LEBRUN (Charles François, 1739-1824), troisième consul et architrésorier de l’Empire

Partager

Lors de la constitution définitive du Consulat, il fut décidé que Sieyès et Ducos devaient céder leurs places. Deux personnalités les remplacèrent : Cambacérès et Lebrun. Le second, déjà sexagénaire, était le candidat idéal pour incarner la droite modérée dans l’exécutif du nouveau régime, tandis que Cambacérès devait y représenter la gauche.

LEBRUN (Charles François, 1739-1824), troisième consul et architrésorier de l’Empire
Charles-François Lebrun (1739-1824), duc de Plaisance
d'après Robert Lefèvre 1807 © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) Gérard Blot

Le secrétaire de Maupéou.

Né à Saint-Sauveur-Landelin, dans la Manche, le 19 mars 1739, Lebrun était issu d’une famille d’origine bretonne qui avait fait souche en Normandie. Fils d’un magistrat, il fit ses études dans sa région puis à Paris, au collège des Grassins et chez le professeur de droit Lorry. C’est sur la recommandation de celui-ci, qu’il entra au service de Maupéou, premier président du parlement de Paris. Il le suivit au gouvernement, lorsque son maître fut nommé chancelier, soit, en gros, ministre de la Justice. Lebrun en fut le principal conseiller, si bien qu’on a pu dire à l’époque : « Que serait Maupéou sans Lebrun ? ». Notre homme participa donc, au premier chef, à la tentative de réforme des parlements soutenue par le roi, de 1771 à 1774. On sait ce que la réussite de cette oeuvre aurait pu apporter à la réorganisation et à la modernisation du royaume de France. Elle engendra de terribles luttes. La disgrâce finale de Maupéou et l’abandon de la réforme entraînèrent aussi la chute de Lebrun.
A la mort de Louis XV, le futur consul fut exilé sur ses terres, à proximité de Dourdan. On l’oublia tant qu’il fallut attendre 1789 pour que le gouvernement fasse à nouveau appel à lui (en raison notamment de son amitié pour Necker) pour de simples consultations.

Un révolutionnaire modéré. 

Lebrun fut élu député du tiers du bailliage de Dourdan aux Etats Généraux, adhéra aux premiers coups de force de son ordre et fut membre du comité des contributions de la Constituante (au sein duquel il se lia à de nombreux modérés qui allaient plus tard constituer son réseau). Il fut le rapporteur, et souvent le rédacteur, des grands projets qui furent alors votés. A la dissolution de l’assemblée, il fut nommé président du directoire du département de la Seine-et-Oise, à la fois rigoureux et prudent. Après le 10 août 1792, adversaire de la suspension du roi, il se retira à Dourdan. Arrêté puis relâché deux fois durant la Terreur, il se fit élire au conseil des Anciens, dès le début du Directoire. Là, il siégea avec la branche raisonnable du parti royaliste. Toujours considéré comme un spécialiste des affaires budgétaires et financières, il prit de plus en plus d’importance dans son assemblée, prêchant la réconciliation nationale et l’amnistie des émigrés, s’opposant sans succès aux proscriptions décidées après le coup d’État « anti-royaliste » de Fructidor.
Un tel homme n’accueillit pas défavorablement Brumaire. Il connaissait peu Bonaparte, ne l’ayant rencontré qu’une seule fois, avant son départ pour l’Égypte. S’il se trouva à Saint-Cloud, le 19 brumaire, Lebrun ne s’y fit pas remarquer. On releva sans doute avec satisfaction qu’il ne s’était pas opposé à la chute du Directoire et son nom commença à circuler dans les milieux gouvernementaux. Son ami Roederer appuya l’idée que l’on fasse appel à lui pour un ministère, lui-même rêvant de devenir consul. Lorsqu’il s’aperçut que son ambition serait déçue, il soutint Lebrun de toutes ses forces, tandis que Tronchet, Portalis, Cambacérès et Sieyès confirmaient leur accord à Bonaparte. Ce dernier se laissa-t-il convaincre par la description que Roederer fit de l’ancien secrétaire de Maupéou : « Il n’est entiché que d’une chose : un gouvernement fort (…). Quand une fois il s’est engagé dans un parti, il y est fidèle, et il n’existe pas un homme plus sûr (…). C’est un vieillard qu’on aimera à voir à vos côtés. Vous êtes jeune, on se plaira à voir un modérateur dans votre collègue » ? Ce qui est certain, c’est que Bonaparte se soucia peu du jugement de Talleyrand qui considérait Lebrun comme « un paysan en sabots condamné aux escarpins ». Le jugement du ministre des Relations extérieures est relayé par celui de madame de Chastenay qui rendit visite à Lebrun, en 1801 : « Je trouvai un homme âgé, d’un bel extérieur, d’un ton protecteur et paterne, mais auquel a toujours manqué, selon moi, je ne sais quelle dignité. Chez lui, dans le plus riche salon, dans ses manières, il m’a toujours paru quelque chose de sous-ordre et d’indéfinissable ».

Le troisième consul.

Le 21 frimaire an VIII (12 décembre 1799), la France avait une constitution. Restait à lui donner un exécutif. Les cinquante membres des commissions législatives provisoires, qui avaient travaillé à l’écriture du texte, élirent les trois nouveaux consuls. Chaque commissaire déposa un bulletin dans une urne. Le dépouillement allait commencer lorsque Bonaparte interrompit les opérations. Se tournant vers Sieyès, il proposa de confier à l’ancien directeur la désignation des consuls. Sieyès prit la parole et nomma : Bonaparte, Cambacérès et Lebrun. Les derniers députés du Directoire applaudirent à tout rompre. Les bulletins furent brûlés sans avoir été décomptés. Les journaux du 13 décembre 1799 purent écrire que la nouvelle constitution et la nomination des consuls avaient été adoptées par acclamations. Charles-François Lebrun devenait le troisième consul de la République française. Alors que Cambacérès se voyait déléguer de larges possibilités d’intervention dans les affaires administratives et judiciaires, Lebrun devint rapidement l’expert des questions financières auxquelles Bonaparte, de son propre aveu, ne comprenait pas grand chose.
Rien n’importait plus au troisième consul que l’efficacité. C’est lui qui conseilla de prendre Gaudin au ministère des Finances (il allait y rester quinze ans, un record) et, plus tard, Abrial à la Justice. Il fit sortir de l’ombre Dufresne qu’il plaça à la direction du Trésor public et Devaisnes, ordonnateur des comptes courants. Il poussa avec succès à l’élévation de Barbé-Marbois jusqu’au ministère du Trésor. Il poussa à la création de la caisse d’Amortissement et de la Banque de France, patronna la réorganisation des contributions directes et travailla au redressement de la monnaie, sans oublier qu’il participait à tous les conseils et fut donc un des acteurs-clé des réformes Consulat. Il n’y eut pas une décision financière ou économique de quelqu’importance qui fut prise sans que le troisième consul donne son avis. Les travaux essentiels de Guy Thuillier sur la création du franc germinal le montrent abondamment : avant de décider dans ces matières techniques, Bonaparte exigeait un conseil, voire une approbation de Lebrun.

Contrairement à Cambacérès, le troisième consul accepta de s’installer aux Tuileries, non loin de Bonaparte, mais dans des appartements secondaires tandis que Napoléon et Joséphine occupaient les appartements royaux. Cambacérès avait tenté de l’en dissuader : « C’est une faute d’aller nous loger aux Tuileries; cela ne nous convient point à nous, et, pour moi, je n’irai pas. Le général Bonaparte voudra bientôt y loger seul; il faudra alors en sortir. Mieux vaut n’y pas entrer ». C’est exactement ce qui allait se passer, après l’élévation du Premier consul au Consulat à vie. Mais, en dépit de cette tentative de se hisser -par son habitation officielle- au niveau du nouveau maître, Lebrun comprit, comme son collègue, qu’il ne servirait à rien de s’opposer à Bonaparte et qu’au contraire, on aurait plus de chance de l’influencer en se ralliant franchement à lui. Il y eut bien entre les deux hommes quelques « moments chauds ». Ainsi, un jour que Lebrun s’opposait à Bonaparte au conseil des ministres, le Premier consul le rabroua et déclara à son intention « qu’on ne (pouvait) rien attendre d’une ganache » de son âge. Le troisième consul répliqua : « Oui, c’est ce que disent les enfants ». Malgré ce type d’événement (souvent inévitables, avec Bonaparte), Lebrun, qui était au fond un homme facile à vivre, mit sans réserve toutes ses compétences à la disposition du nouveau régime. Il lui rallia nombre de nobles de l’Ancien Régime qui fréquentaient son salon.
Etalant ses richesses avec moins d’ostentation que Cambacérès, Lebrun était au fond un homme discret et honnête, même si Bonaparte le jugeait « insatiable aux honneurs ». A Sainte-Hélène, il allait le décrire comme « sage, modéré, capable (…), froid, sévère ». Il le qualifia même de « tuteur fort précieux », pensant aux leçons d’économie politique et de finances publiques que Lebrun lui dispensa sous le Consulat. Le jugement de Chaptal sur le personnage -« il n’a ni servi, ni contrarié, ni éclairé »- apparaît dès lors très injuste.

L’architrésorier.

A la proclamation de l’Empire, Lebrun devint architrésorier, au quatrième rang des grands officiers, derrière le grand électeur (Joseph Bonaparte), l’archichancelier de l’empire (Cambacérès) et l’archichancelier d’État (Eugène de Beauharnais). Son rôle était de suivre les travaux des ministères financiers et d’arbitrer les grandes affaires d’économie politique. La comptabilité nationale (qu’il avait contribué à créer) et les différentes caisses lui devaient des compte-rendus périodiques. Il présidait diverses instances, participait aux conseils. Mais le bon temps du Consulat était passé.
A présent âgé de 65 ans, Lebrun aspirait se contentait de sa situation. Il profitait de tous ses moments libres (qui étaient désormais nombreux, tant l’administration quotidienne lui échappait) pour vivre en famille, presque modestement nous assure son fils dans la notice biographique qu’il lui a consacré, en tout cas autant qu’il était possible pour un dignitaire couvert d’honneurs et richement doté. Il s’était marié en 1773, avec une demoiselle Anne Delagoutte qui lui avait donné cinq enfants : Charles-François (né en 1775), Louis-Alexandre (1780), Sophie-Eugénie (1787), Auguste-Charles (1789) et une autre fille dont les généalogistes ont perdu la trace. Lebrun avait en outre adopté un petit-neveu, Louis-Armand-Joseph-Jules du Maillé de la Tour-Landry. Son fils aîné était colonel de hussards, aide de camp de l’Empereur et allait être nommé général en 1807. Ses puinés servaient eux aussi dans la Grande Armée et atteindraient respectivement les grades de colonel et de chef d’escadron. Lebrun ne serait jamais oublié par l’Empereur : promotions dans la Légion d’Honneur, titre constitutionnel de prince-architrésorier avec la constitution de l’an XII et duché de Plaisance (1807). Ses fils Charles-François (comte en 1810) et Alexandre-Louis (baron en 1810) allaient être eux aussi anoblis. Enfin, on signalera que le frère aîné de l’architrésorier, Jean-Baptiste, était sénateur depuis 1803 et allait être fait comte en 1810.

En 1805, alors que Napoléon séjournait à Milan pour son couronnement italien, une délégation génoise vint le trouver et demanda la réunion de l’anciennne république à l’Empire. L’opération avait été suscitée par les administrateurs français (présents depuis plusieurs années) et leurs alliés locaux. L’Empereur accéda au désir de ses visiteurs et demanda à Lebrun de se charger de l’organisation des nouveaux départements qui tombaient dans son escarcelle. En même temps qu’elle démontrait ce que la dignité d’architrésorier pouvait avoir d’honorifique (car on pouvait se passer de ses services pendant plusieurs mois), la décision confirmait l’estime dans laquelle était tenue l’ancien consul. L’affaire était délicate sur le plan politique, car certains Génois regrettaient la perte de leur « indépendance » (toute relative, on doit le préciser) et administratif (car il fallait implanter les formes françaises dans cette partie de l’Italie).

Le 20 juin 1805, Lebrun était à pied d’oeuvre. Son travail donna toute satisfaction. Aucun rejet de l’annexion ne se fit sentir en Ligurie. L’administration fut promptement installée et les réformes fiscales appliquées sans délai. L’instruction publique, le commerce, les arts et… la conscription furent très vite mis au diapason du reste de l’Empire. Lebrun n’hésita pas à s’opposer aux ministres qui, de Paris, tentaient de passer par-dessus sa tête. Et lorsque des émotions anti-françaises éclatèrent à Parme ou Guastalla, menaçant son propre travail dans les départements voisins, il étonna ceux qui ne le connaissaient pas homme d’action en envoyant des troupes, en faisant arrêter les meneurs et rétablissant l’ordre sans faiblir. Un peu froissé par tant d’esprit de décision, Napoléon lui envoya Junot pour prendre la direction des opérations militaires. Quoiqu’il en soit, alors qu’il souhaitait rentrer à Paris, estimant sa tâche achevée, Lebrun fut prolongé dans ses fonctions avec le titre de gouverneur général. Il ne fut de retour dans la capitale qu’en juin 1806, reprenant sa place et ses fonctions.

Pendant trois ans, l’architrésorier goûta à nouveau au cours fort calme de ses activités. Tout au plus doit-on signaler la part qu’il prit à l’organisation et à l’installation de la cour des Comptes (1807), obtenant la fin de la disgrâce de Barbé-Marbois (limogé après l’affaire des négociants Réunis, en 1806), pour prendre la présidence de ce nouveau tribunal des Finances publiques.
Lebrun n’hésita pas à montrer sa mauvaise humeur en deux occasions. Il s’opposa à la suppression du Tribunat, rappelant ainsi que, dès le début de la Révolution, il s’était prononcé pour le bicaméralisme. L’année suivante, bien que lui-même titré sur les grands fiefs italiens, il tenta d’argumenter contre l’instauration de la noblesse d’Empire. « Ceux qui l’ont connu dans son intimité, savent les craintes qu’il concevait pour la France du système suivi par l’Empereur, système dont cependant il était en quelque sorte impossible qu’il s’écartât, une fois qu’il l’avait embrassé » a justifié plus tard son fils.

La mission en Hollande.

Le 8 juillet 1810, Lebrun reçut un billet de Napoléon : « J’ai besoin de vos services en Hollande. Faites préparer vos équipages de voyage (…). Il est indispensable que vous partiez de Paris demain soir pour vous rendre à Amsterdam ». A 71 ans, l’architrésorier était rappelé au service. L’Empereur avait décidé de priver son frère Louis de son trône batave et d’annexer purement et simplement son royaume. Comme à Gênes, cinq ans plus tôt, il avait besoin d’un homme prestigieux, capable et expérimenté pour parvenir à intégrer les nouveaux territoires dans l’Empire.
Le nouveau gouverneur général de la Hollande arriva dans l’ancienne capitale de Louis le 14 juillet, accompagné du maréchal Oudinot. Il découvrit un État dont le départ du roi avait achevé la désorganisation et entreprit de remplir sa mission avec courage : il ne fallait pas en manquer, tant l’échec de l’administration précédente était patent. Tout était à (re-)faire. L’esprit public était déplorable et la mainmise française contestée. L’ordre public chancelait. Les ports hollandais étaient peu étanches à l’entrée des marchandises anglaises. L’armée franco-hollandaise se croyait au-dessus des lois. Les finances étaient à sec et leur organisation délabrée.
En huit mois, Lebrun n’eut certes pas le temps de tout remettre en ordre. Il posa cependant les fondation d’une oeuvre que des fonctionnaires venus de Paris allaient parachever. L’architrésorier, dégagé de ses fonctions sur place dès janvier 1811, allait continuer à suivre de très près les affaires hollandaises avant de revenir à Amsterdam deux ans plus tard, en novembre 1813, pour mater une révolte anti-française qui s’y était développée. Il était devenu, dans l’esprit de Napoléon, le spécialiste des affaires bataves. Il le resta un peu aussi pour les historiens, puisque seule son action à Amsterdam a, à ce jour, fait l’objet d’une publication approfondie. Elle le mérite car même les historiens hollandais saluent le travail de l’architrésorier.

La retraite et l’oubli.

La carrière de Lebrun s’acheva sans sursauts. De retour d’Amsterdam au moment de la campagne de France, il ne participa à aucune des réunions qui aboutirent à la déchéance de Napoléon. On ne le vit ni au Sénat, ni au Corps législatif, ni dans le salon de Talleyrand. Il ne désapprouva pas, cependant, le retour des Bourbons, fournissant au comte d’Artois des rapports sur la situation financière. Il fut nommé Pair de France par Louis XVIII. Aux Cent-Jours, il accepta le poste de grand-maître de l’Université, ce qui ne lui fut pas pardonné après Waterloo. Il fut rayé de la liste des Pairs jusqu’en 1819. Il accepta par la suite de siéger à la société royale des prisons.
Le vieil homme n’avait de toute façon plus la volonté de jouer un rôle. Il se retira sur sa terre de Saint-Mesme, près de Dourdan, reprenant l’étude des grands classiques qui l’avait tant passionné avant la Révolution. Il reprit ses traductions, apparut de temps à autre à l’Institut dont il était membre. Mais on ne parla plus de Lebrun. Il mourut le 14 juin 1824, à l’âge de 85 ans.
Lebrun a été un peu oublié, notamment dans les études sur le Consulat dont il fut pourtant un des triumvirs. Son retour dans les études napoléoniennes se fait lentement, au gré des avancées de la recherche sur les matières financières. Nul ne peut plus ignorer le travail de cet homme qui n’eut pour principale malchance que d’être né trop tôt, bien plus tôt que les autres acteurs de l’épisode napoléonien. A l’heure où l’Empire était proclamé, il avait déjà presque terminé sa carrière et, disons-le, son oeuvre : l’organisation des finances, de la fiscalité et de la monnaie était achevée. Il n’y avait pas peu prêté son concours. Mais les compétences de l’architrésorier étaient trop utiles pour que Napoléon le laisse se morfondre dans les honneurs et goûter aux joies de la famille retrouvée. Les deux grandes missions qu’il lui confia (Gênes et Hollande) le remirent un peu dans l’actualité, ce qui était insuffisant pour la postérité.

Pourtant, avec tant d’autres dignitaires civils, Lebrun mériterait plus d’attention. Il plonge les racines de ses projets, de son savoir et de sa compétence dans ce que l’Ancien Régime avait de dynamisme réformateur, malencontreusement mis sous l’éteignoir par le règne de Louis XVI. Il illustre l’arrivée au pouvoir des hommes de la modération, ces « royalistes sans roi » qui aidèrent tant à asseoir le régime consulaire parce qu’il correspondait à leurs goûts politique et, sans doute, aux attentes de la population. Peu importait ensuite que le monarque soit un Bourbon, un Orléans ou un Bonaparte. Que ces hommes aient ensuite adhéré à la nouvelle dynastie et en aient profité n’enlève rien à cette indifférence de principe… qui s’exprima d’ailleurs à nouveau avec la Restauration. En ce sens, le Grand Dictionnaire Encyclopédique du XIXè siècle fournit la conclusion de cette brève biographie de Lebrun : « Il est un des hommes de la Révolution dont l’élévation a été la plus surprenante, car elle ne fut l’_uvre ni de l’ambition, ni de l’intrigue. Comblé de faveurs (…), il sut toujours garder son indépendance et son franc-parler. C’était l’homme de la modération ».

Thierry Lentz
Janvier 2003

Bibliographie

– V. Chrétienne, Charles-François Le Brun (1739-1824), thèse de doctorat non publiée.
– Duc de la Force, L’architrésorier Lebrun. Gouverneur de Hollande. 1810-1813, Paris, Émile-Paul Frères, 1923.
–  Opinions, rapports et choix d’écrits politiques de Charles-François Lebrun, duc de Plaisance, recueillis et mis en ordre par son fils aîné, Paris, Bossange, 1829. 

Partager