MACDONALD, Etienne-Jacques-Joseph-Alexandre (1765-1840). Duc de Tarente, maréchal

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Né à Sedan le 17 novembre 1765 d’une famille originaire d’Ecosse réfugiée en France sous Louis XIV, lieutenant en 1784 dans le régiment irlandais de Dillon, il sert en Hollande sous le général Maillebois. En 1792, il est versé à l’état-major du général Beurnonville puis devient aide-de camp de Dumouriez et gagne le grade de lieutenant-colonel sur le champ de bataille de Jemmapes (7 novembre 1792) avant d’être nommé colonel du 2e d’infanterie. Promu général en 1793 grâce à sa brillante conduite en face des Autrichiens, il continue à se distinguer en 1794 à l’Armée du Nord. C’est lui qui commande l’avant-garde de Pichegru lorsque celui-ci prend la flotte hollandaise en envoyant sa cavalerie sur les eaux glacées : il y gagne des étoiles de général de division.

Après avoir servi aux armées du Rhin et d’Italie, il est nommé, le 11 juillet 1798, commandant des troupes françaises à Rome. Attaqué par le général autrichien Mack à la tête de 80 000 hommes, il doit quitter la ville  avec sa petite armée de 6000 combattants. Malgré cette disposition de forces, il bat les Napolitains à Porto-Ferro puis à Civita-Castellana (15 décembre 1798) et peut rentrer dans Rome le 14 décembre. Nommé, le 13 février 1799, à la tête de l’armée de Naples en remplacement de Championnet, il reçoit du Directoire l’ordre d’abandonner le royaume de Naples. Il se replie, rassemblant autour de lui toutes les troupes qu’il trouve sur son passage et marche sur les derrières de l’armée de Souvarov alors que celui-ci le croit bloqué. Malheureusement, mis en confiance par le succès de cette marche, il attaque l’ennemi sans attendre d’avoir pu se joindre à l’armée de Moreau et se fait battre à la Trébie (17-19 juin 1799). Il doit quitter l’Italie et rentre en France où il est chargé du commandement de Versailles : c’est ainsi qu’il se trouve en état de seconder Bonaparte dans son coup d’Etat du 18 Brumaire. Au début de 1800, il est envoyé à l’armée du Rhin, sous Moreau, puis le 24 août, quitte cette position pour prendre le commandement de l’armée de réserve qui avait pris le nom d’armée des Grisons après le départ  de Bonaparte.

En mars 1801, il est nommé ministre plénipotentiaire au Danemark puis revient en France en 1803. Malheureusement pour lui, Moreau et Pichegru, sous lesquels il a servi, sont accusés de complot. Comme, de plus, il n’a jamais fait la guerre sous les ordres de Bonaparte, il reçoit le contrecoup de leur condamnation et se retrouve en disgrâce. Rappelé à l’activité par l’Empereur au moment de la campagne de 1809 en Autriche, Macdonald prend le commandement de l’aile droite de l’armée d’Italie du prince Eugène, chargée de rejoindre la Grande Armée en Allemagne. Le 8 mai, il prend une grande part à la victoire de la Piave, puis s’empare de Laybach (22 mai) où il fait prisonnier le général Mervelt et 4000 Autrichiens. Le 6 juillet, à Wagram, il fait sa jonction avec la Grande Armée. C’est lui qui est chargé, au moment décisif d’enfoncer le centre ennemi. Il forme son armée en une colonne compacte qui entre comme un coin dans la ligne autrichienne (cette formation gardera le nom de « colonne Macdonald »). Fait unique, il est fait maréchal sur le champ de bataille par Napoléon.

L’année suivante, il est mis à la tête de l’armée  de Catalogne et bat les Espagnols à Cervera, Larisbal et Val. En 1812, pour la campagne de Russie, il commande10e corps de la Grande Armée composée de deux divisions prussiennes et d’une française qui restera au niveau de Riga. A la fin de l’année, lâché par les Prussiens du général Yorck après la convention de Taurogen, son corps étant réduit à 4000 hommes, il doit retraiter sur Königsberg. En 1813, à la reprise des hostilités, il est nommé commandant du 11e corps. Le 29 avril il prend sa revanche sur Yorck en le battant à Mersebourg et, le 2 mai, prend part à la victoire de Lützen et fait encore preuve de sa valeur à Bautzen (20-21 mai) où il commande la droite de l’armée française. Mais comme Ney, comme Vandamme, comme Oudinott il est battu lorsqu’il doit affronter l’ennemi sans le soutien de Napoléon (la Katzbach, 26 août 1813). Cela ne l’empêche pas de continuer la campagne en se signalant à Wachau (16 octobre) et à Leipzig (18 octobre). Chargé du commandement  de l’arrière-garde française, il doit passer l’Elster à la nage mais, plus heureux que le maréchal Poniatowski, parvient sain et sauf sur l’autre rive et peut occuper sa place à la bataille de Hanau (30 octobre 1813).

Pendant la campagne de France  où il commande la gauche de l’armée, il doit soutenir les efforts de l’armée de Silésie de Blücher et, malgré son infériorité numérique, s’acquitte honorablement de cette tâche difficile. Le 4 avril 1814, venant de Saint-Dizier, il arrive à Fontainebleau avec son corps d’armée et retrouve Napoléon qui le charge, avec Ney et Caulaincourt, de négocier avec les souverains alliés, négociations rendues inutiles par la capitulation du corps de Marmont à Paris. Après l’abdication de Napoléon il se rallie aux Bourbons. Au retour de Napoléon, il accompagne Louis XVIII à la frontière et revient à Paris où il s’engage comme simple grenadier dans la Garde nationale. A la Seconde Restauration, il reçoit le commandement de l’armée de la Loire formée des débris de l’armée de Waterloo.
Nommé grand-Chancelier de la Légion d’honneur le 2 juillet 1815, il devient l’un des quatre majors généraux de la Garde royale et, le 5 octobre, ministre d’Etat, membre du conseil privé du roi et gouverneur de la 21e région militaire. Il reste toutefois fidèle à ses anciens compagnons d’armes et le montre en déposant en faveur du général Drouot lors de son procès. Il mourra le 7 septembre 1840. Lorsqu’en 1809 il a été l’un des trois généraux promus maréchaux, il fut dit : « l’armée a choisi Oudinot, l’amitié a choisi Marmont et la France a choisi Macdonald. » Il est resté fidèle à cet honneur.

Jacques Garnier

(Cette biographie est tirée du Dictionnaire Napoléon, sous la dir. de J. Tulard, 1989, avec l’aimable autorisation des éditions Fayard)

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