Il naît à Sully, en Saône-et-Loire, le 13 juin 1808, fils de Maurice-François de Mac Mahon, lieutenant général, et de Pélagie de Riquet de Caraman, cette dernière descendante de Pierre-Paul-Riquet, constructeur du canal du midi. Originaire d'Irlande où semble-t-il, elle appartenait à la noblesse, la famille Mac Mahon était arrivée en France après la chute des Stuarts. Dépourvu de fortune, Jean-Baptiste de Mac Mahon (Limerick, Irlande, 23 mai 1715 – Spa 15 octobre 1775), grand-père du maréchal, fit des études de médecine et, reçu docteur de l'université de Reims le 4 août 1740, s'établit à Autun en 1741. Grâce à son entregent et à un concours de circonstances favorables, il allait en peu d'années réaliser une réussite sociale assez exceptionnelle. Appelé au chevet d'un membre de la famille de Morey, de toute récente noblesse, mais disposant d'une fortune considérable, il soigne le malade avec tant de dévouement qu'il gagne l'affection de toute sa parenté, bien qu'il ne parvienne pas à arracher à la mort le patient, assez âgé. Bientôt, il épouse la jeune veuve du défunt, Charlotte Le Belin. Les beaux-frères de celle-ci lui restituent sa dot. N'ayant pas de postérité, ils font, au cours des années suivantes, d'importantes donations au ménage Mac Mahon et le dernier survivant leur lègue tout ce qu'il lui reste de biens. Ayant cessé d'exercer son art, Jean-Baptiste de Mac Mahon, dont la position est désormais considérable, bénéficie de lettres de naturalité en août 1749, est reconnu noble et maintenu dans sa noblesse d'ancienne extraction par arrêt du conseil d'État du roi le 3 juillet 1750, admis aux états de Bourgogne en 1757 et créé marquis d'Eguilly par lettres d'août 1763.
Un moment attiré par l'état ecclésiastique, le futur maréchal fait une partie de ses études secondaires au petit séminaire d'Autun. Il entre à l'École spéciale militaire en 1825. Sous-lieutenant, il est en 1827 élève de l'École d'application d'état-major. En 1830, il est détaché au 4e régiment de hussards, puis au 20e régiment d'infanterie de ligne. Le 12 mai, il s'embarque pour l'Algérie et se trouve à la prise d'Alger, officier d'ordonnance du général Michel-Jacques baron Achard le 19 octobre. Rentré en France l'année suivante, lieutenant le 20 avril, il appartient au 20e régiment d'infanterie de ligne, puis au 8e régiment de cuirassiers en qualité de lieutenant aide-major. En 1832, il fait partie du corps d'intervention en Belgique, nommé aide de camp du général Achard le 16 janvier. De retour en France, il est lieutenant aide-major au 1er régiment de cuirassiers le 15 mars 1833, puis, capitaine, le 20 décembre, détaché au même régiment, où il reste jusqu'en 1835, date à laquelle il est nommé aide de camp du général Antoine-Alexandre Julienne de Belair. Après un bref passage à l'état-major du camp de Compiègne, dans le courant de 1836, devenu le 18 octobre aide de camp du général Louis Bro, il est envoyé en Algérie, où il prend part en novembre à l'expédition infructueuse contre Constantine et, l'année suivante, au siège de cette ville, cette fois aide de camp du général Charles-Marie comte Denys de Damrémont, gouverneur général. On le trouve en 1838 à l'état-major de la 21e division militaire, à Perpignan, et en 1839 à l'état-major général du camp de Fontainebleau. Il termine l'année 1839 aide de camp du général Charles d'Houdetot. Au début de 1840, il repart en Algérie pour peu de temps, aide de camp du général Théodule Changarnier le 12 juillet. Ayant regagné la France, il est promu le 28 octobre chef d'escadron au corps royal d'état-major et, jusqu'en 1842, commande le 10e bataillon de chasseurs à pied. En 1841, il est de nouveau envoyé en Algérie, où cette fois, il demeurera quatorze ans. Lieutenant-colonel le 31 décembre 1842, il passe au 2e régiment de la Légion étrangère, dans lequel il sert jusqu'en 1845. Colonel le 24 avril 1845, il est à la tête du 41e régiment d'infanterie de ligne de cette date à 1847, année durant laquelle il commande le 9e de ligne. De 1848 à 1852, il assure le commandement de la subdivision de Themcen, promu général de brigade le 12 juin 1848. En 1850, s'ajoute à cette fonction le commandement par intérim de la division d'Oran, lequel devient provisoire en 1851. Le 17 mars 1852, il est nommé commandant de la division de Constantine, poste qu'il occupe jusqu'ne 1855. Général de division le 16 juillet 1852, parallèlement à ce dernier commandement, il est cette années-là, ainsi qu'en 1853, inspecteur général pour différents arrondissements d'infanterie et, en juin 1853, commande l'une des deux divisions d'infanterie lors de l'expédition de Petite Kabylie. En 1854, il assure une inspection encore.
Avec 1855, commence la grande période de la carrière de Mac Mahon. Rentré en France, il reçoit, le 13 avril, le commandement de la 1re division d'infanterie du 1er corps de l'armée du Nord. Mais, dès le 4 août, ile st mis à la tête de la 1re division d'infanterie de l'armée d'Orient et part pour la Crimée, où la France est en guerre avec la Russie. Il va y gagner la célébrité. Le 8 septembre, faisant montre d'une détermination et d'un mépris du danger extraordinaires, il s'empare de la tour de Malakoff, exploit qui entraînera la chute de la place de Sébastopol. Il demeure en Crimée jusqu'en 1856, à la tête du corps de réserve de l'armée d'Orient. Le 24 juillet, il entre au Sénat. L'année suivante, il est de retour en Algérie. Il y commande une division active d'infanterie, participe à la pacification de la Grande Kabylie et inspecte un arrondissement d'infanterie. Mac Mahon se trouve à Paris, lorsque, le 23 février 1858, la loi dite de sûreté générale est présentée au Sénat. Votée par le Corps législatif le 19, un mois après l'attentat d'Orsini, celle – ci, pratiquement, permet au pouvoir d'expulser du territoire français ou de déporter, sans jugement, tout opposant. Faisant preuve d'une belle indépendance, il est le seul sénateur à voter contre la loi. Le 31 août, le poste de gouverneur général ayant été supprimé pour quelques temps, à la suite de al création d'un ministère de l'Algérie et des colonies, il est nommé commandant supérieur des forces de terre et de mer employées en Algérie. Au printemps de 1859, la France apportant son appui à la lutte des Italiens pour leur unité, déclare la guerre à l'Autriche. Ayant reçu le 22 avril le commandement du 2e corps de l'armée d'Italie, Mac Mahon remporte le 4 juin la victoire de Magenta, qui ouvre la route de Milan. Le jour même, un décret le fait à la fois maréchal de France et duc de Magenta. Le 24 juin, il prend une part importante à la victoire de Solférino. Au mois d'août, il est nommé commandant supérieur du 2e corps d'armée à Lille, où il demeure jusqu'en 1862, commandant en chef du camp de Châlons en 1860 et 1861. En octobre 1862, il est envoyé à Nancy, en qualité de commandant supérieur du 3e corps d'armée, commandant en chef du camp de Châlons en 1864. Cette même année, l'Empereur le désigne pour le gouvernement général de l'Algérie. Il le restera jusqu'en 1870. Le maréchal accède à cette importante fonction à un moment crucial : après avoir réalisé une occupation militaire complète, la France doit, désormais, mettre en oeuvre une politique qui permettra d'organiser la conquête. Ce sera la préoccupation principale de Mac Mahon. En mai 1865, il reçoit la visite de l'Empereur, qui passe un peu plus d'un mois en Algérie. Le souverain parcourt attentivement le pays, prend des contacts nombreux et a de longs entretiens avec le maréchal. Le gouvernorat de celui-ci est marqué par un conflit assez vif avec le nouvel archevêque d'Alger, Mgr Lavigerie. Caractère entier, encore mal au courant des réalités de la colonie, le prélat avait pris des dispositions et tenu des propos à l'égard de l'Islam, en contradiction avec le souci traditionnel de la France de respecter la religion et les coutumes du pays. Tout bon catholique qu'il soit, le maréchal ne peut cautionner un comportement susceptible d provoquer de l'effervescence chez les indigènes et de remettre en cause une pacification si difficilement acquise.
En 1870, la guerre avec la Prusse ramène Mac Mahon en France. C'est un nouveau et très important tournant dans la carrière de celui-ci. Le 17 juillet, il reçoit le commandement du 1er corps de l'armée du Rhin. Le 4 août, son avant-garde est écrasée à Wissembourg et, le 6, il essuie la sanglante défaite de Froeschwiller. Contraint de battre en retraite sur Châlons, il prend le 18 le commandement de la nouvelle armée qui s'y constitue. Inclinant personnellement à un repli vers paris, afin de donner aux forces disséminées en province le temps de s'organiser, il entreprend sur la pression de l'impératrice-régente et du ministre de la Guerre, Cousin-Montauban comte de Palikac, un mouvement en direction du nord-est destiné à secourir Bazaine. Le 31 août, il se trouve encerclé dans la région de Sedan. Le lendemain, il est blessé grièvement à la cuisse. Cette circonstance lui épargne la pénible obligation d'apposer sa signature au bas de la capitalisation de Sedan. Transporté tout d'abord à Pouru-aux-bois, à proximité de la frontière belge, il est emmené en Allemagne dès la guérison de sa blessure et interné à Wiesbaden, jusqu'à la signature des préliminaires de paix, en mars 1871. Dès le mois de mai, Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif, lui confie le commandement de l'armée de Versailles qui, quelques semaines plus tard, reprend Paris à la Commune. L'intransigeance du comte de Chambord n'a pas permis, jusque-là, de restaurer le régime monarchique, auquel est acquise la majorité de l'assemblée nationale. Thiers, trop ouvertement favorable à la République, a perdu la confiance de cette majorité et il risque à tout moment un vote hostile. Les députés de droite se soucient de trouver un homme de transition, susceptible de recueillir une large adhésion. Les regards se portent sur le duc de Magenta, qui jouit d'un prestige considérable. Le 24 mai 1873, Thiers est mis en minorité et contraint à la démission. Aussitôt, l'assemblée désigne Mac Mahon pour le remplacer. N'éprouvant qu'éloignement pour la politique le maréchal, qui ignorait tout du « complot », refuse d'abord le pouvoir. Il finit par l'accepter, ses interlocuteurs ayant su faire appel à son sens du devoir. À la mi-novembre, le comte de Chambord arrive à Versailles, en grand secret, venant de sa retraite de Frohsdorf. Des émissaires transmettent au maréchal une invitation du prince : celui-ci souhaite que le chef de l'État lui fasse une visite discrète. L'idée du prétendant est d'obtenir du maréchal qu'il le proclame roi de France, ce que l'assemblée refuse de faire. Quoique légitimiste par tradition familiale, le duc de Magenta décline l'invitation : il estime que cette rencontre clandestine serait de sa part manquer à l'honneur, après la confiance que lui a faite l'assemblée et les assurances qu'il lui a données. Quelques jours plus tard, le 19 novembre, les députés accordent au maréchal un mandat de sept ans. Il portera désormais le titre de président de la République. En dépit des divisions de la droite, Mac Mahon, en raison de sa personnalité, exerce tout d'abord le pouvoir sans trop de mal. Le mandat de l'assemblée nationale étant parvenu à son terme, des élections ont lieu le 20 février 1876 : elles désignent une majorité de gauche. Jouant le jeu parlementaire, le maréchal confie le gouvernement successivement à Armand Dufaure et à Jules Simon. Ayant congédié ce dernier, avec lequel il ne s'entend pas, Mac Mahon, le 16 mai 1877, charge le duc de Broglie de former un cabinet conservateur et, le 25 juin, dissout la chambre des députés. Les élections du 14 octobre 1877 donnent de nouveau une majorité de gauche. Après le bref intermède du ministère Rochebouët composé d'hommes choisis en dehors du parlement, le maréchal s'incline définitivement devant la nouvelle orientation de l'opinion, et, le 13 décembre, rappelle Dufaure aux affaires. Mais, supportant mal la cohabitation qui lui est imposée, le 30 janvier 1879, il donne sa démission des fonctions de président de la république. Désormais, il n'apparaîtra plus en public qu'à l'occasion de rares manifestations militaires. Il partage son temps entre l'hôtel qu'il possède rue de Bellechasse, à Paris, et le château de La Forest, à Montcresson, dans le Loiret. Il rédige ses mémoires, qui forment cinq volumes manuscrits, dont seule une partie a été publiée, sous le titre Mémoires. Souvenirs d'Algérie (Paris 1932, 338 p.). Il meurt à Montcresson le 17 octobre 1893, âgé de quatre-vingt cinq ans, après une courte maladie. Ses restes reposent aux Invalides.
Patrice de Mac Mahon avait épousé à Paris Xe ancien, le 13 mars 1854, Élisabeth de la Croix de Castries (Paris 12 février 1834 – Paris VIIIe 20 février 1900), fille d'Armand, propriétaire, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi (1829), d'une famille anoblie en 1487 par la charge de président de la cour des aides de Montpellier, admise à six reprises aux honneurs de la Cour, et de Marie-Augusta d'Harcourt-Olonde. Le père de la maréchale de Mac Mahon était le petit-fils de Charles-Eugène-Gabriel marquis de Castries (1727-1801), ministre secrétaire d'État à la marine, maréchal de France. La maréchale, longtemps présidente du comité central de la Croix-rouge française, exerça une grande influence sur son mari. De cette union est issue une importante postérité, toujours représentée, aussi bien en lignée masculine que féminine.
Joseph VALYNSEELE
B. : F. PISANI-FERRY, le Coup d'État manqué du 16 mai 1877, 1965.
– J. SILVESTRE DE SACY, Le Maréchal de Mac Mahon, duc de Magenta, 1808-1893, 1960.
– J. VALYNSEELE, Les Maréchaux de Napoléon III, leur famille et leur descendance, 1980.
Cette notice est tirée, avec l'aimable autorisation des éditions Fayard, du Dictionnaire du Second Empire.