LASALLE (1775-1809) Charles comte de – Général français

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Né à Metz le 10 mai 1775. Son père commissaire ordonnateur, était d'une famille de petite noblesse originaire de Castelnaudary. Sa mère née Dupuy de La Garde, était terrible et les mauvaises langues attribuaient la paternité de Charles au marquis de Conflant. En 1786, Charles devient sous-lieutenant de remplacement ; en 1791, il est sous-lieutenant au 24e de cavalerie. En 1792, il démissionne et se trouve à Paris où il s'engage comme volontaire dans la section des Piques. De là il sera dirigé vers l'armée du Nord et dans le 23e régiment de chasseurs à cheval où sa formation lui permet d'obtenir les galons de maréchale des logis en 1794. Protégé de Kellermann, il devient lieutenant et aide de camp de ce général chevronné, également grand archiviste du Grand-Orient de France. Lasalle sera lui-même un franc-maçon distingué, connu pour ses pièces en vers et ses chansons (comme Faucher). Il suit Kellermann à l'armée des Alpes, puis suivra les fils de Kellermann, alors adjudant-général, comme capitaine adjoint à l'armée d'Italie, celle de Bonaparte. Il va se distinguer une première fois en montant un commando qui remonte derrière les lignes autrichiennes jusqu'à Vicence où il retrouve l'élue de son coeur du moment, et des renseignements précieux. Echappant par miracle aux cavaliers qui le poursuivent, il débarque comme un fou à Vérone où Bonaparte passe une revue. Lasalle lui confie ses renseignements qui doivent être surprenants, car il est aussitôt nommé chef d'escadron.
 
Il se distingue aussi à Rivoli en dégageant le plateau, à un moment critique, à la tête de quelques cavaliers. Apercevant les drapeaux ennemis entassés après la victoire, Bonaparte le récompense en lui disant : « couche-toi dessus, tu l'as bien mérité » Napoléon dira plus tard : «  C'est Masséna, Joubert, Lasalle et moi qui avons gagné la bataille de Rivoli. »
 
Il ira ensuite à Rome, au milieu des troubles divers. C'est là qu'il va rencontrer Joséphine d'Aiguillon, épouse de Léopold Berthier. Ce sera un amour durable dans une vie dissipée, puisque, divorcée, elle deviendra sa femme.
 
1798, c'est l'Egypte et ses aventures. Héros de la bataille des pyramides, Lasalle est nommé chef de brigade, commandant les 22e chasseurs. A la Salalieh, il se bat comme un démon, puis suit l'odyssée de la division Desaix dans sa remontée de la vallée du Nil. Lasalle s'illustre et arrive à Assouan, puis revient cantonner à Siout, avant de regagner la France. Il reçoit comme récompense un sabre et deux pistolets d'honneur, et sa réputation de cavalier hors du commun est déjà établie. C'est à cette époque qu'il affirme « Tout hussard qui n'est pas mort à 30 ans est un jean-foutre.
 
Colonel du 10e hussards, il fonde la « société des Altérés » et fait de multiples frasques. En février 1805, il est nommé général de brigade et commandeur de la Légion d'honneur. A Ulm, il commande les dragons, mais revient bientôt aux hussards car l'Empereur lui confie une brigade unissant le 5e et 7e hussards. Cette brigade deviendra célèbre et sera baptisée « la brigade infernale ». C'est en 1806 qu'elle méritera ce nom au cours de la poursuite de l'armée prussienne en déroute après Iéna. A Zehdenik, ils enfoncent les dragons de la Reine, élite de la cavalerie prussienne, et prennent leur étendard. A Prenzlow, ils sont à la pointe du combat, et Lasalle et ses cinq cents hommes s'emparent seuls de la place forte de Stettin par un fantastique coup de bluff. Ils iront jusqu'à Lübeck, forçant le terrible Blücher à se rendre. Ils combattent ensuite en Pologne, mais à Golymin, ils renâclent dans la boue ; Lasalle les force alors à supporter le feu des Russes sans bouger une heure durant. Il reste devant eux pendant cette punition célèbre.
 
Nommé général de division, Lasalle réorganise la cavalerie légère à Elbing, après Eylau, en attendant l'offensive prochaine. C'est la bataille confuse d'Heilsberg, au cours de laquelle il sauve Murat, lequel lui rendra le même service quelques instants plus tard dans cette furieuse mêlée de cavalerie. Comte de l'Empire, chevalier de la couronne de Fer, avec de nombreuses dotations, Lasalle a alors dépassé le fameux cap des trente ans, et pourtant il a fait tout ce qu'il pouvait pour réaliser son programme !
 
1808, c'est l'erreur espagnole qui commence ; Lasalle est là dès le début. Les fautes conduisent au Dos de Mayo, à la révolte de Madrid et au soulèvement général. Avec peu de force il faut tenir. Lasalle est le héros de la bataille de Medina de Rio Seco, le 14 juillet 1808. Cette victoire spectaculaire est annulée par le désastre de Baylen où Dupont capitule lamentablement. C'est la retraite. Napoléon doit venir lui-même avec ses « loups » remettre son frère sur le trône d'Espagne. Très vite les armées espagnoles son mise en déroute. Lasalle devient le héros de Burgos.  Napoléon est bientôt à Madrid. Puis il faut aller déloger les Anglais et les poursuivre jusqu'à la Corogne où Soult parachève la victoire. L'Empereur a été obligé de quitter l'Espagne devant la menace autrichienne.
 
Nommé grand officier de la Légion d'honneur, Lasalle combat pendant ce temps du côté du Tage et accompagne Victor en Andalousie. Son régiment d'avant-garde, le 10e chasseurs, tombe dans une embuscade et les blessés sont assassinés : on en comptera 62. Il y a là ce que les historiens anglais ont appelés le Bloody check. Cette dette du sang, les espagnols la paieront lourdement, bientôt, à la bataille de Medellin, qui sera sans pitié. Au moment voulut, Lasalle lance ses cavaliers déchaînés qui sabreront jusqu'à la nuit. La dette est payée. En Autriche, Napoléon a alors besoin de ses meilleurs généraux et le rappelle.
 
Dans une de ses nouvelles, le Puits et le Pendule, Edgar Poe évoque, « le général Lasalle, la terreur des espagnols, qui vient ouvrir les portes de la salle des tortures ; Lasalle, le franc-maçon contre les inquisiteurs … ». Le général était en effet vénérable de la loge de Saint-Jean du Contrat Social. D'Espagne il écrit à sa femme : «  Je t'aime comme la fumée du tabac et le désordre de la guerre.» Hussard, il l'est jusqu'au bout des ongles, avec ses bons et ses mauvais côtés.
 
Il arrive en Autriche juste avant la bataille d'Essling qui dure trois longues journées à compter du 20 mai 1809. Bataille de sacrifices constants, car la rupture des ponts du Danube bloque l'arrivée des renforts et Napoléon se heurte à des forces très supérieures, conduites par le très excellent général qu'est l'Archiduc Charles. Pour dégager le centre, Lasalle mène charge sur charge et, finalement, le repli peu se faire sans problème, mais que de pertes ! La plus tristement célèbre est celle du brave maréchal Lannes, l'un des plus brillant compagnons de l'Empereur.
 
Lasalle guerroie ensuite le long du Danube, vers Raab par où débouche le prince Eugène avec l'armée d'Italie.  Pendant ce temps, dans l'île Lobau, la revanche s'organise, les troupes se massent avant le grand choc décisif. Le 4 juillet au soir, veille de la première journée de ce qui sera la bataille de Wagram, Lasalle trouve dans sa cantine sa pipe préférée brisée : mauvais présage ! Le 5 juillet, le déploiement est plutôt raté, mais le lendemain,6, c'est le grand jour. Lasalle opère avec Masséna à l'aile gauche que Napoléon laisse refouler par les masses ennemies qui croient tenir la victoire. Mais la victoire se joue ailleurs. Masséna a parfaitement rempli son rôle et les cavaliers légers de Lasalle ont réalisé l'impossible. Ils sont exténués lorsque vient l'heure de la poursuite des Autrichiens en retraite. Lasalle, privé de hussard, voit des cuirassiers en réserve qui n'ont pas donné : il se met à leur tête et lance sa dernière charge. Un grenadier hongrois attardé se retourne et ajuste ce cavalier qui vient droit sur lui. Il le tue d'une balle en plein front. Le héros est mort à l'apogée de cet Empire qu'il a si bien contribué à construire. On peut citer en épitaphe cette sorte de devise qu'il a écrite dans une lettre à sa femme :

Mon coeur est pour toi
Mon sang à l'Empereur
Et ma vie à l'honneur
 

François-Guy Hourtoulle
Extrait du Dictionnaire Napoléon,
Reproduit avec l'aimable autorisation des éditions Fayard

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