LESSEPS, Ferdinand de, (1805-1894) ingénieur

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LESSEPS, Ferdinand de, (1805-1894) ingénieur
Ferdinand de Lesseps (Archives Nationales)

Créateur du canal de Suez. Né à Versailles, issu d’une famille anoblie en 1777, il est le fils de Mathieu de Lesseps, consul de France, et le neveu de Barthélemy de Lesseps, un des membres de l’expédition de La Pérouse devenu consul général de France à Saint-Pétersbourg sous le Premier Empire.

Ferdinand, après avoir fait des études au collège Henri-IV puis en faculté de droit entre à son tour dans la carrière diplomatique. Il est vice-consul à Alexandrie en 1832 et consul au Caire l'année suivante.

Durant ce premier séjour en Égypte, la lecture de la Description de l'Égypte, due à l'ingénieur Le Père, qui avait accompagné Bonaparte lors de son expédition dans ce pays, et la connaissance de projets échafaudés par les saint-simoniens, inspirent à Ferdinand de Lesseps le projet d'un canal qui relierait la Méditerranée à la mer Rouge. Mais il devient ensuite consul à Rotterdam, puis à Barcelone.

Là, la protection qu’il assure aux civils lors de l’insurrection de 1842, lui vaut le cordon d’officier de la Légion d’honneur.

Ferdinand de Lesseps (Association du Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez)En 1848, Lesseps est nommé par Lamartine ministre de France à Madrid. L'année suivante, il est envoyé à Rome pour négocier un accord entre les chefs de la République romaine et les troupes françaises du général Oudinot. Mais la Législative demande l'écrasement de la République romaine : Lesseps est désavoué et rappelé brutalement, sa carrière diplomatique apparaît brisée. Il vit en quasi-retraite pendant près de cinq années dans l'Indre.
 
En 1854, apprenant l'avènement comme vice-roi d'Égypte de Mohammed Said, son ami de longue date, il accourt au Caire et obtient du nouveau souverain « le pouvoir de constituer et de diriger une compagnie universelle pour le percement de l'isthme de Suez et l'exploitation d'un canal entre les deux mers ».
 
Cela sous réserve de l'accord du sultan de Constantinople dont dépend l'Égypte. Le projet est approuvé par une Commission scientifique internationale à laquelle il a été soumis, et les explorations préparatoires commencent aussitôt. Mais ce projet se heurte à de graves difficultés surtout d'ordre diplomatique.
 
D'abord à Constantinople, où Lesseps tente vainement d'obtenir l'accord du gouvernement ottoman en 1855, sans doute en raison de l'attitude des Anglais qui craignent de voir les Français menacer la route des Indes. Lesseps part ensuite pour l'Angleterre et, faute de pouvoir fléchir le Premier ministre Palmerston, il entreprend de convaincre l'opinion et les chambres de commerce. En 1858, une émission publique lui permet de réunir, sans le secours des grandes banques, une centaine de millions de francs, apportés par 20 000 épargnants, essentiellement français : il crée ainsi réellement la Compagnie universelle du canal maritime de Suez…

Alors que sont entrepris les travaux de creusement du canal, la polémique se poursuit.

Ecole française XIXe siècle, Ferdinand de Lesseps vice consul de France à Alexandrie en 1835Les journaux britanniques dénoncent la corvée qui fournit la main-d'oeuvre nécessaire. En 1863 Said meurt et est remplacé par Ismaïl qui l'année suivante ordonne de stopper les travaux. Malgré l'Angleterre, le gouvernement ottoman, le vice-roi, et la Compagnie du canal font appel à l'arbitrage de Napoléon III, pour régler leurs différends. Morny est hostile à Lesseps mais celui-ci peut compter sur l'appui de l'impératrice Eugénie, qui est sa cousine issue de germain.
 
La sentence rendue par l'Empereur le 6 juillet 1864 permet de sauvegarder l'avenir de la Compagnie. La suppression du travail forcé est compensée par l'appel à des travailleurs européens et surtout l'emploi d'un matériel moderne pour creuser le canal, et de nouvelles émissions de titres permettent la poursuite des travaux, un moment ralentis par une épidémie de choléra. Finalement, le sultan de Constantinople accorde le firman autorisant l'entreprise en 1865 et, l'année suivante, la Grande-Bretagne accepte d'enregistrer officiellement son existence.
 
Les travaux aboutissent en 1869. Les eaux de la Méditerranée et de la mer Rouge se réunissent le 15 août, et le 17 novembre se déroulent les cérémonies grandioses de l'inauguration officielle du canal en présence de nombreux souverains. En tête de la flottille s'avance l'Aigle, arborant les couleurs de la France. A son bord, l'impératrice Eugénie accompagne Ferdinand de Lesseps, le président de la Compagnie du canal de Suez, qui savoure sa victoire. C'est bien grâce à son énergie et à son dynamisme, à ses qualités de négociateur qui a su trouver les appuis nécessaires pour surmonter toutes les hostilités, que cette grande oeuvre a pu être réalisée. Quand la guerre de 1870 éclate, Lesseps est à Londres, reçu par la reine Victoria.
 
Sous la IIIe République, il est devenu  » le Grand Français « ,  » l'homme le plus célèbre du monde « . Il s'intéresse aux explorations de l'Afrique, entre autres aux expéditions de Savorgnan de Brazza. En 1884, il est élu à l'Académie française. Il intervient activement pour assurer la réussite de la Compagnie du canal de Suez, lors du rachat par l'Angleterre des actions de la société possédées par Ismaïl en 1879 ou lors de la révolte d'Arabi Pacha en 1882, et arrive à conclure un accord entre la Compagnie et les armateurs britanniques sur les tarifs de passage par le canal. Mais en 1878, quand il obtient une concession du gouvernement colombien pour construire le canal de Panama, il se lance dans une nouvelle aventure à haut risque.
 
Les difficultés géographiques et financières ainsi que l'hostilité des États-Unis entraînent l'échec de l'entreprise, qui se termine par un grave scandale politico-financier (1888-1892). Ferdinand, condamné à cinq ans de prison en 1893, disparaît l'année suivante, dix ans avant l'ouverture du canal de Panama, sous l'égide des États-Unis.

Alain Plessis
 
Source : Dictionnaire du Second Empire, Paris : Editions Fayard, 1995
Avec l'aimable autorisation des Edtions Fayard

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