JEAN, archiduc, (1782-1849)

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JEAN, archiduc, (1782-1849)

C’était le 9e fils du grand-duc Pierre-Léopold de Toscane (futur empereur Léopold II) et de Maria-Ludovica de Bourbon. Il naquit le 20 janvier 1782 à Florence et ne vint à Vienne qu’en 1790, quand son père succéda à Joseph II. En 1792, à 10 ans, il se retrouva orphelin et son frère aîné, l’empereur François II, confia son éducation au général von Hager, qui lui imposa une rigueur toute spartiate; en 1795, l’archiduc était promu colonel de dragons et en 1800 son frère lui confiait le commandement nominal de l’armée de Bavière, qui se fit battre à Hohenlinden le 3 décembre. Très populaire parmi les soldats, il résista devant Salzbourg avant de repasser le commandement à son frère l’archiduc Charles, qui le nomma, après la paix de Lunéville, directeur général du Génie et des Fortifications.

Ce poste lui donna l’occasion de voyager dans les provinces alpines et de faire la connaissance du baron de Hormayr. Il se lia également avec Frédéric von Gentz, qui venait d’être nommé conseiller aulique (Hofrath) : il préconisait une alliance avec la Prusse et la reprise des hostilités avec la France. Avec l’archiduc Charles, président du conseil de la Guerre (l’équivalent d’un ministre de la Guerre), tous ces gens représentaient le parti belliciste, résolument hostile à Bonaparte, à la Révolution, à ses conquêtes et à son idéologie. Ils entrèrent d’ailleurs en conflit avec le comte Louis Cobenzl, chef de la diplomatie autrichienne, qui pratiquait une politique de temporisation. Celui-ci finit par obtenir l’éloignement des archiducs de Vienne, l’archiduc Jean étant relégué à Innsbruck.

Lorsqu’éclata la guerre en 1805, l’archiduc Jean se vit confier le commandement de l’armée territoriale (Landwehr) du Tyrol, qu’il avait contribué à organiser. Laissé sans instructions, il ne put défendre les cols après la capitulation  de Mack à Ulm ; Ney occupa Innsbruck et l’archiduc se replia sur la Carniole, où il rejoignit son frère Charles et l’armée d’Italie ; les archiducs se préparaient à marcher sur Vienne lorsqu’ils apprirent la nouvelle de la défaite d’Austerlitz, qui ruinait les espoirs du parti belliciste.
Après la paix de Presbourg, l’archiduc Jean se réinstalla à Vienne, où il mena une vie studieuse, combinant, comme son ami Hormayr, la réflexion et l’action. Il correspondit avec les Tyroliens qui supportaient mal l’administration bavaroise (le Tyrol a été cédé à la Bavière par l’article viii du traité de Presbourg) et il encouragea discrètement la préparation d’une insurrection pro-Habsbourg. Il s’intéressa également à la Styrie et dans le Mémoire de 1806, destiné au conseil de la Guerre, il tire la leçon de la campagne de 1805. Bref, comme l’archiduc Charles, il prépara la revanche contre Napoléon. Mais les deux archiducs étaient plutôt mal vus de leur aîné, l’empereur François, plus patient et plus conservateur. L’archiduc Jean souhaitait  en effet  créer un sentiment national autrichien, alors que l’empereur ne demandait à ses sujets que la fidélité à sa personne et à la Maison d’Autriche.

La campagne de 1809 représenta le sommet de la carrière militaire de l’archiduc Jean. Son frère lui avait confié les 80 000 hommes de l’armée du Sud, chargée de combattre Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie. Parti de Villach le 7 avril 1809, l’archiduc libéra le Tyrol, où s’installa Hormayr, et marcha sur l’Italie. Il remporta la victoire de Sacile et les Français battaient déjà en retraite lorsque l’annonce de la défaite de son frère à Eckmühl bouleversa ses plans : il dut ramener rapidement son armée en Autriche pour prêter main forte à l’armée du Nord. Le 18 mai il était à Klagenfurt, en Carinthie, où il reçut l’ordre de marcher sur la Hongrie ; il y rejoignit les troupes récemment mobilisées et prit position à Presbourg. L’archiduc arriva trop tard avec un corps de 12 000 hommes, à la bataille de Wagram, mais il est peu vraisemblable qu’il aurait pu changer le cours des événements. Il se retira à Komorn et ne put faire triompher son point de vue : continuer la guerre en Hongrie.
L’archiduc Jean, décoré de la grand-croix de l’ordre de Marie-Thérèse, vécut désormais à l’écart des affaires et mena la vie d’un intellectuel. Doté d’une solide culture et d’un don d’observation, il se passionna pour les sciences de la nature. Mais c’était aussi un libéral convaincu et il était très populaire dans les provinces alpines. Après 1815, il quitta Vienne, voyagea en France et en Grande-Bretagne, puis s’installa en Styrie; en 1828, il obtint l’autorisation d’épouser la fille d’un simple aubergiste.
Sa position contraste tant avec celle des autres Habsbourg qu’il est élu en 1848 administrateur d’Empire par le parlement de Francfort — en fait président provisoire du nouvel État allemand issu de la révolution libérale et nationale. L’archiduc Jean a donc été toute sa vie un adversaire de Metternich.

Source
Dictionnaire Napoléon, éditions Fayard, 1999, notice :  Jean Bérenger
Avec l’aimable autorisation des éditions Fayard

Mise à jour : décembre 2024

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