Officier de cavalerie à 17 ans
Jean-Baptiste, Auguste, Marie, fils est né et baptisé le 17 mai 1775 à Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine) [1]. Il est le second fils de Jean, François JAMIN, sieur du Fresnay, gendarme de la garde ordinaire du Roi et de Anselme Marie Jacquine Gaultier. La fratrie comptera cinq enfants (3 garçons et 2 filles).
Il intègre en 1790 la Garde Nationale de sa commune. Son commandant déclare en novembre 1791 : « il [Jamin] a servi avec un zèle vraiment patriotique, il a toujours marché dans les vrais principes de la constitution et qu’outre la bonne éducation qu’il a reçue, il a toutes les dispositions nécessaires pour faire un digne défenseur de sa patrie ».
Ayant « un goût décidé pour la profession des armes », il demande au ministre de la Guerre « une sous-lieutenance dans les troupes de ligne. […] formé dès mes jeunes ans à la guerre, mon désir le plus ardent est d’être longtemps utile à ma patrie » avec la recommandation appuyée de la députation d’Ille-et-Vilaine dont celle de Roch Pierre François LEBRETON (député à l’assemblée législative et à la convention où il vote la réclusion à perpétuité du Roi puis membre du conseil des Anciens). L’insistance des élus bretilliens porte finalement ses fruits [2] : le 17 juin 1792, il obtient son brevet de sous-lieutenant au 9ème de cavalerie (8ème compagnie) alors commandé par le général Jacques Polycarpe MORGAN.
Il fait sans interruption toutes les campagnes de 1792 à l’an IX sous Lückner (Armée du Nord), Jourdan (Armée du Danube), Bernadotte (Armée du Bas-Rhin) et Moreau (Armée du Rhin). Il gravit tous les échelons :
– lieutenant au même régiment (3ème compagnie) le 16 floréal an III (05 mai 1795), brevet du 18 fructidor an III,
– aide de camp du général Nansouty le 23 fructidor an VII (9 septembre 1799),
– capitaine non titulaire à la suite du 9ème de cavalerie le 13 fructidor an VIII (31 août 1800). Il est provisoirement promu par le général Moreau sur demande du général Nansouty : « Cet officier a du zèle, de l’instruction et je n’ai qu’à me louer de sa manière de servir, particulièrement depuis le début de la campagne…c’est une justice que je rends à mon aide-de-camp » dans une lettre à Moreau du 26 thermidor en VIII (14 août 1800). Cette promotion est confirmée par arrêté du 24 nivôse an IX (14 janvier 1801),
– capitaine titulaire le 1er floréal an IX (21 avril 1801) au 8ème de cavalerie commandé par Jean-Baptiste Gabriel MERLIN,
– chef d’escadron au même régiment le 17 nivôse an X (21 janvier 1802) sur recommandations des généraux Sainte-Suzanne, d’Hautpoul et Moreau. Brevet du 21 prairial an XI,
– aide de camp de Masséna en septembre 1805, il participe à la campagne d’Italie et se signale au combat de San Pietro (4 novembre 1805). Dans un état des officiers de l’armée d’Italie proposés pour l’avancement par le maréchal Masséna le 6 nivôse an XIV (27 décembre 1805), il est désigné par cette note : « Au combat de St Pierre, il s’est élancé à la tête de la cavalerie : officier rempli d’activité »,
– Lors d’une inspection menée en l’an XIII (1804-1805), le général Sully porte l’appréciation suivante : « Officier très intelligent, beaucoup de moyens et méritant la justice et l’intérêt du gouvernement pour son avancement, excellente conduite »,
– Aide de camp du roi Joseph Bonaparte.


Au service de Joseph Bonaparte, roi de Naples et d’Espagne
Le 1er avril 1806, il est détaché auprès de Joseph Bonaparte, Roi de Naples, qui le nomme major des chevau-légers de la garde napolitaine (06 juillet 1806) puis colonel (30 octobre 1807).
Il épouse le 23 juillet 1808, en l’église de Santo Marco di Palazzo de Naples, Rosalie, Françoise, Caliste Miot de Mélito, fille du conseiller d’État et ministre de l’Intérieur de Joseph Bonaparte (mariage enregistré à la chancellerie de France à Naples le 30 juillet 1808).
Il suit Joseph et passe au service d’Espagne à la tête de son régiment en 1808. En récompense de ses services, il reçoit le titre de marquis de Bermuy par collation de Joseph Bonaparte. Il se distingue particulièrement aux batailles d’Almonacid (11 août 1809). Le général SEBASTIANI, dans son rapport, le cite avec le plus grand éloge. Puis d’Ocaňa (19 novembre 1809). Joseph écrit le même jour au comte Miot de Mélito : « Monsieur le comte de Mélito, l’armée de la junte est entièrement détruite. Votre gendre s’est très bien comporté… »
Le 19 novembre 1810, il est promu maréchal de camp, commandant les chevau-légers de la cavalerie de la garde.
Le 15 février 1811, il est nommé commandant des 2 régiments de cavalerie et de hussards de la garde royale d’Espagne.
Il est fait baron de l’Empire le 26 avril 1811.
Il sert à Vittoria le 21 juin 1813 après avoir donné de nouvelles preuves de sa bravoure. Il « fit mettre en bataille et chargea les hussards ennemis qu’il repoussa ».
Lors du repli sur Bayonne et par suite de la grave blessure reçue par le général Guy, Soult lui confie provisoirement le commandement de la brigade de cavalerie de la garde royale espagnole le 16 juillet 1813 jusqu’à son désarmement le 25 novembre.
Jamin quitte Bayonne le 18 décembre 1813 pour se rendre à Paris (par Bordeaux, Orléans…).
Général de brigade réintégré au service de France
Il est réintégré au service de France avec le grade de général de brigade le 20 janvier 1814. Le 8 février, il est employé au dépôt central de cavalerie à Versailles puis 5 jours plus tard, il est fait commandant d’une brigade de cavalerie légère attachée au 2ème corps du général de division de Saint-Germain, à Meaux.
Le 26 février 1814, il est désigné dans une division de cavalerie de la Garde, puis le 16 mars suivant, il est nommé major des grenadiers à cheval de la Garde impériale en remplacement du général Laferrière, grièvement blessé à la jambe à Craonne. Il suit Napoléon à Fontainebleau jusqu’à l’abdication (4 avril 1814).
Il achète avec son beau-père [3] une maison et une ferme à Poulangis (Polangis puis Joinville-le-Pont) à la fille du maréchal OUDINOT (mariée au général PAJOL).
Le 24 novembre 1814 sous la Restauration, il est major aux cuirassiers de France.
Les Cent-Jours
Aux Cent-Jours, le 14 avril 1815, il commande la 1ère brigade des grenadiers à cheval (4 escadrons) de la division de cavalerie lourde de la Garde Impériale dirigée par le général de division Claude-Etienne GUYOT. À la tête de sa brigade, la Garde impériale quitte Paris le 5 juin 1815.
Lors de la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815, les grenadiers chargent à trois reprises avec, à leur tête, le général GUYOT, blessé par balle lors de la seconde charge : il sera remplacé par Jamin. À la 3éme charge située entre 18 et 19h, il meurt à la tête de ses hommes en chargeant les batteries anglaises. Hyacinthe René Miot de Mélito, son aide de camp et beau-frère est grièvement blessé lors d’une de ces charges et décède à 20 ans des suites de ses blessures en décembre 1815 au domaine de Poulangis. Miot de Mélito apprendra la nouvelle du décès de son gendre et la grave blessure de son fils le 23 juin.


► Reproduction publiée avec l’aimable autorisation du Musée de Wellington. Pour en savoir plus sur ce tableau et sur la mort du général Jamin, voir le site du musée de Wellington.
Son second aide de camp, le capitaine Valéry de Siriaque (cousin de son beau-frère) déclare, le 30 juin 1815 : « Le général, major des grenadiers à cheval de l’ex-Garde impériale, chargeant à la tête du régiment à la bataille de Waterloo le 18 juin 1815 est tombé à mes côtés entre les pièces d’artillerie anglaise, qui se trouvaient déjà abandonnées. Le coup qui l’a jeté en bas de son cheval est parti d’un carré d’infanterie anglaise qui se trouvait à notre droite et dont nous étions alors à 20 pas. Je suis resté prés de son corps un quart d’heure environ durant lequel il n’a pas donné signe de vie et ne l’ai quitté qu’au moment où les canonniers ennemis reprenaient leurs pièces, le régiment ayant été obligé de se replier. »
Dominique Larrey, dans ses Mémoires et Campagnes 1786-1811, donne une version très différente : « Le général baron JAMIN fut l’un des derniers guerriers pour lesquels je fus appelé à donner mes soins à la désastreuse bataille de Waterloo ; mais, ils furent inutiles. Lorsque je lui portais mes secours, il venait d’expirer par l’effet d’une contusion violente à la poitrine, imprimée par le choc d’un boulet de gros calibre ».
Décorations
– Chevalier de la Légion d’Honneur le 26 prairial an XII,
– Commandeur de l’ordre des Deux-Siciles le 26 juillet 1806,
– Chevalier de l’ordre royal d’Espagne le 25 octobre 1809,
– Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis le 27 décembre 1814,
– Officier de la Légion d’Honneur le 14 février 1815.
Son nom A. JAMIN est inscrit sur l’Arc de Triomphe – pilier nord – 9ème colonne et figure en lettres d’or sur les tables de bronze du musée national du Château de Versailles.
Il est souvent confondu avec Jean-Baptiste JAMIN, général de division d’infanterie (1772-1848) dont le nom est également inscrit sur la même 9ème colonne du pilier nord sous J.B JAMIN.
Dominique Bouyer (juillet 2025), ancien officier supérieur spécialisé de la Marine.
Sources
– Service Historique de la Défense, dossier 8 Yd 1630
– Archives municipales de Louvigné-du-Désert
– Fastes de la légion d’honneur, tome V, 1847
– Dictionnaire biographique des généraux et amiraux de la révolution et de l’empire, Georges Six, tome I, 1934
– Essai historique sur Jean-Baptiste Jamin, Michel Cointat, ministre, député-maire de Fougères
Notes
[1] 1773 est souvent indiquée comme année de naissance dans certains documents officiels et informations sur internet. Les certificats joints (principalement l’extrait de naissance) en soutenance de la requête pour obtenir une sous-lieutenance ont été volontairement falsifiés. La consultation du registre des baptêmes de sa paroisse pour 1775 élimine toute ambiguïté.
[2] Gentilé adopté par le conseil général d’Ille et Vilaine en juin 2013.
[3] Mémoires du comte Miot de Mélito, 1858.