'Europe et de signer le traité de Schönbrunn, au lieu de transmettre l'ultimatum du roi de Prusse. Ce dernier reçoit le Hanovre (possession personnelle du roi d'Angleterre mais occupée par les troupes françaises), en échange de Ansbach, Clèves et Neuchâtel.
En février 1806, Haugwitz vient à Paris pour ratifier le traité de Schönbrunn et tenter de faire approuver quelques modifications en faveur de la Prusse. Il est accueilli par un Napoléon en proie à une terrible colère, exigeant que le traité soit remplacé par un nouveau texte, doublant la superficie des territoires cédés par la Prusse et forçant cette dernière à s'opposer à l'Angleterre en fermant ses ports du Hanovre aux bateaux britanniques. La signature du traité le 15 février 1806 isole alors profondément la Prusse en Europe.
Haugwitz demeure à la tête du ministère des Affaires étrangères mais se retrouve dans l'impossibilité de conduire réellement la politique diplomatique de la Prusse, et avec la défaite de Iéna le 14 octobre 1806, sa carrière va prendre fin. Il accompagne le roi de Prusse dans sa fuite vers l'Est puis le quitte pour rejoindre ses terres en Silésie.
En 1821, il est nommé curateur de l'Université de Breslau. En 1820, il s'installa pour raisons de santé en Italie, qu'il ne quitta plus jusqu'à sa mort en 1832.
P. Hicks, trad. I. Delage, juin 2006